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Vishnu Jugdhurry : « La privatisation est un aveu d’échec et les syndicalistes vont s’y opposer »

13 novembre 2011, 09:44

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Vishnu Jugdhurry, porte-parole de la Telecommunication Workers Union est d’avis que  France Télécom (FT) a la main mise sur Mauritius Telecom (MT). En ce qui concerne la privatisation dans plusieurs secteurs, il annonce qu’un front commun syndical s’est élevé pour combattre.

Votre syndicat a tenu un rassemblement le 11 novembre pour dénoncer les onze ans de partenariat entre MT et France Télécom. Au final, n’est-ce-pas une manifestation de plus qui n’a pas attiré l’attention de la direction ?

Une manifestation syndicale contre l’abus du patronat n’a jamais été de trop et inutile. Il faut cesser avec cette perception que les luttes syndicales sont aujourd’hui inefficaces. Il ne faut tout de même pas oublier que ce sont les syndicalistes qui ont, en 1997, alerté l’opinion publique en premier sur les menaces de privatisation chez Mauritius Telecom, la Central Water Authority (CWA), ainsi qu’au Central Electricity Board (CEB). Le ministre Vasant Bunwaree était alors persuadé que la privatisation ferait le plus grand bien à ces trois organismes, mais c’est grâce à la mobilisation syndicale que le ministre a fait marche arrière.

Finalement, elle a tout de même fini par avoir lieu cette privatisation…

Là, il faut reconnaître que Paul Bérenger avait pris tout le monde de court en 2000 avec Mauritius Telecom. Et je me pose encore la question : comment est-ce qu’il est parvenu à vendre 40% des actions de l’entreprise à France Télécom (FT), cela relève de la magie. Mais bon, le mal est déjà fait et nous dénonçons encore aujourd’hui avec force le MMM qui est responsable de la privatisation de MT ou le gouvernement actuel qui est devenu l’otage de FT.

Qu’est-ce-qui en est ressorti de cette manifestation ?

Je dois en premier lieu exprimer ma satisfaction d’avoir pu réunir une masse de personnes, même si elle n’était pas très importante. Toutefois, c’est la mobilisation syndicale qui a le plus donné un sens à cette manifestation. Je suis content d’autant plus que nous sommes tous conscients de la division qui règne parmi la classe syndicale. Cette manifestation a d’ailleurs abouti à la naissance d’un front commun qui va accentuer la pression sur le gouvernement ainsi que contre la privatisation de différents secteurs comme annoncé par le ministre Xavier Luc Duval, dans le discours du Budget 2012.

Votre syndicat s’est toujours engagé à dénoncer FT, sauf qu’elle ne détient que 40% des actions. La direction de MT n’a, selon vous, rien à voir avec toutes les injustices que vous être en train de décrier ?

Nous sommes, pour notre part, convaincus que c’est FT qui a la main mise sur le conseil d’administration et que la partie mauricienne se fait dicter au doigt et à l’œil. Le CEO de MT ainsi que les autres cadres ne sont en fait que les valets de FT.

Vous vous êtes néanmoins fait un allié en la personne du ministre des TIC qui a multiplié des sorties contre la direction…

En ce qui me concerne, ces déclarations que la presse décrit comme étant « explosives » me laissent perplexe. Le ministre Pillay est quand même venu soulever certains points que notre association syndicale décrie depuis des années. Deuxièmement, ce n’est que cette année que le ministre a semblé sortir de son sommeil et ce que je trouve encore plus aberrant, c’est qu’il donne l’impression de ne pas réellement savoir ce qui est en train de se passer chez MT.

Venons-en à la privatisation. Le ministre des Finances a annoncé que plusieurs entreprises gérées par l’Etat seront prochainement privatisées, afin de les rendre plus rentables. De l’autre côté, une mobilisation syndicale est en train de s’élever contre ce processus de privatisation. En quoi est-ce-que cela vous dérange la privatisation ?

Ce qui me gène réellement avec la privatisation, c’est que toutes ces entreprises mentionnées par le ministre des Finances : le Casino de Maurice, le Waterpark, le Port-Louis Waterfront, etc, vont être restructurées afin de les rendre ces rentables, de sorte à attirer les investisseurs. Ils vont mêmes procéder à un dégraissage comme ce fut le cas dans les années 2000 avec Mauritius Telecom. Ce que je veux faire ressortir, c’est que lorsqu’il s’agit de vendre aux investisseurs, ces entreprises sont capables de soulever les montagnes pour être efficaces, alors que pendant tout ce temps ils se sont montrés incompétents. La privatisation est un aveu d’échec, et nous allons nous battre contre cela.


Propos recueillis par Thierry Laurent

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