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Seychelles : le bon élève de la lutte anti-piraterie a du mal à faire face
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Seychelles : le bon élève de la lutte anti-piraterie a du mal à faire face

De modestes prisons déjà surpeuplées, des garde-côtes largement démunis : les Seychelles ont beau être le bon élève de la lutte anti-piraterie, l’archipel de l’Océan indien est clairement dépassé par l’ampleur du phénomène.
Les Seychelles ont accepté depuis 2010 de juger et de détenir les pirates somaliens. Il est le seul dans la région à le faire, avec le Kenya, qui ne juge cependant plus qu’au compte-goutte les suspects arrêtés.
Mettre tout le monde à contribution
Mais les autorités des Seychelles réclament davantage d’aide internationale, face à un phénomène qui ne cesse d’enfler depuis la fin des années 2000. En premier lieu, la surveillance des eaux territoriales et au-delà est très aléatoire. "Les garde-côtes des Seychelles ne peuvent à eux seuls rendre les eaux sûres, nous avons besoin de forces conjointes. Si nous parvenons à mettre tout le monde à contribution, je pense que notre combat contre la piraterie sera plus facile", déclare à l’AFP le chef des garde-côtes seychellois, George Adeline.
Lors d’une visite du ministre chinois de la Défense, Liang Guanglie, en décembre dernier à Victoria, les autorités seychelloises avaient "invité le gouvernement chinois à installer une présence militaire à Mahé (principale île de l’archipel), de façon à lutter contre les attaques de pirates".
Des drones américains
Des drones américains partent déjà des Seychelles pour repérer les embarcations des pirates, qui ces dernières années s’aventurent de plus en plus près de l’archipel, pourtant distant de plus de 1 500 km de la Somalie. Ensuite, les Seychelles sont loin de disposer d’une capacité pénitentiaire suffisante. Les 82 pirates somaliens aujourd’hui incarcérés à la petite prison de Mahé représentent à eux seuls 20% des détenus de l’établissement. Agés pour la plupart d’une vingtaine d’années, tous nient d’ailleurs fermement être des pirates.
"Moi pirate ? Non, non, pêcheur, je pêche le thon", affirme un de leurs aînés, Ali, la cinquantaine, condamné à six ans de détention pour piraterie et qui désormais partage ses journées entre sa cellule, des travaux de force et le potager de la prison. La prison a été ouverte il y a quatre ans, face à l’accroissement du nombre de détenus, explique Marie Dathna, une gardienne, pendant que, sous le soleil écrasant, des pirates détenus tirent des blocs de bétons destinés à la construction d’un nouveau mur d’enceinte ( Photo).
Le détenu le plus célèbre de la prison est surnommé "Six Toe Joe" ("Joe aux six orteils") en raison de cette rarissime particularité physiologique. Il a été capturé par la Royal Navy en janvier, avec 13 de ses camarades, en possession de lance-grenades. "Les Seychelles sont un Etat si petit et il fait déjà plus qu’il ne peut dans le combat contre la piraterie", estime l’ambassadeur britannique dans ce pays, Matthew Forbes. Le Royaume-Uni a détaché des gardiens de prison aux Seychelles pour assurer des formations, et des juristes pour suivre des procédures.
Centre régional de coordination
Environ sept pirates sur dix appréhendés dans l’ensemble de l’Océan indien sont aujourd’hui libérés faute de preuves suffisantes, et de pays prêts à les juger et à les incarcérer, selon l’ONU. L’ONU a justement financé à cette fin l’an dernier la rénovation d’une prison au Somaliland (une entité indépendante du reste de la Somalie, et jouissant d’une relative stabilité).
"Les Seychelles portent pour l’heure seuls le poids d’incarcérer un grand nombre de pirates, mais le premier groupe de Somaliens condamnés va être transféré vers la Somalie d’ici fin mars, vers des installations surveillées par du personnel onusien", assure M. Forbes. Interpol, Londres et la Haye financent enfin la création, aux Seychelles, d’un Centre régional de coordination du renseignement anti-piraterie. Une fois inauguré d’ici la fin de l’année, il sera chargé d’accumuler les preuves contre les réseaux de financement occultes.
"Ceux qui sont en prison ne reçoivent que des miettes, comparés à ceux qui dans les grandes villes, profitent de l’argent des rançons. Nous devons en découvrir plus sur qui finance la piraterie, pour décapiter l’organisation", espère Srdjana Janosevic, porte-parole de la présidence seychelloise.
Sources : Le Journal de l’île de la Réunion & AFP
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