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Présence de quatre bombardiers

Conflit Israël-Iran : montée en puissance militaire de Diego Garcia

20 juin 2025, 08:00

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Conflit Israël-Iran : montée en puissance militaire de Diego Garcia

■ Vue aérienne de la base militaire de Diego Garcia, renforcée par la présence de bombardiers B-52.

Alors que le conflit entre Israël et l’Iran s’intensifie, les États-Unis redéploient leur puissance militaire dans l’océan Indien. Le 16 juin, des images satellitaires révèlent la présence de quatre bombardiers B-52H Stratofortress sur la base de Diego Garcia. Une manœuvre qui illustre non seulement une stratégie militaire immédiate, mais aussi des tensions géopolitiques à plus long terme, notamment autour de la souveraineté des Chagos, de l’influence grandissante de la Chine, et du rôle de plus en plus affirmé de l’Inde dans la région.

Les images satellites analysées par l’AFP et PlanetLabs montrent clairement la présence de quatre bombardiers lourds B-52H Stratofortress sur la rampe Sud de la base militaire de Diego Garcia à 9 h 22 GMT (13 h 22 de Maurice), lundi. Ces avions de combat américains, conçus pour transporter des charges nucléaires ou conventionnelles (près de 32 tonnes de munitions), sont capables de frapper à très longue distance.

D’autres appareils ont été repérés sur place, notamment un avion de transport stratégique C-17 Globemaster III – utilisé pour le déploiement rapide de troupes et de matériels – ainsi que six ravitailleurs en vol KC-135 Stratotanker, capables de prolonger l’autonomie de vol des avions de chasse et de bombardement. Ces éléments témoignent d’un renforcement significatif du dispositif militaire américain sur cette base isolée mais cruciale au cœur de l’océan Indien.

Cette montée en puissance coïncide avec la cinquième journée du conflit armé entre Israël et l’Iran, un théâtre de tensions qui retient l’attention stratégique des grandes puissances. Le président américain Donald Trump a ordonné l’envoi de «ressources supplémentaires» dans la région du Moyen-Orient, tandis que le porte-avions USS Nimitz a quitté la mer de Chine méridionale pour se diriger vers l’ouest, selon les données du site Marine Traffic.

Maurice, Chine et Inde : tensions et équilibres diplomatiques

Dans un climat de compétition stratégique accrue dans l’océan Indien, la restitution de souveraineté à Maurice ne passe pas inaperçue. Certains milieux politiques britanniques ont exprimé leurs craintes que Maurice, qui entretient des relations étroites avec la Chine, n’ouvre la porte à une influence chinoise dans la zone.

Selon Eastern Daily Press, Philippe Sands KC, qui représentait le gouvernement mauricien dans le litige international sur les Chagos depuis 2010, a fermement rejeté ces spéculations. «L’idée que Maurice pourrait céder l’usage de Diego Garcia à la Chine est totalement infondée», a-t-il déclaré devant une commission parlementaire britannique. «D’ailleurs, Maurice dispose d’autres îles si elle devait coopérer avec un partenaire stratégique.»

Philippe Sands a également défendu le processus consultatif avec les communautés chagossiennes, réfutant l’idée que celles-ci aient été écartées des négociations. «Les Chagossiens vivant à Maurice et aux Seychelles ont été activement impliqués, notamment dans les échanges avec les Premiers ministres successifs de Maurice et lors des audiences devant la Cour internationale de justice.»

Le regard de «The Economic Times» : l’équation stratégique de l’Inde

Dans une analyse publiée récemment, le journal indien The Economic Times explore les conséquences géopolitiques de la restitution de l’archipel à Maurice, en soulignant son impact potentiel sur les équilibres de pouvoir dans la région. Le journal affirme que ce tournant offre à l’Inde, alliée proche de Port-Louis, un levier stratégique important.

«Le contrôle des Chagos par Maurice – un partenaire fidèle de l’Inde – modifie les lignes d’influence dans le centre de l’océan Indien», écrit The Economic Times. L’Inde pourrait tirer profit de cette nouvelle configuration pour améliorer sa surveillance maritime, renforcer ses patrouilles, et consolider son rôle de «garant de sécurité» dans la région.

Face à l’expansion de la Chine via son initiative des Nouvelles routes de la soie (BRI), et la multiplication de ses accords portuaires à Gwadar (Pakistan), Hambantota (Sri Lanka) et Djibouti, l’Inde cherche des contrepoids. L’accès – même indirect – au Chagos, combiné à ses projets sur Agalega ou aux Seychelles, renforce sa capacité à surveiller, dissuader ou intervenir.

Mais l’article de l’Economic Times nuance : toute implication de l’Inde dans les Chagos devra être diplomatiquement prudente. Elle devra éviter d’envenimer les tensions avec Pékin et respecter les préoccupations locales liées à la mémoire des Chagossiens déplacés, aux droits humains, et à la souveraineté de Maurice.

Sollicité pour une réaction, Jean Claude de l’Estrac, observateur politique et auteur de L’an prochain à Diégo Garcia…, fait remarquer que les bombardiers B-52H de Diego Garcia ont déjà été utilisés lors de guerres passées, notamment dans l’attaque contre l’Irak. «Déjà à l’époque, la question s’était posée de savoir si Maurice, qui revendiquait encore la souveraineté sur l’archipel des Chagos et affirmait détenir la souveraineté sur l’île, n’allait pas se retrouver, d’une manière ou d’une autre, impliqué dans cette guerre. En réalité, la souveraineté appartenait encore aux Britanniques à travers le British Indian Ocean Territory.»

D’ajouter : «Aujourd’hui, maintenant que Maurice revendique la souveraineté et affirme détenir une souveraineté absolue sur l’ensemble de l’archipel, y compris Diego Garcia, le problème se pose autrement. Même si, en réalité – contrairement à ce qu’affirme Maurice – la GrandeBretagne continue de déclarer qu’elle détient la souveraineté opérationnelle sur Diego Garcia. À vrai dire, il vaut mieux que ce soit ainsi, et que l’île Maurice ne se retrouve pas entraînée dans un conflit qui n’est pas de son fait.»

N.F.

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