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Journée mondiale
Enfants soldats: de la guerre à la fuite, leur bataille pour la liberté
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Journée mondiale
Enfants soldats: de la guerre à la fuite, leur bataille pour la liberté

(Photo d'illustration)
Dans les méandres de la tragédie, la bravoure d’Anthony, 13 ans, résonne comme un phare d’espoir. Alors que le monde célèbre la Journée mondiale des enfants soldats le 12 février, son récit éclaire le chemin des milliers de petits pris au piège par la guerre. Luttant pour leur liberté, ces jeunes, comme Anthony, bravent l’indicible pour s’échapper des griffes des groupes armés. Leurs histoires, mêlant terreur et triomphe, nous rappellent la nécessité de protéger l’innocence, de reconstruire des vies brisées et d’offrir un avenir plein de promesses.
«Anthony», 13 ans, raconte la période où il était enfant soldat au Soudan du Sud et sa fuite de la brousse. Son histoire est un exemple pour tous les enfants et les jeunes enlevés et maltraités par des groupes armés. Celles et ceux qui parviennent à s’enfuir peuvent laisser ce cauchemar derrière elles/ eux. Mais la réinsertion demande du temps et de la patience.
À l’âge de 11 ans, alors qu’il jouait au foot avec des amis, Anthony a été enlevé par un groupe armé et conduit dans la brousse. «Ils nous ont mélangés avec les adultes, les soldats déjà présents», explique Anthony, deux ans après sa fuite. «La vie dans la brousse était dangereuse. J’ai par exemple participé à des embuscades et ai vu comment les prisonniers étaient traités. Suite à une attaque, ils ont capturé trois soldats. Ils les ont cloués à un arbre, puis tailladés avec un couteau jusqu’à ce qu’ils meurent. Puis les cadavres ont été brûlés.»
Le garçon a décidé de s’enfuir. «Je me suis dit que la nuit était le meilleur moment pour le faire. Habituellement, je lave toujours mes vêtements dans la rivière la nuit. Alors, j’ai rassemblé mes vêtements et l’uniforme dans un sac, puis je me suis dirigé vers la rivière. Personne n’a eu de soupçons. Tout le monde pensait que je reviendrais après.»
Mais Anthony n’est pas revenu ; il a longé l’une des routes principales. «Pendant ma fuite, j’ai beaucoup souffert et je ne dormais que lorsque je ne pouvais plus avancer, parce que j’étais à bout de forces. J’avais très faim, mais il n’y avait rien à manger.» Anthony craignait que les soldats ne le retrouvent, mais il a fini par atteindre Yambio. «J’étais vraiment soulagé, car je ne pensais pas y arriver.» Anthony a trouvé refuge auprès de l’évêque, qui l’a conduit au centre de transit soutenu par l’UNICEF. «Là-bas, j’ai pu jouer à nouveau, par exemple au ludo et aux dominos ou encore au foot. Après avoir joué au foot, je me baignais, je mangeais et je dormais. C’est ainsi que j’ai passé mes premiers jours après la vie dans la brousse», raconte le garçon de 13 ans. «Quand je serai adulte, j’aimerais devenir évêque pour sauver la vie d’autres enfants, comme j’ai été sauvé. Mais pour l’instant, je suis déjà content de pouvoir simplement retourner à l’école.»
Les maltraitances subies par les enfants soldats font partie des pires crimes des conflits armés. Les enfants sont enlevé. e. s dans leur village, dans les rues et parfois aussi dans les écoles pour servir de soldats dans les régions en crise. Les jeunes enfants sont faciles à intimider, manipuler et influencer. Sous l’effet de drogues, de la violence et de la terreur, de nombreux garçons sont entraînés à se battre, à torturer et à tuer. Ils sont transformés en guerriers. Les filles sont soit exploitées sexuellement, soit forcées à faire le ménage ainsi qu’à transporter des armes et des bagages. Mais elles jouent aussi un rôle de guerrières. Ils et elles sont victimes d’une guerre qu’ils/elles ne comprennent pas et dont ils/elles ne sont pas responsables. En tant que soldats, de nombreux enfants ont appris à tuer mais ne savent ni lire ni écrire, car ils/elles ne sont jamais allé. e. s à l’école.
Le type de violation des droits de l’enfant fait qu’il est difficile d’estimer le nombre d’enfants actuellement enrôlé. e. s par des groupes armés mais, en raison des nombreux témoignages, l’UNICEF sait qu’il y en a des milliers rien qu’au Soudan du Sud. Dans le monde entier, l’UNICEF estime que des dizaines de milliers d’enfants sont maltraité. e. s par des groupes armés pour parvenir à leurs fins. Entre 2005 et 2022, il a été prouvé que plus de 105 000 enfants ont été recruté. e. s et exploité. e. s par des parties en conflit. Le nombre réel de cas devrait être beaucoup plus élevé.
La réinsertion est difficile
Même lorsque les enfants sont relâché. e. s de l’armée, ils/ elles souffrent encore longtemps de cauchemars, de crises d’angoisse et d’insomnie. Le retour à une vie normale est long et difficile. En rentrant dans leur village, ils/ elles constatent souvent que leur famille s’est enfuie. Et ils/elles sont souvent considéré. e. s comme des assassins par la société et ne sont accepté. e. s ni chez leurs proches ni chez les voisins. À cause du désespoir, de la détresse et de la peur, beaucoup se font recruter à nouveau ou finissent dans la rue. Un cercle vicieux !
L’UNICEF s’engage dans le monde entier pour empêcher et arrêter le recrutement et l’exploitation d’enfants dans les zones de conflit. De plus, l’UNICEF s’occupe d’ancien. ne. s enfants soldats dans des foyers de transition et apporte une aide sanitaire et psychosociale aux enfants traumatisé. e. s. Pendant leur séjour dans les centres, l’UNICEF et des partenaires locaux cherchent la famille des enfants. Lorsque le retour est impossible, ils/elles sont pris. es en charge dans de petits groupes de vie. Pour permettre aux enfants de retrouver un quotidien normal, ils/elles peuvent se rendre dans des écoles spécialement créées pour eux/elles et adaptées à leurs besoins particuliers. L’UNICEF propose en outre des programmes de formation et fournit à la fin ce qu’on appelle un kit de démarrage, par exemple une boîte à outils.
Au Soudan du Sud aussi, l’UNICEF s’engage inlassablement auprès du gouvernement et des groupes armés pour que les enfants soldats retrouvent une vie normale. Depuis 2013, l’UNICEF a contribué à la libération et à la réinsertion de 3 785 enfants qui étaient en contact avec des groupes armés au Soudan du Sud. Sous l’égide de la Commission nationale du désarmement, de la démobilisation et de la réinsertion du gouvernement du Soudan du Sud, les enfants libéré. e. s sont accueilli. e. s dans des foyers de transition mis en place par l’UNICEF et des partenaires, où ils/elles reçoivent l’essentiel comme des vêtements, de la nourriture et des soins médicaux. Suite à leur enregistrement, l’UNICEF commence à chercher leur famille afin de les réunir lorsque c’est possible.
Les enfants reçoivent aussi des conseils et une aide psychosociale, ainsi que des offres de réinsertion sociale et économique comme des formations sur des aptitudes professionnelles et pratiques, afin qu’ils/elles puissent percevoir un revenu. L’UNICEF établit pour chaque enfant un plan intersectoriel en trois ans afin qu’il/elle reçoive l’aide et le suivi nécessaires.
- Les chiffres sont basés sur le rapport des Nations Unies sur les enfants et les conflits armés, publié en 2022.
Source : https://www.unicef.ch/fr
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