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Du plomb dans l’aile: pourquoi air mauritius a-t-il pour emblème le paille-en-queue ?
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Du plomb dans l’aile: pourquoi air mauritius a-t-il pour emblème le paille-en-queue ?

Connaissez-vous la légende du pailleen-queue ? Il était une fois une sirène amoureuse d’un triton (pas notre bluesman). Les deux amants furent métamorphosés par un mauvais génie en oiseaux. Depuis, il surveille les océans à la recherche de son royaume sous-marin perdu. Il niche près des côtes et des falaises. On le reconnaît à sa longue queue blanche quand il vole au-dessus de nos lagons turquoise mais plonge à la surface de l’eauà la recherche d’une proie.
Vous aurez sûrement deviné l’allusion, voire la comparaison, à Air Mauritius, notre fleuron national tant de fois élu meilleure compagnie de l’océan Indien – dix fois consécutives – et décrochant des World Travel Awards. Ce qui faisait notre fierté a hélas du plomb dans l’aile pour ne pas dire qu’elle s’est brûlé les ailes. Voyons à… tire-d’aile le tableau de bord de l’ancien board qui indique qu’elle est sur la… paille.
Gestion catastrophique
Les scandales financiers qui s’accumulent ont presque tous la même racine : mauvaise gestion financière. Quelques échantillons. Annulations de vol en pagaille (ex. Perth). Depuis son lancement, nous en étions fiers mais elle a enregistré depuis des pertes de Rs 15,7 milliards. Envolés ! Au cours de ces dernières années, elle a subi une forte politisation (notre fléau national) de ses cadres et dirigeants. Népotisme (ayo mo fami!), des proches recrutés en nombre au détriment de cadres expérimentés que l’on rappelle maintenant pour balayer les débris des ailes brisées.
Un modèle de gestion ? Air Mauritius a vendu cinq avions qu’il ne fallait pas vendre pour louer des Airbus A330 plus vieux que les appareils vendus. Elle a acheté six Airbus A350 puis en a rajouté un septième. Peanuts, puisqu’un Airbus A350 ne coûte que Rs 8,8 milliards. Micmac pour assurer l’empennage (la stabilité). De quoi enfiler des gilets de sauvetage et prévoir de grosses turbulences.
«Ki to per, nou ki la!»
Pas de quoi s’inquiéter. Elle emprunte Rs 25 milliards (ramasse les coques de… pistaches en cas d’amerrissage) et par un tour de passe-passe, cédant 50 % d’Air Mauritius à Airport Holdings et 40 % à la vedette du jour qui occupe tout l’espace médiatique, la Mauritius Investment Corporation Ltd, ou plutôt Unlimited, vu les carlingues qu’elle traîne actuellement. En 2002, elle a déjà contracté un prêt de Rs 8 milliards d’Airport Holdings. On n’emprunte qu’aux riches ! Ne pouvant régler sa dette, nouveau tour de passe-passe. Les huit milliards sont convertis en equity ; en clair, c’est une solution flexible et efficace pour lever des fonds notamment à un stade de développement. Vous n’y êtes pas ? Vous ne comprenez donc rien aux calculs de ces cocos tombés du… ciel.
Mayday, Mayday
Le bilan n’est pas terminé parce que tous s’y croyaient être à la tête comme au pouvoir pour l’éternité. Sont distribués à foison des billets gratuits. Voler souvent en première classe et gratis. Entretenir les huit destinations malgré la baisse du prix du kérosène (ça… carbure) et celle des dépenses d’entretien. L’addition se monte à deux milliards. Voler n’est pas dangereux, c’est s’écraser qui est dangereux. Crash ou… krach ?
Changement aux commandes et aux manettes. La compagnie se brûle les ailes mais voilà un nouveau boardhérité de la compagnie en soins intensifs. En outre, c’est la pagaille avec le personnel pourtant avenant, parmi les pilotes, les retards… c’est le coma ! Même les sièges commencent à bouger en raison des… chaises musicales. Les membres du top management changent. Ils ont pour priorité de recruter les anciens qui ont été virés parce qu’ils avaient trop d’expérience. Un audit est commandité pour jauger la situation d’autant qu’il semblerait qu’il n’y avait pas de cohésion entre les différents centres de prise de décision. On fait appel à un expert pour élaborer une nouvelle stratégie. De nouveaux pilotes sont recrutés. Wait and see.
Profitable dans deux ans
C’est ce que le nouveau board prédit. Les techniciens vont bouger, 16 ingénieurs seront recrutés, plusieurs secteurs seront réorganisés, même le département technique a été mal géré. Air Mauritius va enfin arrêter d’acheter des pièces d’avion à durée limitée. La compagnie, à force d’acheter ces pièces, se retrouve avec un stock obsolète (date de péremption dépassée) d’une valeur de Rs 442 millions. Impossible de… rapiécer ?
Terminés les billets gratuits. La maison ne fera plus de cadeau même aux hauts placés. Vwayaze… peye! Finie l’ère de s’envoyer en l’air aux frais de la compagnie. En attendant, celle-ci respire et n’expire pas. Un temps de convalescence. Le board décrète un redécollage après un délai de deux ans de récupération. Sortez les masques à oxygène. Un take-off un peu optimiste ? Il faudra voler dans les plumes de quelques-uns avant de voler de ses propres ailes. Ceux sur le départ, voire le tarmac, ont cabré la compagnie. Dorénavant, finis les zones de turbulences, les files d’attente, les retards, les annulations, la flotte d’avions révisée… la pression doit baisser.
«Accountability»
Quand un citoyen commet une entrave à la loi, il doit payer une amende ou même se présenter en cour avec un avocat. Mais quand des incompétents (des cons qui se la pètent ?) sont catapultés à la tête d’Air Mauritius, que leur arrive-t-il après le chaos ou… le K.O. ? C’est comme certains responsables inamovibles quel que soit le régime. Équiponsnous de canoë-kayak et transférez-les aux… avirons ! Sinon, c’est le règne de qui perd… gagne. Pourra-t-on récupérer une partie du magot ? Seront-ils parachutés ailleurs pour atterrir à la section «drones» ?
Le vieil adage dit : «Une fois que vous aurez goûté au vol, vous marcherez toujours sur la terre les yeux tournés vers le ciel.» Déconnons… non, décollons !
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