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Tour de Maurice en courant – 207,5 km en 26h45 : Yan de Maroussem ou l’endurance personnifiée
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Tour de Maurice en courant – 207,5 km en 26h45 : Yan de Maroussem ou l’endurance personnifiée

« Je suis bien rentré, avec une grande facilité sur la fin, en 26h45. Durant les dix derniers kilomètres, j’avançais à une allure se situant entre 12 et 14 km/h. C’est une victoire, j’ai terminé ce tour grâce à toi. Je te dis un grand, grand merci. Repose-toi bien ! »
C’est le message que Yan de Maroussem, 43 ans, a laissé sur le répondeur de son entraîneur franco-espgnol Juan Carlos Pradas samedi à 9h07, soit vingt-deux minutes après avoir franchi la ligne d’arrivée de son Tour de Maurice en courant réalisé dans le sens ouest, nord, est et sud en partant de River View, Rivière-Noire. Il a réalisé l’exploit de parcourir 207,5 kilomètres en 26h45 en prenant uniquement des pauses ravitaillement tous les trois kilomètres.
A 6h20 samedi matin, Yan de Maroussem se trouvait à Bel Ombre, au kilomètre 176. Son épouse Dace, jointe au téléphone confie alors : « Yan continue d’avancer en courant majoritairement. Il alterne course et marche. Il a quelques douleurs musculaires mais pas de douleurs aux articulations. Il s’alimente tous les trois kilomètres. La partie finale est l’étape la plus dure. Il est confiant, il va y arriver. » Il était clair à ce moment-là que Yan de Maroussem était sur le point de gagner son pari fou après un échec à sa première tentative le 22 juin dernier. Parti du terrain de football de Rivière-Noire, en direction du Sud, il avait abandonné à Solitude aux petites heures du matin le 23 juin alors qu’il lui restait 40 kilomètres pour atteindre le but.
Entre cet échec et cette victoire en solitaire sur l’effort longue durée et la douleur, il y aura eu cette rencontre avec le Franco-espagnol Juan Carlos Pradas sur Facebook. Ce spécialiste de l’endurance, âgé de 41 ans, a fait plusieurs fois le Spartathlon, course longue de 250 km entre Athènes et Sparte et qui fut courue pour la première en 450 avant Jésus Christ. L’année dernière, il a terminé deuxième du rendez-vous grec qui fête son trentième anniversaire cette année. C’est Juan Carlos Pradas qui lui a appris comment gérer une telle traversée, à quelle allure, et qui grâce à ses conseils lui a permis d’arriver bien mieux préparé cette fois, tant physiquement que mentalement, sur la ligne de départ d’un défi sortant de l’ordinaire. C’est tout naturellement qu’il lui dédiera ce Tour quelques minutes après avoir franchi la ligne à River View. Son entraîneur avait suivi sa progression jusqu’à tard dans le nuit entre vendredi et samedi.
« Bonnes sensations »
8h44, samedi 22 septembre : Yan de Maroussem est en pleine forme et se dirige avec le soutien de ses proches vers une ligne d’arrivée devenue soudain magique. Des larmes de joie, un tonnerre d’applaudissements, une intense émotion, des félicitations, des accolades chaleureuses, un lâcher de ballons: parents et amis ont accueilli en héros celui qui est devenu le premier Mauricien à effectuer le tour de l’île en courant en prenant uniquement quelques petites pauses pour se ravitailler.
« C’est ma deuxième tentative. En juin, il me restait 40 kilomètres quand j’ai décidé d’abandonner. J’ai réussi grâce à mon entraîneur, Juan Carlos Pradas, qui a préparé mon programme d’entraînement. Je lui offre ce Tour. Sans lui, je n’aurais jamais pu faire ça. Merci aussi à l’Haemophilis Association of Mauritius qui a organisé toute la logistique, chauffeurs et ravitaillements. Merci à ceux qui sont venus m’aider, qui ont couru avec moi. A aucun moment je ne me suis senti seul. Merci à Xavier (Verny) qui a été là du début à la fin, tantôt à vélo, tantôt en courant. Je ressens une grande joie. J’ai eu des moments difficiles, des douleurs. J’ai bien terminé les 207,5 kilomètres. J’avais d’excellentes jambes vers la fin. Sans cette présence chaleureuse, c’aurait été difficile. Merci finalement à ma femme Dace », dira ce champion hors normes qui a tenu à donner une dimension humaine à son exploit en levant des fonds pour ceux souffrant de l’hémophilie.
« J’ai bien géré ma vitesse.  J’avais une allure d’un peu moins de 11 km/h sur les 42 premiers kilomètres que j’ai couverts en 4h et quelques poussières. J’ai ralenti un peu par la suite. A Grand-Baie, au kilomètre 50, je me sentais bien. J’avais de bonnes sensations. Il faisait vraiment chaud, comme ici en ce moment. Le ciel était couvert jusqu’à Port-Louis et puis il y avait un gros soleil. J’ai couru non stop jusqu’au kilomètre 100, à Trou d’Eau Douce que j’ai atteint à 17h. J’ai pris une pause, le temps de prendre un repas, une pause de 20 minutes. Je me suis relaxé, j’ai récupéré. J’ai ensuite diminué ma vitesse. Le but était d’alterner la marche et la course jusqu’au kilomètre 170. J’ai réalisé qu’il y avait en fait plus de 200 km. Il fallait gérer cela au niveau mental », analyse Yan de Maroussem.
« Il y avait pas mal de gens. Les sensations étaient de plus en plus bonnes. Du Morne à l’arrivée, nous avions à courir entre les points de ravitaillement tous les 3 kilomètres. J’ai eu une meilleure préparation que la dernière fois. J’avais un peu mal aux genoux, aux pieds, ce qui est normal. Mais les douleurs étaient gérables. La fin, les dix derniers kilomètres, c’était au mental. Les sensations étaient bonnes. J’ai accéléré le rythme même. J’avançais à une allure située entre 13,5 et 14 km/h après Le Morne, à partir de La Gaulette. J’ai même pu courir. Je m’étais bien ravitaillé, j’ai bien terminé », raconte-t-il.
En levant les bras au ciel à 8h44, une fois la ligne d’arrivée franchie, Yan de Maroussem éclate en sanglots. « Je ressens beaucoup d’émotions. On ne sait jamais si on va pouvoir terminer ou pas. Dans les 50 derniers kilomètres, on ne sait pas si le tendon va tenir ou pas. Au Morne, j’ai su que j’allais le faire. J’éprouve beaucoup de satisfaction. Je suis touché de voir autant de monde qui s’est déplacé. Je suis heureux d’avoir pu le faire aujourd’hui. Le fait d’avoir couru pour les hémophiles a donné plus de profondeur à cet exploit, cela lui a donné un sens », affirme-t-il.
Cet exploit va-t-il donner naissance à une course de l’extrême ? Peut-être. Yan de Maroussem y pense mais hésite encore un peu devant l’ampleur de ce défi organisationnel. « Il faudrait assurer tout le côté logistique, les ravitaillements tous les 3 kilomètres. Ce n’est pas évident de mettre ça en place à Maurice. Il y a une communauté de personnes qui font 200 km et plus. La plus longue course dans l’océan Indien est le Comrades Marathon en Afrique du Sud. Il fait 89 kilomètres. Il n’y a pas de 200 kilomètres, même pas à La Réunion », observe-t-il.
Yan de Maroussem va s’offrir quelques jours d’un repos bien mérité. Malgré un Tour de l’île dans les jambes, il s’est inscrit au Ferney Trail qui aura lieu le 6 octobre au Domaine de l’Etoile. « Je ne sais pas si j’aurai le temps de récupérer », remarque-t-il. Au pire, il adoptera un rythme moins élevé que d’habitude.
Hors-texte
Générosité de coeur
Autour de l’arche d’arrivée à River View samedi, il y avait parents et proches de Yan de Maroussem mais aussi les membres de l’ONG Haemophilis Association of Mauritius, dont le président Ashraf Caunhye. Il y avait aussi Bradley Rainer, président d’une association similaire en Afrique du Sud.
« Hier matin nous étions ici. J’avais dit : « Nous allons accueillir Yan en héros. » Je vous demande d’applaudir Yan encore une fois », a déclaré Ashraf Caunhye en saluant l’exploit réalisé par Yan de Maroussem et surtout sa générosité de cœur. Une générosité de cœur qui a aussi ému Bradley Rainer. « Ce qu’a fait Yan est exceptionnel. Nous avons besoin de beaucoup de Yan de Maroussem pour venir en aide aux faibles », a-t-il soutenu en remerciant le champion de s’être associé à la cause des hémophiles et au difficile combat qu’ils livrent contre la maladie.
Légende :
Yan de Maroussem partage son bonheur avec son épouse Dace.
 
 
 
 
 
 
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