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Budget 2025-2026

AXYS plaide pour un Budget de rupture et de redressement

31 mai 2025, 18:00

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AXYS plaide pour un Budget de rupture et de redressement

■ De g à d: Navnit Seeburrun, Investment Analyst, Intesh Seebaluck, Research Analyst et Sanjay Goolab, Managing Director – Securities and Execution Desk chez AXYS.

À l’approche de la présentation du Budget national 2025/26, la firme d’analyse financière AXYS publie son rapport stratégique intitulé «Budget Expectations». Ce document dresse un état des lieux des principaux défis économiques du pays et propose une série de mesures concrètes. Le message est clair : ce budget doit marquer un tournant, restaurer la confiance et impulser des réformes ambitieuses.

Depuis plusieurs années, Maurice traverse une période difficile. Les dépenses publiques augmentent plus rapidement que les recettes, les inégalités sociales se creusent, et l’économie demeure trop dépendante de quelques secteurs, comme l’immobilier et le tourisme. Aujourd’hui, le gouvernement de l’Alliance du changement, élu en 2024 avec un mandat fort, a l’opportunité de redresser la barre et de poser de nouvelles fondations économiques.

Selon AXYS, la situation budgétaire est préoccupante : le déficit public atteint Rs 48,5 milliards, soit 6,7 % du Produit Intérieur Brut (PIB). En d’autres termes, l’État dépense bien plus qu’il ne perçoit en recettes fiscales ou autres revenus. Si cette trajectoire se poursuit, elle risque de fragiliser l’économie, d’alimenter l’inflation et de réduire la capacité de l’État à financer les services publics essentiels.

AXYS identifie comme priorité le redressement des finances publiques. Il s’agirait de ramener progressivement le déficit à un niveau soutenable, notamment par l’adoption d’une loi sur la responsabilité fiscale afin d’encadrer la gestion des dépenses et de la dette publique. La firme propose également d’élargir l’assiette fiscale non pas en augmentant les impôts classiques, mais en introduisant des taxes ciblées, telles que les taxes vertes, destinées à pénaliser les comportements polluants. Les dépenses sociales, de leur côté, devront être mieux ciblées pour réellement bénéficier aux plus vulnérables et soutenir les secteurs porteurs de croissance.

Le rapport met ensuite l’accent sur le renforcement des secteurs clés. À commencer par l’agriculture, qui ne représente que 4,6 % du PIB et souffre d’un sous-investissement chronique. AXYS préconise la mise en place d’un Plan national d’agro-résilience comprenant un meilleur accès à des équipements agricoles modernes, le développement d’une chaîne du froid efficace et une transition vers l’agriculture biologique.

Le potentiel maritime du pays, encore largement inexploité malgré une zone économique exclusive de 2,3 millions de km², représente un autre levier de croissance. AXYS recommande la création d’une zone d’exportation dédiée aux produits de la mer.

En ce qui concerne les services financiers, qui représentent 13,3 % de la valeur ajoutée brute, le rapport appelle à une modernisation de l’écosystème : dynamiser les marchés de capitaux, soutenir le développement de la fintech et orienter une partie des fonds de pension vers des projets d’investissement locaux.

Bien que le nombre de visiteurs augmente, les revenus du secteur touristique peinent à suivre : la dépense moyenne par touriste reste bloquée à USD 131 par jour. AXYS suggère d’ouvrir davantage le ciel mauricien aux compagnies à bas coûts, de soutenir les établissements de catégorie intermédiaire (3 et 4 étoiles) et de diversifier l’offre vers des segments comme l’écotourisme, le bien-être ou les loisirs haut de gamme.

En matière d’investissements directs étrangers, l’immobilier continue de capter l’essentiel des flux, sans générer suffisamment de valeur ajoutée. Pour remédier à cela, AXYS propose de mieux encadrer la spéculation étrangère et de conditionner les projets immobiliers à une réelle contribution à l’économie nationale.

Au-delà des mesures sectorielles, AXYS plaide pour des réformes de fond. Il s’agit notamment de renforcer l’indépendance des institutions, d’améliorer la gouvernance économique par plus de transparence et de planification, et de favoriser une meilleure coordination entre ministères pour rendre les politiques publiques plus cohérentes et efficaces.

La transformation numérique et technologique est également jugée prioritaire. AXYS recommande d’accélérer le développement de l’intelligence artificielle, de la fintech, et de logiciels exportables. Des incitations fiscales spécifiques pourraient encourager les investissements dans l’économie verte et bleue, à travers les obligations vertes, les fermes solaires ou encore la formation dans des domaines comme la biotechnologie marine.

Derrière les chiffres, c’est un véritable choix de société qui se profile. «Ce budget doit marquer une rupture nette avec les pratiques passées et porter une vision de résilience, de transparence et d’équité», affirme Intesh Seebaluck, Research Analyst chez AXYS.

Au-delà des mesures techniques, c’est la capacité de l’État à poser les bases d’un nouveau contrat économique qui sera scrutée. «C’est une opportunité unique d’aligner les politiques économiques avec les priorités nationales, en plaçant l’innovation, l’investissement et l’ancrage local au cœur du développement», conclut Navnit Seeburrun, Investment Analyst chez AXYS.

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