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Shameem Fatehmamode: «L’Etat doit éduquer les enfants à une alimentation saine»

13 janvier 2010, 07:34

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La nutritionniste Shameem Fatehmamode a participé à la rédaction de la nouvelle liste de produits alimentaires à vendre dans les cantines scolaires.

Un travail effectué en collaboration avec l’association des cantiniers de Maurice. La diététicienne revient sur la liste promulguée par le gouvernement et révèle ce qui l’a inspiré à rédiger cette nouvelle liste. Elle insiste sur le fait que toutes les parties concernées doivent collaborer pour éduquer les enfants à une alimentation saine.

Que pensez-vous de la liste imposée par le gouvernement?

La liste imposée par le gouvernement est incomplète. Ce n’est pas une mauvaise liste puisqu’elle incite les élèves à boire de l’eau. Je me réjouis de voir l’interdiction de boissons gazeuses. La question de jus également a été bien abordée. Il y a des produits qui ont une forte teneur de sucre et d’autres non. Comment faire pour ne pas favoriser l’un au détriment de l’autre? Le plus simple, c’est d’enlever carrément le produit de la liste pour ne pas avoir à choisir. C’est une bonne stratégie. J’apprécie surtout le fait qu’on incite les enfants à consommer plus d’eau. L’eau, c’est la vie et je ne suis pas si sure que tous les enfants en ont conscience.

Pourquoi cette liste est-elle incomplète?

Le plus grand problème de cette liste imposée par le gouvernement, c’est que tout est mélangé. Les aliments ne sont pas bons à prendre à toute heure de la journée. Le matin, par exemple, certains enfants arrivent à l’école sans avoir pris un bon petit déjeuner. Ce n’est certainement pas l’heure d’un roti ou d’un dholl puri. Il y a des heures spécifiques dans la journée où l’on devrait vendre certains produits aux enfants. Des produits laitiers, comme du yaourt ou du fromage, auraient pu être disponibles aux enfants jusqu’à 11h. Et là, je déplore le fait qu’il n’y a pas de produits laitiers. L’enfant a besoin d’un taux de calcium dans le corps. Mais la plupart des familles à Maurice n’ont pas les moyens de s’en procurer. Ce serait bien que le gouvernement subventionne les produits laitiers pour qu’ils soient abordables au plus grand nombre.

La présence des rotis ou des dholl puri sur cette liste est-elle judicieuse?

A propos des dholl puris ou les rotis, je ne suis pas tout à fait d’accord lorsque les diététiciens prétendent que ce sont des aliments complets. Ce sont certes des aliments consistants mais ce sont des produits qui rendent obèses si on en abuse. La plupart de mes patients obèses le sont parce qu’ils consomment à outrance les dholl puris ou les rotis. Croyez-vous qu’on pourra contrôler la quantité de rotis ou de dholl puris qu’achète un enfant devant la cantine d’une école dans une journée? Ce n’est pas possible. Contrairement à ce que disent certains diététiciens, ces produits ne sont pas équilibrés. Ils ne contiennent pas toutes les protéines essentielles. Il faut savoir que les grains secs se conservent très mal avec la chaleur et le changement de température dans une journée. Un «curri» peut facilement tourner en temps de grosse chaleur comme en ce moment. Et c’est la façon de cuire ces grains secs qui est importante. Donc, ce n’est pas très sain pour les enfants tout cela.

Que suggérez-vous pour éduquer les enfants à une alimentation saine?

C’est au gouvernement d’éduquer les enfants à une alimentation saine. Je propose des packs tout préparés pour le déjeuner à midi. Je propose également des plats adaptés pour le matin, des plats pour l’encart à 10h, pour le déjeuner de midi et au goûter l’après midi. Il faut savoir quoi vendre dans la journée aux enfants. L’éducation passe également par là. Par exemple, nous savons que nous n’avons pas de culture de petit déjeuner le matin, les cantines peuvent proposer des petits pains fourrés ou des petits paquets de céréales. Il faut qu’il y ait des menus spécifiques aux heures spécifiques de la journée.

Et le rôle des parents et des cantiniers dans tout cela?

Pour moi, l’enfant c’est l’adulte de demain sa santé est sacrée pour l’avenir du pays. Son éducation est également importante. Il faut éduquer l’enfant à une alimentation équilibrée. Les parents ont un très grand rôle à jouer dans l’éducation des enfants, c’est sûr. Mais il faut savoir que les enfants passent plus de la moitié de leur temps à l’école. Je dirais donc que l’éducation, c’est à la maison et à l’école également. Le rôle des cantiniers est important.

Que faut-il faire concrètement pour l’éducation des enfants à une alimentation saine?

Pour aider les parents à éduquer leurs enfants à une alimentation saine, il faudra l’aide du gouvernement. A mon avis, nous avons tout intérêt à collaborer. Le gouvernement devrait subventionner certains produits de base pour que ces produits soient abordables, disponibles au plus grand nombre de petits Mauriciens. Et ces aliments se vendraient dans des moments spécifiques de la journée par les cantiniers.

Qu’en est-il de la nouvelle liste proposée au gouvernement?

La nouvelle liste va dans ce sens même si je n’ai pas proposé les menus adaptés aux heures de la journée. Cela viendra car je ferai un rapport que je remettrai au gouvernement par l’entremise des cantiniers. C’est sûr qu’il n’est pas bon de proposer une liste de produits et de ne pas dire à quelle heure de la journée consommer ces produits. C’est cela faire l’éducation alimentaire des enfants Mauriciens.

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