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Sébastien Rousset : Mettre chacun au-devant de ses responsabilités

29 juillet 2013, 06:59

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Sébastien Rousset : Mettre chacun au-devant de ses responsabilités

Sébastien Rousset du Collectif citoyen Maurice environnement n’est pas du tout mécontent que la campagne «Guerizon Komans par twa» ait suscité autant de controverse car il y a péril en la demeure de notre écosystème. Pour lui, il est vital que chacun soit placé au-devant de ses responsabilités.

 

«Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort.» Cette devise du philosopheNietzsche, qui accompagne Sébastien Rousset depuis plusieurs années,est plus que jamais d’actualité dansson quotidien de membre du Collectif citoyen Maurice environnement.«Nous cherchions à créer un buzz et nous avons secoué le cocotier. Je ne regrette pas une seule seconde cette campagne»,soutient le Managing Director de la régie publicitaire Flower Ad Ltd.

 

Il faut dire que cet homme de 43 ans a un parcours atypique. Troisième des cinq enfants d’un comptable au Syndicat des sucres qui termine sa carrière à la Mauritius Commercial Bank et d’une maman femme au foyer, Sébastien Rousset opte pour un baccalauréat actions commerciales. Son bac obtenu, il embraye avec un Brevet de technicien supérieur commercial à l’île de La Réunion. Puis c’est le grand départ pour la France, plus particulièrement à l’université d’Aix-en-Provence où il étudie en vue d’obtenir une maîtrise et un diplôme d’études supérieures spécialisées en administration. Non satisfait, il complète sa formation à l’université Paris Sorbonne par un certificat d’aptitudes à l’administration des entreprises. Bien qu’il ait des connaissances générales des rouages d’une entreprise, il ne sait pas quelle carrière embrasser. «Je ne faisais que mettre un pied devant l’autre.»

 

Après un stage dans un cabinet d’experts-comptables, il trouve un emploi chez SVS, devenue New Partner, société qui gère la circulation des flux d’informations au sein de grosses entreprises. Affecté à un important projet à France Telecom où il reste huit mois, il plie bagage pour aller vivre six mois à New York aux États-Unis où il travaille comme serveur dans un restaurant. C’est pour lui la plus belle expérience professionnelle, avoue-t-il.

 

«De mes trois expériences de travail, la plus belle a été celle de serveur car c’est là que j’ai eu le contact humain, que j’ai appris à adapter mon comportement à la table si je voulais avoir un bon pourboire et je n’avais que 30 secondes pour évaluer les clients. Ce métier rend humble car il faut être à l’écoute, tout en étant effacé.»Il adore ce séjour à New York où ilfréquente des boîtes de jazz et côtoiedes personnes d’horizons divers,même s’il partage une maison avecquatre Mauriciens. C’est aussi dansla Big Apple qu’il retrouve EdwidgeGufflet qu’il a rencontrée à Aix-en-Provence et qui est aussi membre duCollectif citoyen Maurice environnement.

 

Sébastien Rousset n’a aucune envie de rentrer à Maurice. «Vous savez, quand on a le monde à visiter et que l’on est naturellement curieux… Et puis, rentrer voulait dire arrêter de vagabonder, quitter la post-adolescence et la vie d’étudiant et devenir sérieux.»Il finit par rentrer et découvre que Maurice a évolué.

 

 

«J’ai remarqué que les mentalités avaient changé, certains ont renforcé leurs barrières et d’autres se sont ouverts.» Il avoue avoir ressenti presque un choc culturel. «J’ai réalisé qu’il n’était pas possible de partager toute l’ouverture d’esprit que j’avais vécue. C’était comme faire un grand écart entre le Sébastien d’autrefois et celui qui avait passé neuf ans à l’étranger.»Il a du mal à retrouverson équilibre. «Ce qui m’a sauvé, c’est le hatha yoga. Je prenais des cours une fois la semaine mais je pratiquais tous les jours les postures et la méditation et cela m’a permis de me poser et de gérer mon stress et mes émotions par le biais de la respiration. C’est aussi ce qui m’a fait changer mon regard sur les choses et au lieu de ne voir que le négatif, je voyais les aspects positifs.»

 

Il se dit que s’il ne trouve pas la paix intérieure au bout de deux ans, il reprendra son baluchon pour aller découvrir l’Inde, terre de spiritualité. C’est sa rencontre avec Géraldine Rouillon et leur coup de foudre qui le maintient à Maurice. Le fait que sa future femme soit une métisse pose parfois problème. «Je dois dire que95 % de ma famille a accepté ma femme à bras ouverts. Tant pis pour le reste. Ce qui gêne aussi, c’est le regard des autres où il y a une pression silencieuse et tacite. On est alors obligé de se positionner : soit on se cache, soit on assume. J’ai assumé.C’est une expérience qui m’a fortifié. Je me suis dit que si je suis droit dansmes bottes et que mon coeur me dit que ce que je fais est juste et bon,pourquoi avoir honte ? Tout ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort,disait Nietzsche et c’est vrai.» Il est aujourd’hui père de quatre enfants âgés entre 12 et 7 ans.

 

Professionnellement, après plusieurs années en tant que Marketing manager et Managerde la société de panneaux publicitaires Visuel qui appartenait à Publico Ltée avant d’être revendue à Clear Channel, il travaille pendant un temps pour ce nouvel employeur jusqu’en 2007.

 

 

Des divergences de vue l’amènent à s’en aller et c’est là qu’avec des partenaires, il fonde la régie publicitaire Flower Ad Ltd qui possède 200 panneaux à travers l’île mais pas des géants car dès le départ, lui et ses partenaires refusent de polluer l’environnement. Depuis, il se bat au sein de l’Outdoors Advertising Associationpour qu’il y ait des règlements dans ce secteur. «C’est infernal, il y a plus de2 000 panneaux à Maurice, soit plusd’offres que de demandes. De plus, nous sommes le secteur le plus taxé car que nos panneaux soient remplis ou pas, nous devons nous acquitter de la Billboard Tax qui varie de Rs 30 000 à Rs 70000. Pour une petite compagnie commela nôtre qui brasse un chiffre d’affaires deRs 30 millions, payer Rs 8 millions de Billboard Tax, même quand on ne vend pas et en période de crise économique comme maintenant, c’est cher payer et vivre avecune épée de Damoclès sur la tête

 

 

Sébastien Rousset a toujours été conscient de l’interaction entre les êtres et leur environnement et de l’importance d’une harmonie entre les deux. Après une visite de l’exposition sur la biodiversité de la Cité des Sciences de Paris à l’Aventure du sucre qui comporte un volet sur Maurice, il est plus que jamais conscient des dégâts que les Mauriciens causent à leur environnement au quotidien et de la nécessité de les sensibiliser. Il en parle à son amie Edwidge Gufflet, manager à l’Aventure du sucre, qui partage cet avis et ils décident de mener une campagne proactive sur le sujet. Aisha Allee-Mosaheb, directrice de l’agence de communication Blast, les rejoint et ils contactent l’agence de publicité Facto We en septembre dernier. Depuis, les sessions de brainstorming se multiplient avec l’agence de pub mais aussi l’imprimeur, la boîte de productions et les parrains éventuels.

 

 

Cyril Mayer, patron du groupe Terra, est si emballé par l’idée qu’il décide d’être l’unique parrain, en sus des médias bien entendu. Le trio accepte à condition que le groupe n’interfère pas dans la conception de la campagne, ni avec les messages. Une semaine avant le démarrage de la campagne, la direction de Terra la visionne et lui accorde à son imprimatur. La campagne démarre le 9 juillet avec des publicités de presse et radiophoniques. La contestation vient une semaine après avec le refus de la Mauritius Broadcasting Corporation(MBC) de diffuser les spots télévisés. «Un membre du Collectif a reçu un appel d’une source autorisée lui disant que la campagne avait fait des mécontents au plus haut niveau. Il est clair qu’entre la diffusion de la pub radio et le refus dela MBC, quelque chose s’est produit au niveau de l’État.»

 

Sébastien Rousset déclare avoir voulu susciter la réaction publique mais il ne s’attendait pas à une telle controverse. «Cela étant, j’étais derrièrela campagne de pub autour du chienZoon qui avait créé un buzz il y aquelques années et le Collectif voulaitd’un buzz similaire. Je crois que nous avons réussi à secouer le cocotier et c’est tant mieux car nous sommes assis sur une branche que nous scions. La maison brûle. La situation est grave et il fallait mettre chacun devant ses responsabilités.Pour que personne ne puisse dire kili pa ti kone.»

 

La polémique, dit-il, est derrière lui. «Les Mauriciens ne sont passtupides. Ils ont compris de quoi ils’agissait. La semaine dernière, lesgens ont focalisé sur la controverse maisaujourd’hui, elle est retombée.»

 

Il précise que la campagne se poursuit avec l’intervention de 30 spécialistes de l’environnement. «Je vous l’ai dit : ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort. Le Collectif tient bon à 100 %. Nous sommes collés avec de la glu forte. Quant à notre message, nous connaîtrons son impact car nous avons commandité un sondage pour savoir ce que les Mauriciens ont retenu de la campagne.» Résultat dans trois semaines…

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