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Steve Obeegadoo : « Nous ne voulons pas l’abolition du CPE, nous voulons le moderniser par une réforme profonde.»

19 janvier 2010, 07:09

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Steve Obeegadoo, porte-parole de la commission de l’éducation du Mouvement militant mauricien(MMM)  fait le point sur des questions d’actualité  dans le secteur éducatif. 


En quoi la réforme de l’éducation du ministre Vasant Bunwaree rejoint-elle  le projet de la commission de l’éducation du MMM ?

Tout d’ab ord ce n’est pas une réforme. Il existe un document du gouvernement qui fait provision de projets pour l’éducation sur la période 2008-2020. Ce document annonce certains objectifs du gouvernement de l’Alliance Sociale mais sans donner de détails dans l’application de ces projets. Le gouvernement a annoncé l’application de quelques éléments de ce document dès cette année. Il viendrait de l’avant, entre autres, avec quelques projets-pilote concernant certains sujets au niveau du secondaire. Il y aurait également l’intention de changer l’objectif des examens du Certifficate of Primary Education (CPE), d’un outil d’admission au secondaire en un outil d’évaluation de compétences acquises. Ce sont des projets qui existent bien avant l’Alliance Sociale. Ce n’est donc qu’une déclaration de bonne intention, et j’émets quelques réserves quant au temps que le gouvernement mettrait à les réaliser. C’est une stratégie d’annonces qui donne l’impression qu’une réforme est en cours.


Peut-on parler de consensus sur l’éducation en ce moment à Maurice, puisque tous les partis politiques semblent aller dans la même direction ?

Je ne parlerai pas de consensus. Vous savez, il y a à travers le monde une vision partagée que le monde évolue en permanence. L’éducation est là pour servir la société et l’économie. De ce fait, l’éducation doit évoluer. L’importance de la langue anglaise de nos jours et l’utilisation de l’outil informatique sont deux exemples de cette évolution qui est incontestable. Maurice n’échappe pas à cette règle. Les besoins économiques des Mauriciens sont en perpétuelle évolution. Nous ne pouvons pas faire l’autruche, il nous faut une éducation adaptée à ces besoins qui changent en permanence. Le gouvernement a perdu trois ans en voulant défaire tout ce qui a été fait jusqu’en 2005. Voilà trois années de perdues. Ce n’est que l’année dernière que l’éducation a repris la bonne direction avec l’arrivée de Bunwaree. L’évolution de l’éducation est inévitable au-delà des clivages politiques, religieux, ethniques ou sectaires. Il n’y a pas de combine et rien de politique quand je dis cela. Vous savez les projets que proposent l’Alliance Sociale date du temps du ministre Parsuraman, dans les années 80.

A votre avis l’introduction de la langue créole comme médium d’enseignement aurait-elle dû figurer parmi les objectifs de cette année ?

Il faut savoir qu’au primaire, un tiers des enfants échouent aux examens du CPE. Et environ 3 000 élèves se retrouvent, à l’âge de 12 ans sans certificat d’études primaires. On ne pourra pas les empêcher de penser que c’est un échec lourd de conséquences pour eux. Ils se verront sans emploi demain, car tout emploi de nos jours demande au minimum le CPE. Un enfant sans CPE veut également dire que cet enfant n’a pas pu acquérir les compétences élémentaires pour savoir lire ou écrire.

Pour y remédier, la langue maternelle, le créole, devrait être utilisée comme médium d’enseignement en faveur de ces élèves qui ont des difficultés avec les langues étrangères. Le monde entier est unanime à le dire : l’Unicef et d’autres organisations humanitaires condamnent de telles situations. Tôt ou tard un gouvernement devra céder pour adopter cette mesure au nom des enfants. Comme je vous le disais, il existe un consensus qui est dicté par l’évolution des choses au-delà des clivages, des lobbys, des communautés, et des ethnies.

Peut-on parler de rapprochement politique entre le MMM et le Parti Travailliste par le biais du dossier Education ?

Non. Quand le ministre Bunwaree a pris le portefeuille de l’éducation, il s’est exprimé comme une personne ayant des sentiments humains. Il a immédiatement constaté que le système éducatif à Maurice broyait nos enfants, il a même utilisé le mot «crime» qui, à mon avis, n’est pas exagéré. Lorsqu’il réalise et prend des mesures courageuses dans l’intérêt de l’enfant Mauricien, le MMM ne peut qu’applaudir par patriotisme. Nous applaudissons l’abolition des leçons particulières en standard IV tout en émettant quelques réserves, nous applaudissons l’interdiction de la vente des boissons gazeuses dans les établissements scolaires, tout en disant qu’il faut mieux communiquer. Par patriotisme, le MMM se doit d’être d’accord avec certaines mesures ou décisions prises. Il y a toutefois pas mal de lacunes à dénoncer. Par exemple, le problème touchant les établissements du secondaire qui ferment leurs portes, ou encore le transfert des recteurs des collèges d’Etat…ou encore l’opacité des procédures d’admission dans les Stars Schools. Nous dénonçons également le manque de planification dans la réalisation de certaines mesures que le gouvernement essaye de mettre en place.

Vous êtes quand même d’accord avec l’abolition du CPE tel que nous le connaissons aujourd’hui ?

 Nous ne voulons pas l’abolition du CPE, nous voulons le moderniser à travers une réforme profonde.

A quand le programme électoral sur l’éducation du MMM ?

Nous développerons un projet gouvernemental d’ici le lancement de la campagne électorale. Nous ne voulons pas hâter les choses. Avant de venir de l’avant avec un programme, le MMM entend écouter l’électorat. Comme je l’ai dit précédemment, à une conférence de presse, il n’est pas question de faire preuve d’arrogance intellectuelle. Nous ne prétendons pas détenir toutes les solutions. Mais nous sommes ouverts au dialogue et nous lançons un appel pour un grand brassage des idées. Nous organiserons des débats publics avec des personnalités et ces débats seront arbitrés par le MMM. Nous contacterons les forces vives non pas pour faire le bilan du gouvernement mais pour proposer des projets éducatifs novateurs. C’est ce que nous appelons au MMM le débat participatif. Je lance un appel à tous ceux intéressés à participer à ce débat pour leur demander d’envoyer leurs réflexions à l’adresse électronique suivante  ideas4education@gmail.com.  En temps et lieu,  une commission du MMM fera une synthèse de tout ce qui a été dit et proposé pour établir un programme.

 

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