Publicité
Star Knitwear
Ces travailleurs qu’on oublie dans la tempête
Par
Partager cet article
Star Knitwear
Ces travailleurs qu’on oublie dans la tempête

■ Le syndicaliste Fayzal Ally Beegun tire la sonnette d’alarme sur les conditions subies par les travailleurs étrangers et mauriciens alors que l’avenir de Star Knitwear semble s’assombrir. © Vashish Nuckched
Ils sont plus de 600 Mauriciens et étrangers, à se retrouver aujourd’hui dans l’incertitude, entre détresse humaine et désillusion professionnelle. Depuis que la compagnie Star Knitwear a été placée sous administration judiciaire, l’avenir de ses employés s’est assombri de jour en jour. Et derrière les chiffres, ce sont des vies brisées, des familles suspendues à un fil, des travailleurs qui n’attendent que justice et dignité.
«L’avenir des travailleurs est devenu plus que sombre…» déplore le syndicaliste Fayzal Ally Beegun, qui ne cache pas son inquiétude. Depuis janvier, plus de 230 employés ont déjà été licenciés. Et ce n’est que le début. Selon ses informations, plus de 400 autres recevront bientôt leur lettre de licenciement. Le Receiver Manager désigné par la MauBank supervise désormais ce processus, laissant derrière lui un climat d’angoisse palpable.
Des dortoirs sans lumière, sans eau, sans pain
Parmi les plus touchés, les travailleurs étrangers venus du Sri Lanka, du Bangladesh et de l’Inde vivent un calvaire silencieux. Mercredi dernier, raconte Fayzal Ally Beegun, ils sont restés sans nourriture. Sans électricité, sans eau, sans gaz pour cuisiner. Leurs dortoirs dépendent de pompes à eau qui ne fonctionnent qu’avec du courant électrique. «Ce n’est qu’après de longues discussions que l’électricité a été rétablie temporairement… mais ce n’est pas au syndicat ni au ministre de régler ces problèmes. Ceux qui ont placé la compagnie en liquidation ont une responsabilité envers ces travailleurs», rappelle-t-il.
Sans salaires, sans aides, certains de ces ouvriers, déboussolés, songent à rentrer chez eux. D’autres, toujours liés par un contrat valide, espèrent retrouver un emploi ailleurs. Mais tous ont un point commun : des dettes contractées dans leur pays, des sacrifices faits pour un avenir meilleur. Aujourd’hui, ce rêve est en train de s’effondrer.
«Ils ne devraient pas venir à Maurice pour subir des humiliations. On ne peut pas accepter qu’un travailleur étranger nous dise à 8h du matin qu’il a faim, parce qu’il n’a plus rien à manger», s’indigne le syndicaliste.
Des années de service balayées en quelques semaines
Les travailleurs mauriciens, eux, attendent leur compensation. Certains ont donné 20, 30 voire 35 années de leur vie à Star Knitwear. Aujourd’hui, ils espèrent que le système ne les oubliera pas. Ils ont demandé une compensation équivalente à trois mois de salaire par année de service. Le 9 juillet prochain, ils seront entendus devant le Redundancy Board. En attendant, comme le prévoit la loi, une somme de Rs 50 000 devrait leur être versée dans le cadre du Wage Guarantee Fund.
Mais entre procédures administratives, silence des autorités concernées et détresse grandissante, la situation reste précaire et profondément injuste. Pour Fayzal Ally Beegun, l’heure est à la mobilisation et à la solidarité. «Il faut agir, et vite. Ces travailleurs ont des droits, et surtout, ils ont une dignité qu’il faut respecter.»
Publicité
Publicité
Les plus récents




