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Swadicq Nuthay, économiste Axys Group

20 septembre 2012, 12:34

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Dans quel contexte économique pensezvous que le ministre des Finances, Xavier- Luc Duval, sera appelé à présenter son deuxième budget, le 9 novembre prochain ?

Ce sera sans doute dans une conjoncture économique internationale et locale dégradée. La crise, centrée aujourd’hui sur l’Europe, nous affecte particulièrement vu que la zone euro demeure notre principal marché d’exportation. Le tourisme et le textile en ont déjà fait les frais. Le premier souffre actuellement d’une baisse dans les arrivées, ce qui plombe la profi tabilité des groupes hôteliers. Et le second subit les contrecoups de la faiblesse de l’euro, avec un manque à gagner sur les recettes d’exportations.Parallèlement, je note que l’activité immobilière s’essouffle, avec l’achèvement de gros projets IRS, alors que d’autres tardent à sortir de terre. Du coup, le flux d’investissements directs étrangers provenant de cette activité a baissé drastiquement ces dernières années. Dans la foulée, on ne peut passer sous silence les implications financières de l’application du rapport du Pay Research Bureau . Ni des prix des matières premières pour les commodités de base, qui vont creuser davantage le déficit de la balance commerciale.

Face à ce sombre tableau, quelle sera la marge de manoeuvre du ministre des Finances ?

Elle reste certainement étroite, voire très compliquée. Il est évident que la baisse de croissance, estimée à 3,5 % cette année, entraîne forcément une baisse de revenus. Ce qui viendra exercer de fortes pressions sur le déficit budgétaire. Loin d’être un simple exercice de comptabilité, le budget doit avant tout être un exercice économique qui trace les grandes lignes de l’orientation du pays pour les douze mois suivants. Cela, tant au niveau des décisions fiscales qu’économiques. Des mesures qui doivent forcément se répercuter sur les principaux secteurs du pays. Face à une machine économique grippée, le ministre a le devoir de prendre en considération des idées nouvelles, voire novatrices, afin ’insuffler un dynamisme nouveau à l’économie du pays. Aujourd’hui, force est de constater que celui- ci est à la croisée des chemins et la voie qu’il sera appelé à prendre sera loin d’être facile.

Quelles devraient être les priorités budgétaires du ministre ?

L’une d’entre elles demeure la relance de la croissance. Une démarche difficile certes, mais qui doit se faire en parallèle avec la mise en place d’une série de mesures, dont la restructuration des institutions et autres corps parapublics qui souffrent d’une mauvaise gestion. Et il y a urgence. Il faut revisiter ces entreprises publiques pour les rendre plus performantes et « result- oriented » . Cet exercice budgétaire, comme celui des années précédentes, doit s’employer à créer des emplois. Mais nous savons tous qu’une croissance inférieure à 4 % ne peut théoriquement répondre à cet objectif. Il faudra trouver d’autres relais en identifiant des secteurs émergents susceptibles de porter cette croissance à plus de 4 %.

Estimez- vous qu’il faille poursuivre les réformes enclenchées depuis quelques années déjà ?

Oui, il est important afin de poursuivre la modernisation de l’architecture économique.

J’insiste sur le fait que le budget 2013 doit donner un signal fort pour redonner confiance à la population et ramener le « feel good factor » dans le pays. Il faut que le ministre des Finances regarde dans le long terme et n’apporte pas des solutions « piecemeal » . Cela, d’autant plus que la crise est là pour durer quelques années encore…
 
 
 
 
 

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