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Ziyad Bundhun «la manipulation du bilan financier détruit la valeur d’une entreprise»
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Ziyad Bundhun «la manipulation du bilan financier détruit la valeur d’une entreprise»

Le « Chief Finance & Investment Executive » , « Rogers Group » revient sur la récente édition des « Corporate Reporting Awards » . Il insiste que le non- respect des normes comptables dans le bilan financier d’une entreprise doivent nécessairement faire l’objet de réserves du cabinet d’audit de celle- ci.
Le « Senior Partner » de PwC, André Bonieux, a émis des critiques concernant les manquements dans les bilans financiers de certains rapports annuels. Notamment sur le fait qu’ils n’étaient pas en conformité avec les normes comptables. Ces critiques sont-elles justifiées ?
André Bonieux est la personne la mieux placée pour répondre. Par respect pour l’éthique, il ne pouvait faire état de cas spécifiques devant son auditoire.
Il a toutefois fait mention de l’approche adoptée par certaines sociétés dans l’évaluation de leurs biens immobiliers, le traitement des coûts de restructuration et l’absence de notes explicatives dans la publication de leurs résultats trimestriels.
En principe, tout non-respect des normes comptables devrait faire l’objet de réserves de la part d’un cabinet d’audit chargé d’émettre une opinion sur les états financiers de son client. Nous évoluons dans un monde où les normes International Financial Reporting Standards ( IFRS) sont devenues très complexes, et nous nous retrouvons souvent devant des situations où leur interprétation est très subjective.
Pour revenir à la critique soulevée par André Bonieux, il a exprimé le souhait que les instances régulatrices se penchent sur les cas auxquels il fait référence.
A qui incombe, en premier lieu, la responsabilité d’un tel manquement ? Est- ce au « board » de direction ou à l’auditeur externe ?
La responsabilité ultime incombe au conseil d’administration de l’entreprise. Celui- ci se doit de mettre en place un processus décisionnel et de validation quant au choix et au respect des normes comptables applicables pour l’entreprise. Cela va d’un système de gouvernance, à travers la mise en place d’un comité d’audit, aux consultations de ce comité avec diverses parties impliquées dans ce processus, notamment les services des finances et de comptabilité de l’entreprise, l’auditeur interne ainsi que l’auditeur externe. Le comité d’audit est redevable envers le conseil d’administration.
Quelle est la marge de manoeuvre du « Financial Reporting Council » dans une telle situation ?
Sa marge de manoeuvre est celle qui lui est dévolue par le Financial Reporting Act , notamment en termes de pouvoir de sanction.
Cette instance régulatrice de l’Etat a pour rôle principal de promouvoir le haut niveau de l’information, financière et non- financière, présentée par les entreprises dites Public Interest Entities . Plusieurs panels planchent au sein de ce conseil, dont le Financial Reporting Monitoring Panel et l’ Enforcement Panel . Le premier s’assure du suivi, par les entreprises et les cabinets d’audit, des normes qui leur sont imposées par le Companies Act . Toute faille décelée par ce panel est transmise à l’Enforcement Panel, qui enquête auprès des parties concernées et applique la loi.
Un bilan financier qui donne une image déformée d’une entreprise peut nuire à sa réputation. Vos commentaires ?
Bien au- delà du tort que cela peut causer à la réputation de l’entreprise, la manipulation du bilan devient par dessus tout, destructrice de sa valeur, voire de sa pérennité, à l’instar de ce qui s’est passé aux Etats-Unis, avec le fameux cas Enron . C’est ce qui peut arriver de pire. Il est crucial pour le conseil d’administration de toute entreprise de mettre en place de vraies structures de bonne gouvernance afin d’éviter une telle situation.
Quelle analyse faites-vous du niveau et de la qualité de présentation des bilans financiers ?
Les avancées de notre pays dans ce domaine sont très importantes.
Le cadre légal et régulateur suit les normes internationales, à l’instar d’un centre de services financiers globalement reconnu. Je dirais que nous sommes, dans certains cas, très en avance sur des économies en émergence ou même, à un niveau quasiment comparable à celui des pays développés.
« Rogers » a été récompensée comme la meilleure société de Sem-7. Quel est votre sentiment personnel ?
Parlons plutôt du sentiment de l’équipe, car c’était un travail d’équipe regroupant nos collègues du légal, de la communication, de la finance et de nos différents secteurs d’opération.
Cet exercice requiert une coordination pointue, avec une planification démarrant très tôt durant l’année financière.
Rogers a, en effet, connu deux restructurations complexes, tant dans son envergure que dans sa technicité, en 2012. Il y a eu, d’une part, la fusion de nos activités d’assurance, de courtage et de gestion de fonds avec le groupe Swan, au mois de mai. Et d’autre part, l’introduction en Bourse du Groupe Cim par la remontée, au mois de septembre, des actions détenues par Rogers vers ses actionnaires au moyen d’un dividend in specie . Ces opérations comportaient un élément essentiel de valorisation, ayant pour conséquence des résultats exceptionnels. La direction financière de notre groupe s’est assurée du respect des normes comptables internationales régissant ces opérations et a choisi la clarté dans l’information, financière et non-financière, partagée avec nos stakeholders.
Le panel de PwC y a porté un jugement très positif. Cette récompense est le refl et du haut niveau de compliance que nous nous attelons à mettre en oeuvre chez Rogers .
Au-delà du tort causé à la réputation de l’entreprise, la manipulation du bilan devient destructrice de sa valeur, voire de sa pérennité.
 
 
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