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Éclairage
Dépoussiérer les dossiers qui fâchent pour répondre aux attentes populaires
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Éclairage
Dépoussiérer les dossiers qui fâchent pour répondre aux attentes populaires

© POV
Alors que certains se sont, avec raison peut-être, interrogés sur les changements qui tardent à venir dans les principales institutions trop longtemps soumises aux diktats des politiciens, sur des dossiers à scandale qui ne sont pas encore dépoussiérés ou encore sur des nominés de l’ancien régime qui se croient tout permis dans leurs bureaux, voilà que les choses semblent subitement prendre une nouvelle direction. Celle d’ailleurs souhaitée par la population pour tourner une nouvelle page, le 10 novembre dernier.
À la faveur de certaines décisions prises dans la sphère économique et judiciaire, couplées à celles de la Financial Crimes Commission (FCC), pour faire défiler des ex-hauts fonctionnaires et d’autres VVIP qui se croyaient intouchables jusqu’à tout récemment, ou encore du timing du dénouement heureux de l’épineux contentieux des Chagos qui a traîné pendant plusieurs décennies, il y a visiblement un sentiment que le bâtiment du Trésor a décidé de changer de braquet.
Il y a dans cette démarche une volonté d’envoyer des signaux clairs et forts à une population qui a déjà fait comprendre que la période de grâce est terminée, qu’on a sifflé la fin de la récré et qu’il y a aujourd’hui un devoir des résultats pour les nouveaux dirigeants du pays.
Tout comme, curieusement, la soudaine apparition du MSM à travers sa première conférence de presse, lundi, depuis sa débâcle électorale, par son président et leader de l’opposition, Joe Lesjongard, au Sun Trust. Entouré des candidats battus, en l’absence de son leader, Pravind Jugnauth, et du secrétaire général, Maneesh Gobin, plongés dans des tracas judiciaires après leur arrestation par la FCC et leur libération sous caution, Joe Lesjongard a voulu faire comprendre que dorénavant il faudra compter sur ce parti pour agir comme une opposition vigilante et dénoncer les excès du régime en place, s’il y en a, et qu’il ne fera pas des cadeaux. Tant mieux pour la démocratie.
Mais au-delà, il y a des signes qui ne trompent pas. Le tandem Ramgoolam / Bérenger a pris beaucoup d’engagements auprès de la population durant la campagne et il ne peut aujourd’hui reculer. Celleci l’attend d’ailleurs au tournant. Or, sur certains dossiers, la volonté d’agir est déjà perceptible.
À l’instar de l’audit trail sur l’empire financier de la famille Jugnauth, les détails de la Stag Party de l’ex-Attorney General qui sont devant la FCC aujourd’hui, des réponses au Parlement hier pour faire la lumière sur l’assassinat de Kistnen et sur le fameux Missie Moustass ou encore la convocation de l’ex-Senior Chief Executive, Dalida Allagapen, pour situer la responsabilité de ceux impliqués dans les scandales liés aux contrats d’importation de médicaments et d’accessoires médicaux au ministère de la Santé dans le sillage de la pandémie. Ces actions traduisent une volonté des nouveaux dirigeants du pays de tirer toutes ces affaires au clair à travers l’ouverture de nouvelles enquêtes. Et de mettre fin en conséquence à une culture d’impunité qui a trop longtemps duré et été tolérée dans le pays.
On saura à l’avenir les suites données à ces enquêtes mais, d’ores et déjà, elles auront le mérite de marquer les esprits. Et de rappeler que le passé vous rattrape toujours et que les ministres, comme des fonctionnaires, seront fiscalement responsables en cas d’abus de fonds publics, de mauvaise gestion économique ou de manipulations flagrantes des statistiques officielles.
C’est le sens de l’amendement présenté en première lecture hier au Parlement du Finance and Audit Act. Il vise à mettre fin à la complicité qui pourrait exister entre un ministre et un haut fonctionnaire pour décider sur le financement d’un projet qui au final deviendrait un éléphant plan, engloutissant des fonds publics sans limite. Jusqu’ici, les deux restaient impunis. Demain, avec la nouvelle loi, leur responsabilité sera engage
Toilettage
Il faut situer la pertinence de ce toilettage de cette loi dans le sillage de la découverte par le nouveau gouvernement des squelettes dans les placards de l’ex-ministre des Finances et des caisses de l’État complètement asséchées. Avec, en plus, les principaux indicateurs macroéconomiques comme le PIB, la croissance et le ratio de la dette publique faussés. En l’absence d’une loi sur la responsabilité fiscale, il est difficile, sinon carrément impossible, de traîner les bandits de la finance en justice.
Désormais, l’État est légalement armé pour sévir. Encore faut-il que ces affairistes, d’hier comme aujourd’hui, qui survivent d’un régime à l’autre, disposant d’une rare faculté de pouvoir changer de veste aussi facilement et rapidement, ayant des entrées faciles chez des puissants de la fonction publique et raflant au passage des contrats juteux de l’État, sans passer souvent par des appels d’offres, comprennent que le «game is over» !
Pour le moment, la cerise sur le gâteau de toute cette ambiance qui règne reste le «happy end» du Chagos Deal, mettant fin à un drame humain de 60 ans. L’issue de cet accord ne peut faire que des heureux. D’abord pour le gouvernement, qui a vu et corrigé les termes de l’accord historique du 3 octobre 2024 entre l’ex-Premier ministre, Pravind Jugnauth et le Premier ministre travailliste britannique, Keir Starmer.
S’il faut reconnaître l’implication de l’ancien régime dans la conclusion du deal et ceux d’avant qui ont porté la question de la souveraineté des Chagos devant les Nations unies et dans des forums internationaux et régionaux, c’est le tandem Ramgoolam / Bérenger qui, in fine, récoltera les dividendes de cet accord. Tant au niveau des milliards de livres sterling de la location à bail de la base militaire de Diego Garcia pendant 99 ans que par la victoire diplomatique nationale et internationale.
Pour autant, dans cette équation, il ne faut surtout pas occulter le combat de la cause chagossienne et de ce qui reste de la population qui souhaite encore retourner sur son île natale une fois toutes les barrières enlevées.
Pour couronner le tout, il y a la visite de 48 heures dans l’île du Premier ministre indien, Narendra Modi, celui qui tutoie les grands de ce monde et qui a probablement pesé dans le Chagos Deal. Sa présence aux célébrations du 57e anniversaire de l’Indépendance du pays ne peut que renforcer ce sentiment que tout se joue actuellement en faveur du nouveau gouvernement.
Mais attention aux vents contraires !
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