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Changement climatique : vers une résilience nationale renforcée
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Changement climatique : vers une résilience nationale renforcée

La conférence, qui a été annulée le 30 avril, était placée sous le thème de la collaboration publicprivé pour faire face aux défis climatiques. Était présent le ministre de l’Agro-industrie, Arvin Boolell.
Le développement durable et le changement climatique ont été au cœur des discussions lors d’une conférence tenue à l’hôtel Ravenala Attitude à Balaclava, les 29 et 30 avril, qui a hélas été écourtée en raison de la pluie. Placée sous le thème de la collaboration publicprivé pour faire face aux défis climatiques, la conférence a réuni plusieurs personnalités, dont le ministre de l’Agro-industrie, de la sécurité alimentaire, de l’économie bleue et de la pêche, Arvin Boolell, pour le premier jour de la conférence.
Dès l’ouverture des travaux, le ton a été donné : l’urgence climatique appelle à une mobilisation collective. «Les petits États insulaires comme Maurice doivent jouer un rôle actif dans les efforts de mitigation et d’adaptation», a déclaré Arvin Boolell, insistant sur le fait qu’une approche unique ne saurait être efficace face à des défis aussi complexes et localisés. Il a plaidé en faveur d’une stratégie différenciée, adaptée aux spécificités régionales et fondée sur une coopération multisectorielle.
Le ministre a également mis en avant le potentiel de Maurice à devenir un «grand État océanique» en raison de sa vaste zone économique exclusive et de la gestion conjointe du plateau continental partagé avec les Seychelles. Il a évoqué les opportunités que pourrait offrir cette zone, notamment en matière de marchés du carbone grâce à la présence d’un important puits de carbone situé entre les deux pays. Dans cette optique, il a souligné l’importance des obligations vertes et bleues, ainsi que du financement climatique innovant pour la gestion durable de la biodiversité marine, confrontée à des menaces croissantes comme l’acidification des océans et la pression humaine.
Rosalind Gater, conseillère principale à la coopération climatique au haut-commissariat britannique, a de son côté rappelé l’engagement de Maurice envers l’Accord de Paris. Elle a mis en lumière le déficit de financement climatique estimé à environ 65 % des besoins identifiés et a souligné le rôle crucial des financements innovants, comme le financement mixte (blended finance) et les obligations vertes, pour combler ce manque. Elle a salué les efforts du gouvernement mauricien, notamment la mise en place d’une Climate Finance Unit au ministère des Finances et la création du Pioneering Climate and Sustainability Fund, avec le soutien du Royaume-Uni.
Elle a également insisté sur la nécessité d’une coopération accrue entre les secteurs public et le privé pour intégrer les risques climatiques dans la planification économique, et pour rendre les politiques climatiques plus ambitieuses et efficaces. «Les gouvernements seuls ne peuvent atteindre les objectifs ambitieux en matière de climat. Le secteur privé, avec son pouvoir d’innovation et ses ressources, a un rôle central à jouer.»
Parmi les autres intervenants figurait Manjula Basant Rai, directrice générale de Spaanda. Elle a rappelé que selon le rapport sur les risques mondiaux 2025 du Forum économique mondial, cinq des dix principaux risques identifiés pour la prochaine décennie sont liés à l’environnement. Elle a souligné que l’action climatique ne peut plus être différée, et qu’elle doit être juste, inclusive et équitable si l’on veut bâtir un avenir durable pour tous. Manjula Basant Rai a aussi mis en exergue l’évolution rapide des attentes sociétales, notamment chez les jeunes générations. «Les entreprises qui ne s’adaptent pas aux valeurs environnementales et sociales risquent de perdre leur pertinence et leur rentabilité», a-t-elle affirmé. Elle a souligné que les principes ESG (environnement, social, gouvernance) sont désormais au cœur des stratégies d’affaires modernes et que les agences de notation, telles que Moody’s ou Fitch, intègrent désormais les performances ESG dans leurs évaluations.
La conférence a également permis d’approfondir des sujets techniques à travers plusieurs sessions pédagogiques, notamment sur les nouvelles réglementations ESG (IFRS S1, S2 et la directive CSRD de l’Union européenne), la réalisation d’évaluations des risques climatiques, et la gestion de la biodiversité. Une table ronde très suivie, intitulée «Changement climatique et nature : vers une Île Maurice plus verte», a suscité des échanges riches entre experts, représentants d’institutions et chefs d’entreprises.
Dans son allocution, Arvin Boolell a insisté sur l’importance de cette initiative. «Cette conférence ne laissera personne indifférent. Elle est structurée pour permettre aux communautés de tirer des bénéfices concrets et de progresser collectivement.» Il a rappelé l’importance d’une démocratie participative, et d’une implication accrue du secteur privé dans l’élaboration et la mise en œuvre des politiques climatiques. Se référant à sa participation à un sommet en janvier 2025 à Kampala, il a souligné que les spécificités des petits États insulaires comme Maurice avaient été reconnues dans le plan d’action africain pour le dévelop- pement agricole 2035. Dans un moment de lucidité critique, le Dr Boolell a posé la question : «Est-ce que la biomasse est réellement une énergie propre ?» Il a cité un article britannique remettant en question l’impact carbone du bois utilisé comme biomasse. Cette interrogation, selon lui, doit inciter à des réflexions plus profondes sur les choix énergétiques, au-delà des discours dominants.
La conférence a mis en lumière la volonté de Maurice de se positionner en tant que leader africain en matière de finance verte, en surmontant les obstacles traditionnels au financement de la durabilité. Pour Manjula Basant Rai, cette rencontre visait non seulement à rappeler l’importance de la durabilité, mais aussi à combler les lacunes pratiques dans la mise en œuvre. Elle a appelé à des partenariats stratégiques pour débloquer des financements internationaux, réduire les risques des investissements privés, et accélérer l’innovation dans les énergies propres, les transports durables et les infrastructures résilientes.
En réunissant décideurs, entreprises, universitaires et partenaires internationaux, la conférence s’affirme comme une plateforme de dialogue et de transformation. Car comme l’a rappelé Arvin Boolell, «il ne s’agit pas seule- ment de discours : c’est une opportunité à saisir pour façonner un avenir plus résilient».
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