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Tim Taylor: «Le coeur de la fonction publique est resté le même depuis 1968»
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Tim Taylor: «Le coeur de la fonction publique est resté le même depuis 1968»

Comment se présente le listing de la Cim Financial Services Ltd. La date butoir du 30 octobre sera-telle respectée ?
Tout se passe très bien. Rogers distribuera des actions de la Cim Financial Services à la fi n de septembre et le premier jour de transactions sur le marché offi ciel est prévu le 30 octobre prochain. Notre Transaction Advisor, le cabinet d’experts– comptables, Ernst & Young, présentera aujourd’hui les détails relatifs à la cotation de cette nouvelle valeur fi nancière à la SEM, notamment le prix auquel elle sera cotée et le nombre de titres qui constituera éventuellement son capital en termes d’actions.
 Estimez-vous que cette nouvelle valeur sera suffi samment forte pour dynamiser le marché boursier ?
Il y a déjà 45 compagnies qui sont cotées sur la SEM. Le listing de la CIM aura un impact limité et nous ne pouvons pas nous attendre à ce que cette nouvelle valeur dynamise le marché boursier.
Depuis la séparation légale du groupe Rogers, la Cim Financial Services a connu une certaine restructuration. Quels en sont les principaux axes ?
La CIM se restructure en vue de sa cotation prochaine sur le marché offi ciel de la SEM. Les activités de Multiconsult et de l’International Management Management Ltd (IMM) sont actuellement consolidées au sein d’un nouveau cluster connu comme International.
Parallèlement, les activités de crédit, plus particulièrement celles de Galaxy et de Goupille seront centralisées au sein du cluster Finances & Trading, alors que les actifs fonciers liés à certaines terres situées à Bel-Ombre et à Case-Noyale, ainsi que les investissements détenus dans Lafarge (Mauritius) seront transférés dans le cluster Property & Investment.
Nous estimons que cette nouvelle orientation - soit la restructuration et le listingde CIM - sera bénéfique à l’ensemble de ses actionnaires.
 Quel est le mood de la communauté des affaires aujourd’hui face à la conjoncture économique dégradée ?
Les opérateurs économiques sont préoccupés. L’économie mondiale passe par des moments diffi ciles. C’est notamment le cas pour les économies des pays de la zone euro, qui demeurent nos principaux marchés pour l’industrie touristique et pour les exportations du textile. Parallèlement, il y a l’incertitude entourant l’accord de non-double imposition fi scale entre Maurice et l’Inde. Sur le plan interne, plane une incertitude au niveau politique.
Nous ne savons pas, par exemple, si Maurice aura une nouvelle constitution et quelles seront les alliances entre les partis politiques.
 Estimez-vous qu’il y a des initiatives qui sont prises pour contrer les effets de la crise sur les principaux secteurs économiques du pays ?
La marge de manoeuvre du gouvernement est limitée. Le programme d’aideaccordé aux compagnies en diffi culté avec l’Additional Stimulus Package, introduit par Rama Sithanen qui était alors ministre des Finances, et poursuivi par son successeur, Xavier-Luc Duval, semble donner des résultats probants.
Cependant, s’il y a un domaine qui nécessite une réforme radicale, c’est celui de l’accès aérien. Il n’y a actuellement aucune structure adéquate pour faire face à ce problème. Le nombre de lits dans le parc hôtelier est en hausse, alors que celui des sièges à bord des vols, tant à l’arrivée qu’au départ de Maurice, est loin de suivre cette tendance sur le plan proportionnel.
Notre incapacité à résoudre ce problem est en train de mettre en péril l’un des piliers de notre économie : l’industrie hôtelière. Nombreux sont les établissements hôteliers qui sont dans de mauvaises postures fi nancières. Un taux d’occupation raisonnable est essentiel pour assurer leur survie. De par sa capacité actuelle, l’industrie a besoin de 400 000 touristes par an.
Or, le nombre de vols desservant Maurice est totalement inadéquat pour transporter tant de visiteurs.
 Le directeur de l’Audit a récemment présenté son rapport, avec son, lot de gaspillages fi nanciers et d’abus de fonds dans les ministères et autres institutions publiques. Quelle analyse faites-vous ?
Il ne faut pas être surpris que le rapport du directeur de l’Audit détaille les différents cas des gaspillages des fonds et montre les carences liées à l’absence de gestions effi caces dans le secteur public.
Car, il faut bien faire ressortir que la finalité de ce rapport est justement d’attirer l’attention du Parlement et des members du public. Cela fait partie du modèle westministérien de la démocratie. Ce qui est toutefois malheureux est que peu de mesures sont prises pour remédier à cette situation.
Je crois que pour avoir un secteur public effi cient, il nous faut regarder au-delà de ce rapport. Savez-vous que le coeur de la fonction publique à Maurice est resté le même que celui qu’il était en 1968, soit quelque 44 ans après ? Entre-temps, d’importants changements ont eu lieu, avec la création de plusieurs autorités au sein des ministères et autres institutions parapubliques.
Toutefois, nous notons que rien n’a été fait pour analyser les services que le gouvernement doit dispenser et si les structures mises en place correspondent correctement au fonctionnement de ces services.
Une telle démarche aurait permis d’identifi er les services publics qui doivent être abolis ou externalisés. Si nous voulons dresser un parallèle avec le secteur privé, je dirai tout simplement que Rogers a eu six restructurations majeures depuis 1968. Si nous devions être organisés de la meme manière qu’en 1968, cela ferait longtemps que nous aurions disparu, à l’instar du Dodo.
Le pays assiste actuellement à une dégradation de l’ordre et la paix. Ne pensez-vous pas que c’est une mauvaise image que nous renvoyons au monde extérieur ?
S’il fallait établir une liste de secteurs qui ne sont pas dans l’air du temps, celui de la force policière arriverait en tête. Notre département de police n’a pas évolué depuis ces 40 dernières années. Si vous allez dans un poste de police, vous constaterez avec étonnement que rien n’a changé. Il n’y a pas de système informatique. Tout est fait manuellement et à deux reprises : une fois pour consigner la déposition et une autre pour faire une entrée dans le Day Book.
La Forensic Science semble être inconnue de la force policière. De ce fait, dans des cas où il n’y a pas de témoins, la police a besoin d’une confession. Or, nous savons tous comment elle procède pour arracher cette dernière.
L’affaire Michaëla Harte est à la fois triste et malheureuse pour Maurice. Elle nous fait honte, en tant que Mauriciens.
Là encore, une réforme radicale s’impose. Le commissaire de police (CP) doit prendre des décisions courageuses pour apporter les changements nécessaires. Il faudrait qu’il soit assisté de conseillers internationaux expérimentés. Il est important de savoir que le poste de CP est constitutionnellement protégé. A ce titre, il a tous les pouvoirs pour diriger la force policière de manière indépendante et libre de pressions politiques.
 
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