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Vincent Oxenham : Un neuropsychologue qui brille
28 décembre 2013, 04:08
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Vincent Oxenham : Un neuropsychologue qui brille

Le Mauricien Vincent Oxenham est un des plus jeunes neuropsychologues d’Australie. A 28 ans, il travaille pour trois hôpitaux de Sydney, est sollicité par un quatrième et est également associé à une recherche mondiale sur le Parkinson, financée par la fondation de l’acteur Michael J. Fox. Portrait d’un neuropsychologue qui brille.
Vincent Oxenham ne fait pas du tout son âge. Mais il ne faut pas se fier aux apparences car question bagage académique, il a tout ce qu’il faut. Détenteur d’un doctorat en neuropsychologie, il a eu pour maître à penser le professeur Dominic Rowe, un des neurologues les plus réputés au monde.
Sa grande force est d’avoir fait le tour de plusieurs écoles primaires à Maurice. Comme ses parents voulaient qu’il maîtrise bien l’anglais, il a d’abord été placé à la Clavis International Baccalaureate Primary School jusqu’en Standard III. Il a ensuite continué sa scolarité à Arden Junior School avant de fréquenter l’école St Nicholas.
Finalement, c’est au collège St.-Joseph qu’il a effectué sa scolarité secondaire, montrant dès le départ de sérieuses dispositions pour la biologie et les mathématiques. Depuis l’âge de 15 ans, il s’intéresse surtout à la psychologie. Ce qui fait que lorsque son père lui propose de lui payer des études de droit en Grande-Bretagne, lui opte plutôt pour la psychologie. Accepté par l’université de Birmingham, il entame son Bachelor of Science avec spécialisation en psychologie sous la direction du professeur Jane Riddoch, neuropsychologue. Il est un peu déçu par les cours qu’il trouve «trop théoriques. Je recherchais une formation plus hands on».
Le professeur Riddoch ne met pas longtemps à cerner sa personnalité. Bien qu’il veuille se spécialiser en psychologie des enfants, elle pense qu’il finira par s’ennuyer s’il ne pousse pas plus loin l’analyse au lieu de se contenter de donner une autre perspective à un problème posé. «Elle a réalisé que j’ai l’esprit trop cartésien et qu’il me fallait être dans un domaine plus analytique de la psychologie.»
C’est donc vers la neuropsychologie qu’elle l’oriente. La fonction d’un neuropsychologue est de comprendre le fonctionnement du cerveau que Vincent Oxenham compare à l’intérieur d’une grande horloge avec toutes ses pièces imbriquées. «Si une pièce se détraque, l’horloge a des ratés. C’est pareil pour le cerveau humain. Le neuropsychologue va effectuer différents tests pour situer le problème, expliquer au malade ses faiblesses et lui donner des pistes pour compenser ses manques.»
Pour son mémoire, il étudie le cas de Michael, mécanicien qui souffre d’une apraxie à l’issue d’une privation d’oxygène au cours d’une neurochirurgie. «Son cortex moteur était atteint et il prenait 15 minutes pour tenir un stylo et écrire l’alphabet. J’ai travaillé à sa rééducation pendant trois ans et dans le cadre de l’écriture de mon mémoire, je l’ai comparé à un malade qui a un problème inverse pour montrer que deux parties du cerveau ont des fonctions distinctes.» Il obtient son BSc avec les honneurs.
Vincent Oxenham aurait bien voulu poursuivre ses études en Grande-Bretagne mais comme les cours de psychologie clinique sont financés par le National Health Service, les citoyens britanniques ont la priorité. Le professeur Riddoch qui a fait son doctorat en neuropsychologie avec l’ex-directeur de cours à Macquarie University de Sydney, en Australie, le dirige vers cet établissement où il se fait admettre pour une maîtrise en neuropsychologie.
La plupart de ceux qui optent pour cette filière ne vont pas jusqu’au doctorat. Vincent Oxenham n’est pas de ceux-là car, ambitieux, il veut «avoir suffisamment de compétences analytiques et de recherches pour rester à la pointe de la discipline». Comme il fait partie des étudiants les mieux notés et qu’un de ses chargés de cours, l’Associate Professor Greg Savage, voit en lui un jeune prometteur, il est donc exempté de sa deuxième année de maîtrise pour passer directement aux cours menant au doctorat. Et là, cerise sur le gâteau, Greg Savage le présente au professeur Rowe, une sommité mondiale en neurologie en raison de ses recherches sur la maladie de Parkinson.
Avec lui, Vincent Oxenham étudie 24 patients atteints de sclérose latérale amyotrophique ou maladie de Charcot, qui est une maladie dégénérative de motoneurones chez l’adulte et qui se caractérise par la mort de tous les muscles, y compris respiratoires. Elle affecte les adultes de 40 à 50 ans et est donc fatale. Bien que rare, 20 % des personnes qui en sont atteintes vont aussi souffrir d’une démence modifi ant drastiquement leur personnalité et leurs comportements. Le professeur Rowe veut détecter des signes annonciateurs de cette démence chez les sujets atteints de sclérose latérale amyotrophique afin de connaître la progression de la maladie et de pouvoir préparer le malade à régler ses affaires avant qu’il ne soit plus en mesure de le faire.
Vincent Oxenham et son mentor pensent que parmi les malades qu’ils observent, ceux ayant de mouvements oculaires plus lents développeront la démence. Ils confirment cette hypothèse par des eye trackers et des analyses des différents schémas. Sa thèse de doctorat découlant de cette étude pilote fait 60 000 mots. Son doctorat obtenu, Vincent Oxenham est recruté comme consultant privé au Macquarie University Hospital où les neurochirurgiens lui réfèrent leurs patients avant et après une chirurgie pour avoir une base line et voir si l’intervention a eu l’effet escompté. «Dans les cas d’anévrisme, par exemple, le chirurgien enlève parfois une partie de la cervelle. Mon rôle est d’expliquer au patient qu’il a désormais une faiblesse et voir comment compenser celle-ci. Le professeur Rowe me réfère les patients dont il n’est pas à 100 % sûr qu’ils ont une démence et avec les tests, je dois le confirmer». Au bout d’un an, ses services sont aussi sollicités par le Prince of Wales Hospital, centre public où il est rattaché au département de gériatrie. «Le cas des personnes âgées est plus compliqué car beaucoup sont déprimées et ne veulent plus vivre. Je vais souvent également au Guardianship Tribunal pour faire des capacity assessments des personnes âgées et dire si elles sont encore autonomes ou doivent être placées en institution surtout si leurs enfants ont émigré ailleurs».
Vincent Oxenham vient d’être recruté comme consultant au Royal Rehabilitation Private Hospital où les autres spécialistes lui réfèrent leurs patients pour voir si, outre leur problème de santé physique, il n’y a pas un problème neuropsychologique sous-jacent. Vincent Oxenham a également été sollicité par un autre hôpital mais n’a pas encore donné de réponse définitive. Car il travaille déjà 38 heures par semaine, ne dort que cinq heures par jour et collabore aussi à la Parkinson Programme Marker Initiative lancée par la Michael J. Fox Foundation. Il s’agit d’une vaste étude clinique menée dans 24 centres hospitaliers au monde. Pour l’Australie, c’est le professeur Dominic Rowe qui s’est vu confier cette recherche qui s’effectue au Macquarie University Hospital. Le rôle de Vincent Oxenham est de voir les patients, de dresser leur profil cognitif et de vérifier si celui-ci progresse avec les médicaments testés ou pas. «Le professeur Rowe est optimiste. Il pense que d’ici à cinq ans un médicament sera trouvé et guérira le Parkinson.»
Si à Maurice, il a collaboré avec la gériatre Pascale Dinan, responsable de la Fédération internationale des associations des personnes âgées, en lui envoyant un test de dépistage utilisé en Australie, il serait partant pour travailler avec le ministère de la Santé au cas où celuici désirerait faire une étude sur la prévalence de la maladie d’Alzheimer et la démence à Maurice. «La population mauricienne comme bien d’autres populations est vieillissante et il est important de prendre soin des personnes âgées qui ont contribué à développer le pays en mettant en place une structure avec des spécialistes qu’ils verraient en fonction de leurs problèmes neuropsychologiques».
Travailler avec des personnes âgées alors que l’on est si jeune, n’est-ce pas déprimant ? «Non, lorsque je me réveille le matin, je sais qu’au cours de ma journée, j’arriverai à faire comprendre à une personne que sa vie n’est pas finie, qu’elle peut s’adapter aux nouvelles donnes, tout en répondant aux questions de sa famille. C’est gratifiant…»
«Le cas des personnes âgées est complliqué car beaucoup sont déprimées et ne veulent plus vivre..»
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