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Budget 2025-26 : austérité déguisée et réforme brutale des pensions
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Budget 2025-26 : austérité déguisée et réforme brutale des pensions

■ Le leader de la Plateforme Militante, Steven Obeegadoo, a fait un condensé des mesures présentées par le ministre des Finances lors du Budget.
Annoncé comme le tremplin d’une nouvelle ère par l’Alliance du changement, le premier Budget du gouvernement fraîchement élu se révèle être plutôt comme un retour brutal à une orthodoxie budgétaire. Si les ambitions affichées autour de l’innovation, de l’intelligence artificielle et de la transition verte sont nombreuses, le cœur du Budget 2025-26 repose sur un mot : austérité. Et ce sont les retraités de demain et les familles modestes qui en paieront le prix fort. C’est ce que soutient une communication de la Plateforme Militante de Steven Obeegadoo.
Une réforme des pensions à marche forcée
C’est l’une des mesures les plus contestées de ce Budget : le report de l’âge d’éligibilité à la pension de vieillesse de 60 à 65 ans. Pour la Plateforme Militante, c’est un changement radical, imposé sans concertation et qui prendra effet de manière progressive sur cinq ans. Résultat : quelque 90 000 personnes n’auront plus droit à leur pension à 60 ans, comme c’était le cas jusqu’ici. Si la réforme du système des retraites s’impose face au vieillissement démographique, sa brutalité et sa rapidité choquent. Aucun pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) n’a opté pour un report aussi abrupt. Partout ailleurs, ces ajustements se font en douceur : par paliers de quelques mois par an ou sur des périodes étalées sur une décennie. Maurice, elle, choisit la voie la plus raide.
De plus, la Plateforme Militante considère que les conditions de vie ne sont pas comparables. L’espérance de vie moyenne à Maurice est de 74 ans, contre 81 ans pour les pays développés. Cela signifie que de nombreux Mauriciens ne toucheront leur pension que pour une courte période, voire pas du tout. Une forme d’injustice sociale d’autant plus criante que le régime très généreux des pensions parlementaires – accessible après seulement deux mandats – n’est, lui, pas remis en question.
Les plus vulnérables en ligne de mire
Autre coup dur selon la Plateforme Militante: la suppression progressive des allocations de la Contribution sociale généralisée (CSG). Ces aides directes, versées mensuellement aux familles à faibles revenus, constituaient une bouée de sauvetage pour plus de 80 000 foyers. Leur retrait équivaut à une coupe nette dans le pouvoir d’achat des ménages les plus précaires, déjà éprouvés par l’inflation galopante. Ce qui irrite davantage, c’est que pendant cette transition, l’État continuera à percevoir les cotisations de la CSG sans pour autant redistribuer. Une opacité totale entoure d’ailleurs l’utilisation de ces fonds. Où vont-ils ? À quoi serviront-ils ? Aucun détail n’a été donné. L’impression d’un prélèvement à sens unique s’installe.
L’illusion de la prospérité
Le discours officiel mise sur une croissance de 4 % dans les années à venir. Pourtant, selon la Plateforme Militante, ce Budget ne respire pas la confiance. Il s’agit bien plus d’un exercice de rigueur budgétaire : augmentation des recettes via la fiscalité, réduction des prestations sociales et retrait d’avantages ciblés. Le tout, sous couvert de transformation économique. Par exemple, les revenus de l’État augmenteront grâce à une hausse des taxes à la consommation (+ 12 %) et sur les revenus (+ 31 %). Les recettes de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) explosent, non pas en ciblant les grandes fortunes, mais les consommateurs ordinaires: introduction de la TVA sur des plateformes comme Netflix, renchérissement du coût de nombreux produits du quotidien et baisse du seuil d’assujettissement à la TVA pour les petites et moyennes entreprises, qui devront probablement répercuter cette charge sur leurs clients.
En parallèle, souligne la Plateforme Militante, la fiscalité devient franchement dissuasive pour la classe moyenne : flambée des prix des véhicules, augmentation des taxes sur le sucre, l’alcool et le tabac, suppression de plusieurs incitations à la propriété immobilière. Une «taxe sur les riches» ? Plutôt une pression accrue sur ceux qui travaillent, consomment et essaient d’investir.
Sans cœur social
La baisse des prestations sociales ne se limite pas à la pension et à la CSG. D’autres programmes disparaissent : fin du Home Ownership Scheme, du VAT Refund Scheme sur la construction et du Trade Promotion and Marketing Scheme, entre autres. Même l’éducation en prend un coup, avec l’exclusion des étudiants à temps partiel du programme d’enseignement supérieur gratuit à partir de 2025-26. Pour la Plateforme Militante, c’est curieux quand on prétend vouloir former les ressources humaines de demain.
Et, comme le souligne la Plateforme Militante, pendant que les citoyens se serrent la ceinture, le gouvernement maintient, voire augmente, ses propres dépenses : créations de multiples agences publiques, maintien du nombre de ministres et de junior ministers, nomination d’advisers en cascade… Aucune coupe dans le train de vie de l’État, pourtant dénoncé par les autorités elles-mêmes comme «insoutenable».
Où est le changement promis ?
Le programme de l’Alliance du changement promettait un allègement du coût de la vie. Pourtant, pour la Plateforme Militante, ce Budget impose l’exact opposé : plus de taxes, moins d’aides, des sacrifices exigés des citoyens, surtout les plus fragiles. Aucun geste symbolique, aucune réforme en profondeur du train de vie gouvernemental, aucun rééquilibrage réel de l’effort collectif. Certes, des intentions positives existent : investissements dans les énergies renouvelables, soutien à l’agriculture innovante, réforme numérique... Mais sans mesures concrètes et immédiates, sans soutien aux familles en difficulté, ces projets risquent de rester lettre morte. D’autant plus que leur impact réel ne se fera sentir que dans plusieurs années.
Le sentiment d’un Budget injuste, déséquilibré et déconnecté des réalités quotidiennes prédomine. Et dans cette équation, les retraités et les familles à bas revenu deviennent les variables d’ajustement d’une austérité qui ne dit pas son nom, conclut la Plateforme Militante.
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