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Élections municipales 2025
Curepipe : La ville lumière retient son souffle
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Élections municipales 2025
Curepipe : La ville lumière retient son souffle

■ Anju Jankee, commerçante à Curepipe, espère que les autorités prendront enfin le problème des marchands illégaux à bras-le-corps. © Rishi Ewaroo
L’effervescence n’est plus la même qu’en novembre dernier. Mais à Curepipe, l’attente est bien réelle. Si certains habitants se disent déçus par les dernières élections générales du 10 novembre, d’autres espèrent encore voir leur ville renaître avec l’arrivée d’une nouvelle équipe municipale.
Dans les rues, notamment de la place de la gare Jan Palach Sud à celle de la rue Chasteauneuf, c’est la cohue. Les marchands ambulants y ont pris d’assaut l’espace, proposant de tout : fruits, légumes, poisson frais, casquettes ou sacs. Une activité florissante qui agace fortement les commerçants du marché couvert. «On a l’impression que les autorités nous ont oubliés», lâche un vendeur de légumes. Pour Anju Jankee, marchande, la déception est grande. «Le Premier ministre avait promis beaucoup de choses. On est en mai, et toujours rien. Nous sommes découragés. Aucun changement.»
Sale et désordonnée
Elle ne cache pas son désintérêt pour les municipales. «Curepipe est figée. Toujours aussi sale et désordonnée. On pensait que les trois ministres agiraient rapidement.» Elle admet que ces derniers rendent parfois visite aux marchands, écoutent leurs doléances, mais les actions concrètes restent éphémères. «Ils font le ménage pendant une heure ou deux, puis tout redevient comme avant.» Elle dénonce aussi l’injustice entre les marchands réguliers du bazar, qui s’acquittent d’une redevance mensuelle, et les autres, installés illégalement. «Certains sont agressifs et on a peur, surtout pour les femmes qui travaillent à la section ‘Parasol’.»
À quelques pas de là, Jérémy Ramdin, de Camp-Caval, suit la campagne sans grande conviction. «Les candidats font du porte-à-porte mais leurs promesses ne me touchent pas vraiment», dit-il. Déçu par l’ancienne administration municipale, il déplore l’état des routes. «Les nids-de-poule sont un danger, surtout la nuit avec l’éclairage insuffisant. Les motocyclistes prennent des risques.»
L’éclairage public revient souvent dans les doléances. L’hiver approchant, de nombreux habitants réclament que les lampadaires soient allumés plus tôt. «Il fait nuit rapidement, et avec les drogués dans les rues, on a peur», confie Anouska.
Mais selon Christophe Le Roux, ancien conseiller municipal, la lumière ou les nidsde-poule ne relèvent pas de la mairie. «Ce sont des problèmes techniques confiés aux inspecteurs, tout comme la lutte contre les rats.» Il estime que les municipalités auraient dû fournir un bilan clair avant ces élections : état financier, nombre d’employés, équipements disponibles, etc. «Un candidat ne sait même pas combien de camions-poubelles la mairie possède. Comment peut-il promettre un meilleur ramassage ? Le gouvernement aurait dû fournir un cahier des charges clair à chaque municipalité pour que les candidats puissent bâtir un programme réaliste.»
Il s’interroge aussi sur la proximité réelle du personnel municipal avec les habitants. «Est-il normal qu’un employé de la mairie vive à Rivière-Noire ? Et les élus, sont-ils vraiment sur le terrain ?» Selon lui, l’issue du scrutin pourrait être serrée. Les anciens conseillers, déjà bien ancrés localement, pourraient en tirer avantage… ou être pénalisés par leur bilan. Il espère aussi un geste symbolique fort : «Il serait temps de redonner à la gare son nom historique : Jan Palach.»
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