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Sylvio Tang : « J’ai rendu visite à Jayen Chellum de mon propre chef »
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Sylvio Tang : « J’ai rendu visite à Jayen Chellum de mon propre chef »

La visite du ministre Sylvio Tang à Jayen Chellum était une initiative personnelle. Et non une indication que le gouvernement va revoir sa position. C’est ce qui ressort de cet entretien que le ministre nous a accordé. Les raisons du boycott de l’ACIM par le gouvernement ne sont cependant toujours pas claires…
 
Votre visite à Jayen Chellum aura soulevé bien des interrogations. C’est le Conseil des ministres qui vous a envoyé ?
J’ai rendu visite à Jayen Chellum pour des raisons strictement humanitaires. Il y avait eu certains incidents la veille, dont un individu qui est allé lui offrir des frites de la part d’un politicien et un autre qui lui a jeté des morceaux de poulet. Je suis un député de la circonscription et je ne pouvais pas ne pas venir me rendre compte de ce qui se passait. J’ai pris mes responsabilités en tant qu’être humain.
C’est à ce titre que j’ai demandé à Jayen Chellum d’ouvrir une ligne de communication au lieu de persister dans cette voie.
Vous n’avez donc pas été envoyé par le cabinet ?
Pas du tout.
Et c’est la raison pour laquelle vous avez refusé de prendre l’engagement que le gouvernement allait rétablir les subventions de l’Association pour la protection des consommateurs de Maurice (ACIM) ?
Tout à fait. Je ne suis pas mandaté à prendre des engagements. Je suis venu visiter Jayen Chellum de mon propre chef et je lui ai proposé d’être son porte -parole auprès du gouvernement. Mais, je ne peux en aucun cas me substituer au cabinet.
Vous ne trouvez pas choquant que personne au gouvernement n’ait réagi - sauf pour la malheureuse déclaration de Sheila Bappoo - à la grève de la faim de Jayen Chellum ?
Nous sommes conscients de la situation et nous assumons nos responsabilités. Le problème c’est que le débat est désormais faussé. Je suis bien d’accord que le fait que l’ACIM n’ait pas reçu ses subventions du gouvernement est un problème. Or, il y a une raison à cela et je suis solidaire de la décision du Conseil des ministres.
C’est une décision du Conseil des ministres de mettre un terme aux subventions ?
En principe, c’est une décision collective. Mais le plus important et cela il faut que les gens le comprennent, quand une Organisation non gouvernementale (ONG) reçoit environ Rs 700 000 des fonds publics, la bonne gouvernance demande que ces comptes soient transparents l’ONG ne peut pas gérer cet argent-là comme bon lui semble. A travers les informations que l’ACIM a soumises, nous avons vu que 83 % de ses dépenses allaient à l’administration.
Et il ne faudrait pas administrer une ONG, vous pensez ?
Bien sûr qu’il faut. Toutefois, la plus grande partie de cet argent ne peut pas aller à l’administration. Quel est le but de l’ACIM ? C’est protéger les consommateurs, faire des projets pour conscientiser les consommateurs, etc.
Vous m’excuserez mais une ONG comme son nom l’indique n’est pas un département du gouvernement, sujet au contrôle d’un ministère !
Je ne parle pas de contrôler. Je parle de public management system et c’est important quand il s’agit de l’argent public.
Si ce que vous dites est la vraie raison de l’arrêt des subventions, c’est bizarre qu’elle ne soit communiquée qu’au moment où Jayen Chellum commence sa grève de la faim. Soit un an après ! Alors que Sheila Bappoo soutient que l’ACIM a été punie à cause de l’opération- escargot ! Qui dit vrai ?
D’abord, il existe un fait. Tous les ministères et ONG, qui dépendent de l’argent public, ont des comptes à rendre au bureau de l’audit. Cela n’a rien à voir avec le fait que le gouvernement veuille contrôler l’association. Nous lui disons simplement qu’il y a des principes à respecter.
Et votre façon de dire cela est d’arrêter les subsides pendant un an sans un mot d’explication ?
Ecoutez, ce n’est pas mon ministère qui finance l’ACIM. C’est le ministère de la Sécurité sociale qui s’en occupe. D’où la raison que Sheila Bappoo s’est exprimée sur le dossier.
Après que Jayen Chellum a entamé sa grève de la faim !
Oui. Et en tant que ministre pour la Protection des consommateurs, j’ai tenu à rendre personnellement visite à Monsieur Chellum. Par humanisme, je lui ai demandé d’être flexible, je lui ai proposé d’être son porte-parole auprès du gouvernement. Malheureusement, il a choisi de continuer sa grève de la faim. Comme je l’ai dit, que Monsieur Chellum prenne ses responsabilités et nous au gouvernement, nous prenons aussi les nôtres.
Je comprends votre point mais je vous parle de la manière de faire. Il y a de cela un an, vous coupez les subsides de l’ACIM. Et vous ne l’informez pas de votre décision…
…Comme je vous l’ai dit, ce n’est pas mon ministère qui a pris cette décision.
Je sais mais vous faites partie du gouvernement !
Comme je l’ai dit plus tôt, il ne faut pas fausser le débat. Le vrai débat c’est comment l’argent public est en train d’être dépensé. Si Monsieur Jayen Chellum n’a rien à cacher, qu’il accepte de suivre le public management system.
Mais jamais le gouvernement ne lui a reproché la façon dont l’argent est dépensé ! Si le problème relevait d’une question de procédures non suivies, pourquoi ne pas avoir soulevé la question avec lui avant ?
Je n’entrerai pas dans ce débat car ce n’est pas mon ministère qui s’est occupé de ce dossier.
Oui mais c’est vous qui venez dire que si Jayen Chellum n’a rien à cacher, il ne devrait avoir aucune objection à être transparent dans ses comptes !
Non, ce n’est pas ce que j’ai dit. Ce que je dis, c’est que comme tout bon gestionnaire, Monsieur Chellum doit pouvoir démontrer comment il dépense l’argent public ! Quand on utilise l’argent public, on ne prend pas la majeure partie de cet argent pour soi et on ne donne qu’un petit bout au public.
Là vous êtes en train d’emprunter la même voie que votre collègue la ministre Bappoo qui vient dire que «Monsieur Chellum se paie un salaire de Rs 21 000» !
Je ne vais pas entrer dans ce débat.
Dans ce cas, pourquoi dites-vous qu’il garde la majeure partie de l’argent ?
Ce sont les chiffres de l’ACIM ! 83 % de cet argent va à sa propre administration !
Mais enfin Monsieur le ministre ! Dans votre ministère à vous, quel est le pourcentage de votre budget qui va à l’administration ?!
Mais une ONG ne doit pas que dépendre des fonds publics ! Il faut qu’elle
cherche aussi d’autres sponsors pour survivre, pour promouvoir ses objectifs, etc. !
On est bien d’accord là-dessus. Quand il y a un tel problème, on se rencontre et on discute ! On ne coupe pas unilatéralement les subventions !
Encore une fois, je ne peux pas répondre à cette critique. Il vaudrait mieux poser la question à la ministre Bappoo.
Le seul problème c’est que vous êtes à ce jour le seul membre du gouvernement, ayant visité Jayen Chellum, qui veuille bien parler du problème !
Comme je vous l’ai dit, mon action était humanitaire et comme j’avais eu les derniers chiffres de l’ACIM, je me suis dit qu’il fallait que je parle à Jayen Chellum. Et puis comme c’était le jour du Cavadee, je n’ai pas voulu que certaines personnes exploitent cette situation à des fins communales.
Est-ce que le gouvernement est embarrassé par la situation ?
Non, je crois que chacun assume ses responsabilités. Si Monsieur Chellum persiste dans son action…
…Il a un point, selon vous ?
Comme je vous l’ai dit, que chacun assume ses responsabilités. Je lui ai tendu la main pour être son porte-parole auprès du gouvernement et il a refusé. Donc, ma responsabilité s’arrête là. Valeur du jour, j’ai fait mon devoir de citoyen. Je n’ai rien à gagner ou à perdre mais je ne voulais pas
que l’action de Jayen Chellum dévie et qu’on arrive à une situation malsaine.
C’est dommage que dans ce gouvernement, il n’y ait que vous qui pensiez comme cela et qui agisse comme un ministre devrait agir !
Là n’est pas mon point. Tout ce que je dis c’est que je suis guidé par mon sens de responsabilité…
…Et il n’y a personne d’autre au gouvernement qui soit guidé par son sens de responsabilité ?
Nous sommes tous guidés par notre sens de responsabilité et je crois refléter le pouls du gouvernement. C’est pour cela que je m’élève contre ces accusations de «gouvernma dominer».Je vais vous dire une chose que j’ai dit sur une radio privée et l’émission avait dû être interrompue car Jayen Chellum et moi-même ne nous entendions pas du tout sur le sujet de l’opération-escargot. Si j’étais un parent dont l’enfant allait prendre part aux examens de SCce jour-là, je n’aurai jamais pardonné à Monsieur Chellum,si mon enfant avait manqué ses examens.Vous réalisez les conséquences de ce stress sur l’enfant qui s’est préparé cinq ans durant pour ces examens et que le jour de l’examen, il est bloqué des heures durant dans les embouteillages ?
Nous avons un rapport du Mauritius Examinations Syndicatequi démontre que les enfants ont été affectés par cela. Certains étaient tellement stressés qu’on a dû les transporter à l’hôpital. D’autres ont éventuellement pu prendre part aux examens mais ils étaient sous une pression extrême. Quand Monsieur Chellum dit que la gouvernement veut contrôler son organisation, c’est totalement faux. Il est libre à 100 %. Qu’il critique le gouvernement ou pas. Mais quand on fait un acte antipatriotique, il faut faire face aux conséquences et assumer ses responsabilités !
Mais il y a des lois pour cela ! Le gouvernement ne peut pas décider que Jayen Chellum soit coupable et le punir avant même que la cour ne se prononce !
Je dis que le tort est fait, que Monsieur Chellum doit assumer ses responsabilités.
Mais le gouvernement ne peut pas s’ériger en juge !
Il ne s’agit pas de juger…
… c’est exactement ce que le gouvernement a fait !
Ecoutez, j’ai une seule chose à dire. Vous ne pouvez pas prendre l’argent public et le dépenser comme bon vous semble.
Et c’est à qui de décider de cela ?
On verra. Le débat n’est pas là. Il est clair que Jayen Chellum doit assumer ses responsabilités. Je lui ai tendu la main mais il l’a refusée.
Vous lui avez coupé ses subventions depuis un an sans avoir la décence de lui dire pourquoi et vous voulez qu’il accepte votre main tendue aujourd’hui ? Sans aucune garantie que le Conseil des ministres vous écoutera ?
Comme je vous l’ai dit, ce n’est pas mon débat.
En tant que ministre, vous trouvez que c’est normal que le gouvernement gère l’argent public selon ses lubies ? Celui-là y aura droit parce qu’on l’aime bien et l’autre pas, parce qu’on ne l’aime pas ?
Non, non, non. Vous êtes en train de fausser le débat. Le débat est bien simple - quand on reçoit l’argent public, il faut expliquer où va cet argent. Et nous sommes en train de mettre ce système de transparence en pratique dans tous les ministères.
Nous n’allons pas nous entendre à ce sujet mais c’était prévisible. Le
ministère pour la Protection des consommateurs, travaille-t-il en collaboration avec les ONG ?
Nous avons ce ministère grâce à la vision du Premier ministre. Nous avons pu régler plusieurs problèmes et je crois que nous arrivons petit à petit à gagner la confiance du public.
Mais il y a l’ACIM et l’Institut pour la Protection des Consommateurs (ICP) qui font ce travail de terrain depuis longtemps et qui peuvent aider le ministère. Travaillez-vous avec eux ?
Bien sûr. Mais vous savez combien de fois nous avons tendu la main à l’ACIM et ils ont refusé de participer à nos programmes.
Comment fonctionne le ministère ?
Si un membre du public veut déposer une plainte, vient-il au ministère ? Je dois vous dire que les membres du public sont très satisfaits de nos interventions et nous recevons beaucoup de lettres de remerciements des membres du public. Nous faisons un travail de proximité et le public nous fait confiance. Il sait que nous sommes là pour le protéger.
Si j’ai une plainte concernant le prix d’un produit, je peux donc venir
vous voir ?
Tout à fait. Nous avons un hotline, le 185 et nous avons aussi un service conseil. Nous nous rendons sur place quand il y a une plainte pour tenter de remédier à la situation.
Mais si je veux me plaindre du prix des produits pétroliers, je ne peux pas m’adresser à vous ?
Non parce que comme vous le savez, c’est le ministère de Gowressoo qui s’occupe de cela et comme vous le savez aussi, chaque mois, l’Automatic Price Mechanism (APM) se réunit et décide du prix du pétrole.
Il faut que je vous dise que grâce à notre système de contrôle, il n’y a plus de files d’attente aux stations d’essence à la veille de l’APM les windfall gains sont choses du passé ! Cela depuis janvier 2009.
Mais je parlais du prix de l’essence.
C’est l’APM qui fixe les prix et le processus est totalement indépendant.
Donc, le ministère pour la Protection des consommateurs ne peut pas questionner son collègue ou même la STC. Ce qui rend le rôle d’une ONG encore plus importante, vous ne croyez pas ?
Le combat de l’ACIM contre le prix du pétrole existe et cette association est totalement libre de mener ce combat.
Excepté que vous lui coupez ses subventions quand il mène ce combat-là !
Nous n’allons pas revenir là-dessus. Le problème des subventions de l’ACIM peut être réglé mais il ne faut pas fausser le débat.
Mais c’est vous qui faussez le débat quand vous ne donnez pas les véritables raisons qui ont conduit au boycott de l’ACIM !
Ce n’est pas nous qui avons faussé le débat. Le gouvernement a réalisé que nous ne pouvons pas continuer ainsi. L’Etat a sa responsabilité vis-à-vis de la population et nous, en tant que gouvernement, nous assumons cette responsabilité.
 
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