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Voile: Deux semaines en mer déjà et première dépression tropicale pour le Jolokia
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Voile: Deux semaines en mer déjà et première dépression tropicale pour le Jolokia

Mercredi, cela faisait deux semaines déjà que l’équipage mixte composé de sportifs valides et handicapés – Eric Bellion, le skipper, Justine Gaxotte, Nicolas Meisel, Olivier Brisse, David Viguier et Chloé Henry-Biabaud – a pris la mer de l’île de Groix, commune et canton du Morbihan, à quelques lieues de Lorient, afin de rallier l’île Maurice, 9.000 milles plus loin (17 000 km), en moins de 60 jours et de faire revivre, sportivement cette fois, ce que fut la route mythique des épices. Impressions de voyage avec Nicolas Meisel.
« A l’heure où je vous écris ce mercredi soir, nous fêtons notre deuxième semaine en mer. Le moment est particulièrement heureux car nous faisons route droit sur Santo Antao. L’île la plus nord de l’Archipel du Cap Vert se dresse devant nous dans un rayon de soleil sous nos yeux stupéfaits de voir une terre émerger ... sans doute la dernière avant Maurice. L’île culmine à près de 2000 mètres, elle a l’air superbe, ceux du bord qui la connaissent nous le confirment, bref, certainement une escale rêvée après le tour de machine à laver que nous venons de connaître ! », confie-t-il. Le Défi Intégration, à bord du Jolokia, vient de vivre en effet sa première dépression tropicale.
Vrai cyclone
Tout a commencé il y a 48 heures, lundi en fin de journée, raconte Nicolas Meisel. Le Défi Intégration naviguait alors à 10 noeuds en route directe vers l’Equateur. C’est alors que le ciel s’est chargé d’un coup. La transition a été très nette : bleu derrière, noir devant ! « L’Odyssée du Jolokia allait se pimenter de sa première dépression tropicale. Alors pour se faire lessiver, c’est très simple : un, vous décidez de couper dans la dépression car vous mijotez un coup fumant qui prévoit de l’utiliser pour arriver encore plus vite à l’Equateur deux, vous prenez un équipage qui se nourrit essentiellement de plats lyophylisés - une spécificité sur laquelle je préfère ne pas m’étendre ! -, trois, vous lancez le programme normal (inutile de mégoter, c’est offert par la maison), et c’est parti : détrempage, rinçage, essorage tout est prévu sur 48h, sauf le détergent ! » ironise-t-il.
Certains le prennent avec eux, s’empresse-t-il d’ajouter. « Olivier s’est ainsi offert une douche digne des meilleures thalassos sous un grain qui a fi ni par faire percuter nos brassières à pastilles de sel ! », remarque-t-il. Pour les autres, l’option de base n’est pas plus affriolante : « Rinçage pendant le quart - eau douce et eau de mer, c’est l’alternance qui revigore -, essorage pendant le repos : vous retirez les fringues trempées en rentrant dans le bateau, vous hésitez à enfiler votre dernier caleçon sec pour un semblant de nuit de 2 ou 3h, vous filez transpirant dans votre couchette déjà imprégnée d’humidité dans un bateau non aéré (eh oui, n’oubliez pas qu’il pleut et qu’il y a des vagues dans tous les sens dans une dépression, donc tout est fermé, ce qui n’empêche pas le bateau de prendre l’eau ! -, et vous cherchez le sommeil dans la moiteur étouffante propre au coeur de la machine à laver, jusqu’à recommencer un cycle 4 heures plus tard. Je passe sur les senteurs rares qui font ici office de Cajoline : moisissure, essence, légumes avariés, etc. »
 Ce type de programme, assure Nicolas Meisel, est particulièrement apprécié de ceux qui aiment la fraîcheur d’un matin au pied du Mont Blanc, de ceux qu’un moustique à 10 mètres perturbe dans leur sommeil, ou encore des estomacs délicats qui ne rêvent que de confit de canard sur les bords de Garonne ou de langoustes grillées à Maurice. Les Dardus, le quart constitué d’Olivier et lui, sont évidemment les premiers concernés, qui n’ont pas démérité et assuré leurs quarts à heures fixes, non sans une pensée émue pour leurs aïeux qui montaient et remontaient au front en 14-18 en dépit de l’absurdité de la situation.
« Voilà pour ceux qui croyaient qu’on se fait plaisir, ou mieux qui nous envient ! » prévient-il. Epilogue : contrairement aux prévisions initiales, la petite dépression tropicale s’est transformée en vrai cyclone, baptisé du doux nom de Lisa. Le Défi Intégration la contournait mercredi soir par son flanc oriental.
L’équipage est lessivé mais toujours combatif, observe Nicolas Meisel. « Après s’être patiemment creusée sur place, la dépression a décidé de voir du pays : elle rejoint ainsi son grand frère Igor et sa grande soeur Julia déjà envolés pour les Amériques la semaine dernière. Le Jolokia continue sa route décidemment semée d’embûches vers le Sud. L’équipage est lessivé, mais reste combatif comme jamais, et attend les calmes du pot au Noir pour lancer la vraie grande lessive, les douches sur le pont, et la ventilation du bateau.
Ah les tropiques ! »
 
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