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Vinod Seegum: «Tant qu’on n’aura pas aboli le CPE, rien ne changera dans le système»

22 décembre 2009, 07:36

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Cette décision du ministre de l’Education est loin de faire l’unanimité au sein de ce syndicat. Mais tous les syndicats ne vont pas dans le même sens, à l’instar de la Union of Primary School Teachers (UPST).

Vous vous opposez à la décision du ministre Vasant Bunwaree d’abolir les leçons particulières en standard IV. Comment expliquez-vous cette position, puisque, dans le passé, la GTU s’est opposée aux leçons particulières?

Les leçons particulières existent depuis longtemps en standards IV, V et VI. Ce n’est un secret pour personne, le CPE se prépare à partir du standard IV. Alors, pourquoi avoir choisi d’arrêter les leçons particulières seulement en standard IV. S’il faut arrêter qu’on le fasse pour les trois classes jusqu’en CPE, sinon cela n’a pas de sens. Par ailleurs, cette décision est unilatérale de la part du ministre. Il n’y a pas eu de communication. Nous ne savons pas pourquoi une telle décision a été prise. Est-ce sans ou avec consultations? De notre côté, nous n’en avions pas été avertis. C’est ce qui a provoqué également notre colère.

Ne mettez-vous pas en péril la crédibilité de votre syndicat en réclamant un gain ou un avantage financier qui est strictement du privé?

Il faut voir la réalité, en priorité. Nous n’avons pas le choix que de défendre les leçons particulières. Si un enseignant, exerçant dans un des meilleurs établissements de l’île, ne donne pas de leçons particulières, il est muté. Les parents exigent que leurs enfants prennent des leçons particulières. Ces parents exercent même une pression sur les autorités et arrivent à leur fin. C’est l’éducation des parents qui est à refaire. Ils sont persuadés que les leçons particulières feront des miracles sur leurs progénitures.

Vous cédez donc à la pression de la rue? Et vous reprochez au gouvernement, en d’autres mots, de faire la sourde oreille aux attentes des parents…

C’est une mauvaise interprétation ou mauvaise appréciation de la réalité mauricienne. La compétition existe toujours. L’esprit de compétition perdure à cause d’un déséquilibre dans le niveau des collèges. Les parents veulent voir leurs enfants fréquenter les meilleures institutions du pays. Tant qu’on n’aura pas aboli le CPE tel qu’on le connaît aujourd’hui, rien ne changera dans le système.

Comment expliquez-vous ce déséquilibre qui existe dans le secondaire?

Il n’y a aucune volonté politique pour faire changer les choses. Les plus fortunés ont déjà tout planifié d’avance pour leurs enfants. Dès le début, les chances sont inégales, les plus fortunés se payent le luxe de choisir l’établissement du primaire et du secondaire de leurs progénitures. Une fois lauréats ou boursiers, ces derniers n’ont aucun frais de scolarité à leur charge dans les meilleures universités étrangères. Les parents ont tout prévu pour ces jeunes. Mais il en est autrement du Mauricien moyen et je ne vous parle pas de ceux qui viennent de milieu plus modeste. Les chances ne sont pas égales.

Que proposez-vous?

Ce que nous proposons au gouvernement, c’est de revoir tout le système et non pas faire du ‘peace meal’. Il faut une volonté politique et un bon plan d’action. Nous visons cette réalité mauricienne qu’il faut abolir. Tous les collèges doivent être de même niveau et doivent tous bénéficier des mêmes facilités.


Que se passerait-il si les autorités maintiennent la décision d’abolir les leçons particulières en standard IV?

Si le gouvernement maintient sa décision, nous serons contraints de prendre des risques, tels que déplacer toute une classe pour se rendre aux leçons particulières en dehors de l’enceinte de nos établissements scolaires. Nous sommes entre le marteau et l’enclume. D’un côté, nous allons prendre des risques vis-à-vis des autorités et, de l’autre, la grogne des parents qui risquent d’exercer une pression pour que nous soyons mutés. Un prolongement des heures de classes en primaire n’est pas à exclure. Il existe des solutions, mais la volonté politique doit suivre.

 

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