Publicité
Pension à 65 ans
Colère Populaire
Par
Partager cet article
Pension à 65 ans
Colère Populaire

Source: Ministry of Finance
L’annonce du relèvement progressif de l’âge du paiement de la pension de vieillesse de 60 à 65 ans, prévue dans le Budget 2025-2026, suscite une vague de colère dans les milieux syndicaux et parmi une partie de la population mauricienne. En revanche, cette décision, qualifiée de «politiquement douloureuse mais financièrement nécessaire», est saluée par les économistes, actuaires et analystes financiers comme une réforme de rupture longtemps attendue.
Présentée comme une réponse à l’insoutenabilité du système actuel de pension universelle (BRP), cette mesure est perçue par les professionnels comme un tournant salvateur. «Une bombe à retardement a été désamorcée», affirme Samuel Jeeban, directeur adjoint chez Aon Solutions. Le consensus est clair : avec une espérance de vie en hausse et une population vieillissante, le versement de la pension à 60 ans n’était plus viable. «Il fallait du courage politique. Cette réforme aurait dû être faite il y a dix ans», commente un actuaire.
Depuis l’introduction controversée de la CSG en 2020, les mises en garde des experts sur l’effondrement du système se sont multipliées. L’épuisement des fonds, combiné à une gestion non capitalisée des cotisations, avait mis en péril les équilibres budgétaires.
Mais dans la rue, le mécontentement est vif. Les syndicats dénoncent une mesure unilatérale, prise sans consultation. «Zot pe detrip ti-dimounn», s’insurge Reeaz Chuttoo de la CTSP. Narendranath Gopee (NTUC) réclame des débats tripartites et un mécanisme d’Option Form pour ceux souhaitant partir à 60 ans. «On ne peut pas effacer le sacrifice d’une vie sans dialogue», renchérit Deepak Benydin (FPBOU), évoquant la détresse des travailleurs à bas revenus.
Certains syndicats proposent des ajustements ciblés : maintenir la pension anticipée pour les cas de santé précaire, ou encore exclure les parlementaires encore en poste de la BRP. «L’exemple doit venir d’en haut», martèle Haniff Peerun (MLC).
Dans le secteur privé, Business Mauritius et l’Insurers’ Association saluent au contraire une décision «de responsabilité budgétaire» et un «signal fort de réforme structurelle». Le retour du National Pension Fund (NPF) et la fin progressive des aides universelles sont également bien accueillis. Pour Shamin A. Sookia (Perigeum Capital), cette réforme s’inscrit dans une logique de consolidation fiscale.
Malgré le tumulte social, la majorité gouvernementale reste ferme. Pour Dewan Quedou (MTUC), «la décision est impopulaire mais juste». D’autres observateurs y voient le début d’un réalignement avec les réalités économiques du pays. Reste à savoir si le gouvernement saura accompagner cette transition sans exacerber la fracture sociale.
Publicité
Publicité
Les plus récents




