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Siegfried Samuel: «Faciliter l’entrée des ONG en prison pour qu’elles puissent faire leur travail»

2 décembre 2009, 07:46

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Le travailleur social déplore l’opacité qui règne dans l’univers carcéral.

Rattaché à Kinouété, organisation non-gouvernementale (ONG), Siegfried Samuel expose les problèmes auxquels font face les travailleurs sociaux qui s’occupent de la réinsertion des ex-détenus, à l’intérieur et à l’extérieur des prisons.

Pouvez-vous expliquer brièvement votre travail auprès des ex-détenus?

Nous commençons un suivi avec le prisonnier six mois avant sa sortie. Puis, quand il est libéré et si personne ne compte l’accueillir à la sortie de prison, nous sommes là pour l’accompagner. Nous faisons toutes les démarches nécessaires. Si par exemple, il ne sait pas où aller, nous lui trouvons un toit.

Et pourquoi dites-vous que votre travail est devenu très difficile ces derniers temps?

Il y a deux aspects.

D’une part, à sa sortie de prison, il n’y a que certains jobs les plus faciles à trouver qui s’offrent à l’ex-détenu. Notamment, gardien de sécurité ou le ‘cleaning’. Même pour ces postes, la première chose que demandera un employeur, c’est le certificat de moralité. Il faut savoir que si l’ex-prisonnier était un trafiquant de drogue, son compte a été gelé. Et de nos jours, la majorité des entreprises ne payent pas cash. Le salaire des employés est versé sur leurs comptes en banque.

De ce fait, automatiquement l’ex-détenu, qui était trafiquant de drogue, devra expliquer à son employeur qu’il a fait de la prison et pourquoi. Ses chances de trouver un emploi sont minimes. Retrouver un emploi est une des étapes les plus importantes de la réinsertion sociale.

D’autre part, le Commissaire de Police ne facilite pas notre entrée dans l’enceinte des prisons. Pourtant, nous avons maintes fois souligné qu’il est primordial pour nous de faire un suivi auprès des prisonniers qui seront bientôt libérés, pour les besoins de leur réinsertion par la suite dans la société. Ainsi, à sa sortie, Kinouété pourra se porter garant pour l’ex-détenu, le recommander, par exemple, auprès d’un potentiel employeur, quand il cherchera du travail. Pour pouvoir certifier que c’est une personne qui se repent, qui a changé, il faut un travail psychologique en amont.

Cela fait longtemps que nous avons demandé au Commissaire de laisser entrer notre psychologue bénévole, Nicolas Soopramanien.

L’accompagnement psychologique est essentiel dans notre programme de réinsertion. Mais jusqu’à présent, on lui refuse l’entrée à la prison. On dirait qu’on dérange le Commissaire. Ce problème d’accès à la prison est, aujourd’hui, devenu infernal.

D’ailleurs, pas plus tard que la semaine dernière, Kinouété a organisé une demi-journée de réflexion avec des employeurs pour les sensibiliser par rapport aux ex-détenus qui cherchent de l’emploi. Nous y avions également invité le Commissaire et les ‘welfare officers’ de chaque prison, et nous avons été très déçus qu’aucun d’entre eux n’ait répondu présent.Comment pensez-vous qu’on puisse réhabiliter les ex-détenus dans ce genre de conditions?

Selon vous, quelle serait la solution?

Ce n’est pas la première fois que je le dirai. Je pense que tous les acteurs impliqués: le Commissaire de Police, les officiers de la prison, le ministère concerné, les ONG engagées dans la lutte contre la toxicomanie et les combats reliés tels que le VIH/sida (30 de la centaine de prisonniers que nous suivons sont séropositifs), doivent se réunir autour d’une table pour discuter et trouver des solutions à ces problèmes. Il est urgent que cette réunion ait lieu!

 

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