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Manière de voir│Géopolitique
«Diego Garcia: that’s the way the cookie... Crumbles?»
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Manière de voir│Géopolitique
«Diego Garcia: that’s the way the cookie... Crumbles?»

Dans l’euphorie des élections, nous avons peut-être négligé les conséquences de l’élection de Donald Trump à la tête des États-Unis. Elles concernent Maurice et les Chagos, mais aussi la nouvelle stratégie américaine envers ses voisins, l’Europe de l’Ouest via l’OTAN, la guerre Ukraine-Russie, l’avenir de l’AGOA (Africa Growth and Opportunity Act) adopté en 2000.
Le curseur sur la paix et l’économie mondiale se déplace de l’Atlantique pour gagner le Pacifique avec la puissante Chine que Trump considère être son nouveau pôle de fixation dans son rôle de sentinelle. Il se pointe automatiquement vers l’océan Indien, devenu l’enjeu d’une nouvelle bataille entre les grandes puissances. Et cela nous ramène aux Chagos.
«America first»
Alors qu’il ne sera officiellement président que le 20 janvier, Donald Trump positionne déjà ses pions. Sur le plan intérieur, il choisit les plus durs des durs à la tête du pays. Lors de son premier mandat présidentiel, il n’avait pas les mains libres pour imposer sa stratégie. Il dispose maintenant d’une entière liberté de manœuvre puisqu’il peut compter sur la majorité républicaine à la fois à la Chambre des Représentants et au Sénat.
Taxes, taxes et taxes sont les fers de lance de Trump. Il a déjà taxé de 25 % tous les produits provenant du Canada pourtant un pays voisin allié. Sur le plan intérieur, il veut diminuer les dépenses sociales, notamment celles de la santé. Il ne porte pas l’Europe dans son cœur. Il estime que le vieux continent lui coûte trop cher.
L’Europe de l’Ouest se sent bien à l’abri sous le parasol américain grâce à l’OTAN. Or, l’Amérique contribue à 75 % du budget de l’OTAN. Trump veut que les pays européens contribuent plus largement à ce fardeau. Dans un proche avenir, il envisagerait même de se retirer de l’OTAN. Aussi les pays de l’Europe de l’Ouest sont en train de se réarmer et même d’envisager une vraie armée européenne sous la bannière de l’Union européenne (UE).
Dans la même perspective, fidèle à son vocabulaire simpliste, Trump déclare qu’il réglera le conflit opposant l’Ukraine à la Russie en un temps record. Actuellement, ce sont les États-Unis qui aident financièrement et militairement l’Ukraine. Ses émissaires œuvrent pour amener à la table des négociations les deux belligérants, quitte à ce qu’une partie de l’Ukraine conquise par les Russes (la Crimée) reste en l’état. L’Ukraine partirait perdante et la Russie récupérerait ce qu’elle considère être une partie de l’ex-URSS que Poutine rêve de reconstituer.
En ce faisant, les USA allégeraient leur fardeau. Donald Trump n’a d’autre part que faire de l’Afrique qu’il ne connaît pas. Cette dernière abandonne ses partenaires occidentaux. Les pays sahéliens (Niger, Mali, Burkina Faso plus Tchad) se dégagent de la tutelle française. Les Russes, grâce aux mercenaires de la milice Wagner, s’engouffrent dans la brèche. Ils sont surtout attirés par les nombreux minerais que contient le sol africain.
Il en est de même pour la Chine, qui investit en Afrique. Elle est surtout attirée par le lithium, une des principales composantes des batteries destinées aux voitures électriques qui, selon les prévisions, auront envahi le monde d’ici 2030. Les États-Unis disposent eux de leurs propres gisements de pétrole, de semi-conducteurs et lâchent l’Afrique.
L’AGOA
Le citoyen mauricien lambda ne s’intéresse pas au curseur américain maintenant braqué vers ce qu’il considère être l’enjeu du 21e siècle, la Chine. Est aussi de facto dans le viseur, l’océan Indien, tout comme la Chine et l’Inde. Trump veut s’attaquer aux importations américaines pour privilégier les produits made in USA. Il se pourrait donc que la nouvelle Amérique se désintéresse de l’Afrique et de l’Africa Growth and Opportunity Act (AGOA). Cet accord permet un accès libre et hors taxe sur le marché américain à presque 200 produits, dont le textile… mauricien. Ce n’est pour l’instant que de la spéculation. Un coup de ciseau de Trump entraînerait de grosses pertes pour le textile mauricien.
Des dollars contre Diego Garcia ?
Voilà qui nous ramène sur notre terre. Sous le gouvernement sortant, un accord purement verbal a été trouvé entre le Royaume-Uni et Maurice. Il stipulerait que les Chagos seraient restituées à Maurice mais que Diego Garcia resterait sous tutelle britannique, tout en abritant une importante base militaire américaine, moyennant une forte somme versée à Maurice en guise de loyer. Aucun chiffre n’a été cité.
Après les élections, les Britanniques ont dépêché une délégation de haut niveau pour discuter avec le nouveau PM. Ils seraient pressés de ratifier cet accord avant l’arrivée officielle de Trump à la présidence américaine. Navin Ramgoolam a reçu cette délégation et demandé un moratoire de quinze jours, le temps pour lui de prendre connaissance de cet accord verbal, de le soumettre à son cabinet et au Parlement. Tout ceci est le résultat de très longues années de négociations sur l’avenir des Chagos, y compris Diego Garcia.
Que va décider Trump, chantre d’America First, qui va même jusqu’à laisser entendre qu’en imposant des taxes tous azimuts, cela pourrait mettre un terme aux impôts que paient les Américains. Sera-t-il d’accord pour payer des millions (certains parlent même de milliards) de dollars pour la sauvegarde de la base militaire de Diego pendant 99 ans. Notre ancien PM avait laissé entendre que cette manne allait sortir notre économie de l’ornière. Vu le premier constat de nos finances, notre PM a dû tenir le même calcul. Mais avec l’arrivée de Trump et de sa nouvelle politique, on peut se demander s’il sera d’accord pour verser un gros pactole ou simplement… une poignée de dollars. Ce n’est pas souhaitable, mais comment Maurice pourrait-elle réagir ? À suivre.
Patians geri lagal?
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