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Trail de Case Noyale : Le vent du changement soufflait sur le chassé
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Trail de Case Noyale : Le vent du changement soufflait sur le chassé

Domination : ce terme ne s’applique plus qu’aux courses féminines où Laurence Goilot a signé samedi sa troisième victoire d’affilée dans le Trail de Case Noyale. En masculin, la règle « une course, un nouveau vainqueur » a prévalu à nouveau tant sur le trail court que sur le long.
Clivan Petite s’est imposé sur le 8 km, succédant à Bhuvish Lukea, vainqueur dans les Gorges (21 janvier), et Harris Khelawon, premier à Chamarel (18 février). Sur le 12,5 km, Xavier Verny, qui s’est longtemps cherché depuis le début de l’année, s’est enfin retrouvé et a cueilli la victoire. Il succède lui à Jeni Smith et Vishal Ittoo, vainqueurs des deux premières manches.
La grande route et la civilisation ne sont pas très loin. Et pourtant, une impression de gigantisme et de désuétude se dégage dès que l’on emprunte le chemin de terre menant au Chassé de Case Noyale. Elle conduit au parking sur une immense pelouse, sorte de clairière par laquelle s’engouffre la lumière du jour.
Les tamariniers et les flamboyants géants qui croissent ça et là, les palmistes moins volumineux disent dans le silence de leurs ramures où le vent seul se recueille : « Là, tout n’est qu’ordre et beauté ». Ils sont un trait d’union d’ordonnancement réussi avec la forêt, manteau où se marient toutes les teintes de vert et qui recouvre les montagnes alentours, montagne des Canots, à droite, et Piton de la Rivière-Noire, plus à gauche, sous sa coiffe de brume.
Le kiosque, la vieille maison en bois et tôle, la petite usine où se prépare le café de Chamarel font naître une autre impression : celle d’être suspendu dans un continuum spatio-temporel qui aurait échappé au passage du temps.
La forêt de Case Noyale, envahie par des exotiques, constitue une réserve de chasse. La propriété sucrière de Bel Ombre, propriétaire des lieux, avait entrepris récemment la restauration de la forêt indigène existante sur une certaine superficie avec l’expertise de la Mauritian Wildlife Foundation.
L’objectif est d’en préserver la flore et la faune. Car les reliques de la forêt ancienne servent d’habitat à des espèces endémiques des plus rares : le bois clou, le bois café marron, des hibiscus, des ébéniers, des bois mapou, des bois poupart et des benjoins entre autres.
Le départ des deux courses au programme, un trail long de 12,5 km et un trail court de 8 km, est donné à proximité d’un petit bâtiment carré peint en blanc. Cette construction anonyme est en fait une usine liée à l’histoire du café et de sa préparation. C’est là qu’est envoyée la récolte des fruits qui croissent sur les caféiers cultivés dans une plantation d’une douzaine d’hectares à Chamarel.
Les graines y sont torréfiées et solubilisées. Le café obtenu est empaqueté pour la mise en vente. Le café de Chamarel, le café péi, d’usage familial, est très prisé.
La culture du café prit de l’ampleur durant la première décennie de l’occupation anglaise. Elle déclina peu à peu, déclin qu’accélérèrent les dégâts causés par le cyclone de 1824 et la présence d’un champignon dans les plantations.
Les planteurs lui préférèrent alors la canne à sucre. 2 km d’ascension… Les coureurs sont debout sur le sentier qui se perd quelques mètres plus loin dans l’épaisse forêt. Yan de Maroussem, chronomètre en main, commence le compte à rebours. Les premières vagues de cette marée humaine s’engouffrent à pas pressés dans le chassé niché sur les flancs du Piton de la Rivière-Noire.
Aux 4 km de plat vont succéder 2 km de montée puis 1,5 km de plat descendant. Les 5 derniers km de la descente sont communs aux deux courses. Au total, les coureurs engagés dans la course principale auront vaincu 600 m de dénivelé positif.
Le chronométreur Jean-Maurice Mamet prévoit deux courses rapides et l’arrivée du vainqueur du 8 km après trente minutes d’effort. Ses prévisions s’avèrent justes. Clivan Petite pointe en fusée et franchit la ligne en 32’28. Il précède Bhuvish Lukea (33’49) et Harris Khelawon (34’52). Clivan Petite, 25 ans, goûte enfin à sa première victoire qu’il avait touchée de près lors du Trail de Chamarel, deuxième rendez-vous de la saison le 18 février dernier. Cette fois, il ne s’est pas trompé de direction.
« J’étais largement en tête à Chamarel mais à 1,2 km de l’arrivée, j’ai pris la mauvaise direction et j’ai couru 1,2 km en plus avant de me rendre compte de mon erreur et de retrouver le chemin conduisant à l’arrivée. J’ai terminé fort quand même et j’ai pris la quatrième place. C’est une jolie victoire que je remporte aujourd’hui (Ndlr : samedi 17 mars). J’ai mené du début à la fin. Bhuvish Lukea m’a suivi sur les deux premiers km mais n’a pu accrocher ma foulée dans la montée. J’ai couru une course tranquille », observe-t-il.
L’entraînement effectué sur la montagne du Pouce il y a deux semaines en compagnie de Janot Fra lui a rendu service. « Nous avons effectué 3,5 km en montée sur un total de 5 km. J’ai appris à descendre, à chercher les bons appuis. Cela m’a aidé aujourd’hui », confie-t-il. Nouveau venu sur le trail, il avait débuté au Trail des Mariannes l’année dernière (19 septembre) et terminé parmi les dix premiers sur 16 km, Clivan Petite veut poursuivre la saison 2012 sur le court et s’assurer du titre avant d’envisager de s’attaquer au trail long. Il aura aussi gagné en expérience.
Cet assistant de laboratoire à l’usine textile de Saint-Malo est un touche-à-tout puisqu’il fait du triathlon, du duathlon, qu’il préfère parce qu’il n’est pas un bon nageur, de la course à pied, de la natation, du cyclisme. Ce qui est sûr, le trail s’est découvert un autre coureur de valeur.
Ce n’est pas Bhuvish Lukea qui dira le contraire. Il a pris la deuxième place mais n’a jamais pu inquiéter Clivan Petite. « Ça avait bien commencé. A la moitié de la montée, après dix minutes d’effort, mes jambes ne suivaient plus. Je me suis accroché jusqu’au sommet et puis dans la descente, j’ai tout donné. Je ne connaissais pas le parcours. Je suis satisfait de ma deuxième place en 33’49. Je remercie mon père pour ses encouragements et Vishal (Vishal Ittoo, son cousin) pour ses conseils », souligne-t-il.
Record explosé
La première femme sur le 8 km est Pauline Toulet qui s’est mise au trail « depuis deux mois seulement ». « J’ai réalisé une bonne course, je suis bien contente.
C’était plus dur qu’à Chamarel mais j’étais mieux préparée. Je suis contente de mon temps (Ndlr : 47’09) », remarque-t-elle. Le 10 mars, elle avait terminé dixième au Trail de Mare Longue.
Mère de trois enfants et férue de course à pied et de vélo, Pauline Toulet va se concentrer aussi sur le trail court cette saison. « Ce n’est pas facile, entre le travail et la famille », ajoute-t-elle.
Les minutes s’égrènent. Alors que les trailers engagés sur le court continuent de rallier l’arrivée, la silhouette de Xavier Verny se dessine dans une accélération finale en solitaire. Il explose le record réalisé l’an dernier par Jeni Smith. Il l’emporte en 53 minutes.
« C’est bien pour un come-back sur le trail. Mon objectif cette saison, c’est le trail. J’abandonne la piste, je ne suis plus motivé, je ne suis pas assez encouragé par l’association d’athlétisme. J’avais adoré ma première course l’année dernière sur Parakeet. Je me suis dit alors : c’est ça que je veux faire. J’ai pris part au cross car c’est un passage obligé. Les courses disputées sur 10 et 12 km m’ont aidé aujourd’hui », soutient-il.
La course est allée vite devant. Vishal Ittoo, Jeni Smith, SimonDesvaux, Xavier Verny et Janot Fra prennent le contrôle des opérations.
C’était vallonné et agréable, affirme Xavier Verny. Après huit minutes d’ascension, il estime avoir « assuré le train ». Les quatre autres coureurs sont « trente mètres derrière ». Il attend la montée pour produire son effort. Il se retrouve seul en tête. Il craint quelque peu la descente, il n’est pas « bon techniquement » dans cette spécialité. Dixième lors de la première manche dans les Gorges, il signe sa première victoire de la saison, la dernière remontant au Vertical Trail de novembre dernier.
Et surprise, Simon Desvaux a fait mieux que se mêler à la bagarre. Il termine deuxième en 53’57. « Ce fut une belle course ! Super ! Je prends les courses comme elles viennent, dépendant de ma forme. J’ai eu une semaine de repos complet et cela m’a beaucoup aidé. Il y avait 4 km de plat, puis 2 km de montée. Après c’étaient des faux plats et de la descente.
Ce n’est pas vraiment mon type de course mais je m’adapte », assure cet amoureux des courses extrêmes. Vishal Ittoo, troisième en 54’14, s’est contenté de « courir derrière eux ».
« J’ai calé dans la montée, j’étais quatrième alors. A 4 km de l’arrivée, j’ai doublé Jeni
Smith et j’ai terminé troisième », précise-t- il. Vishal Ittoo prépare la course « Bassin Vital » prévue pour le 1er mai à La Réunion et se réserve pour ce 19 km. Jeni Smith, quatrième en 55’09, parle, lui, d’une « course rapide ». « Le record de 2011 (Ndlr : le sien) a été battu.
Les concurrents étaient forts. Au départ, nous étions cinq coureurs devant. Verny s’est détaché avant la montée. J’ai suivi à mon rythme. Simon Desvaux m’a rattrapé à la fin de la montée. Vishal Ittoo m’a rattrapé, lui, avant l’arrivée. Je suis content de ma course », déclare-t-il. Les cinq premiers coureurs – la 5e place est revenue à Janot Fra en 59’20 – ont bouclé le 13 km en moins d’une heure.
En féminin également, la course a été rapide. Laurence Goilot, vainqueur en 1h09’05, confie avoir amélioré le temps qu’elle avait réalisé l’année dernière (Ndlr : de 54 secondes). « J’ai été beaucoup plus performante en montée. Je n’ai pas beaucoup marché, sauf où c’est vraiment dur. J’ai avancé en petites foulées, en levant juste ce qu’il faut les genoux pour ne pas dépenser trop d’énergie car il restait 5 km de descente et Christianne Louis, avec les jambes qu’elle a, elle fait un pas et moi deux », avance-t-elle.
Christianne Louis et Sabrina Keisler menaient durant les cinq premiers kilomètres. Sabrina Keisler a été lâchée quand elle s’est arrêtée pour nouer ses lacets. Christianne Louis attaquera trop tôt dans la montée et se fait doubler par Laurence Goilot alors qu’il restait encore la moitié de la difficulté à affronter.
« C’est un parcours très rapide avec beaucoup de faux plats, de changements de rythme. Le fait de l’avoir couru l’année dernière m’a aidé à bien gérer ma course.
Le temps était idéal », avoue Laurence Goilot qui poursuit son sans-faute. Sabrina Keisler, deuxième à cinq secondes seulement de la vainqueur, a été l’auteure d’une belle course.
« C’était super ! C’est un très joli parcours, bien balisé. La course a été très disputée.
Nous étions trois à courir ensemble sur 7 km. Nous nous sommes bien battues, nous avons pris les relais à tour de rôle. Tout s’est joué dans les trois derniers km. Laurence a pris la tête, elle était la plus forte. J’ai terminé fort sur la fin », se réjouit-elle.
La suite de la saison s’annonce palpitante. La prochaine course sera le Trail des Goyaves, prévu pour le 7 avril aux Gorges de la Rivière- Noire. Le format long sera de 25 km, et 2000 m de dénivelé positif, le format court, 9 km avec 900 m de dénivelé positif.
 
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