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Parlement – «government programme 2025-2029»

Entre réformes urgentes et défis

10 février 2025, 15:03

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Entre réformes urgentes et défis

Les différents ministres ont fait le point sur la situation dans leurs secteurs au Parlement, vendredi, et ont parlé des chantiers prévus. Voici un concentré de leurs interventions sur le programme gouvernemental 2025-2029.

Jyoti Jeetun, ministre des Services financiers et de la planification économique, a appelé à un renouveau pour Maurice, marquant la fin d’une ère de stagnation politique, sociale et économique. Inspirée par son parcours personnel, elle a insisté sur la nécessité de reconstruire les fondations du pays, confronté à des défis majeurs : infrastructures défaillantes, crise du coût de la vie, fuite des talents et institutions en perte de confiance. *«Le gouvernement promet des actions concrètes, priorisant la relance économique, la lutte contre la drogue et la restauration de la confiance publique. Un comité de suivi assurera la mise en œuvre du programme 2025-2029, avec des indicateurs de performance clairs. La stabilisation économique est urgente, notamment face à l’avertissement de Moody’s sur la notation du pays.» *

Le ministère de la Planification économique, rétabli, développera ainsi une vision à long terme pour 2050, avec un cadre de planification national garantissant efficacité, transparence et inclusion. La diversification économique et l’innovation seront essentielles pour maintenir la compétitivité, notamment dans les services financiers, aujourd’hui principal contributeur au produit intérieur brut. La ministre a aussi mis l’accent sur la rétention des talents, l’amélioration du climat des affaires et la lutte contre la bureaucratie inefficace.

Quant au ministre de l’Industrie, des petites et moyennes entreprises (PME) et des coopératives, Aadil Ameer Meea, il a dit avoir hérité d’une situation précaire où les secteurs industriels et manufacturiers ont été affaiblis par une décennie de mauvaise gestion sous le précédent gouvernement. Depuis 2014, le pays a connu une érosion de sa base industrielle avec une baisse significative du nombre d’entreprises exportatrices et locales, une diminution de l’emploi manufacturier (de 100 000 à moins de 85 000) et une chute des exportations de 30 % en raison de la dépréciation de la roupie.

Le ministre a souligné l’urgence de redynamiser le secteur manufacturier par des réformes structurelles et un dialogue renforcé avec les parties prenantes. Il a annoncé les Assises de l’industrie 2025 pour élaborer des stratégies de croissance durable, critiquant le manque de promotion des exportations sous le précédent gouvernement et proposant une refonte de l’Economic Development Board (EDB) pour mieux soutenir l’investissement productif. Concernant les PME, il prévoit de réviser la SME Act de 2017 pour faciliter l’accès au financement et encourager l’innovation. Le secteur coopératif sera également réformé, avec des mesures pour améliorer la gouvernance et l’intégration numérique.

Marie Roxana Collet, députée de Rodrigues, a souligné l’importance du programme gouvernemental 2025- 2029, en insistant sur la nécessité d’un développement inclusif qui ne laisse personne derrière. Elle a rappelé que Rodrigues contribue significativement à l’économie bleue de la République. Mettant en avant la nécessité de projets structurants pour Rodrigues en tant que 21e circonscription, elle a appelé le gouvernement central à un soutien accru. Parmi ses priorités, elle a insisté sur la diplomatie parlementaire, la transparence et la responsabilité. L’accès équitable à l’eau est un enjeu crucial pour elle, affirmant que les Rodriguais doivent pouvoir «vivre et non survivre».

Elle a aussi critiqué les longues files d’attente pour les services publics, notamment l’accès aux billets d’avion, aux services administratifs et aux aides économiques. Elle a exhorté à rétablir la dignité et la confiance du peuple rodriguais, et a appelé à l’unité et à la solidarité nationale pour combattre la pauvreté, le chômage, la discrimination, la criminalité et la corruption. Elle a mis en avant le développement économique de Rodrigues à travers l’agrandissement de l’aéroport, un second câble optique et l’innovation dans l’éducation et la santé.

«Zombies»

Dans son intervention, le député Franco Quirin a mis en lumière l’ampleur du problème de la drogue à Maurice, un fléau qui ravage la jeunesse et détruit des familles entières. Il a souligné la prolifération des substances psychoactives, accessibles et bon marché, transformant les consommateurs en «zombies». Selon Afrobarometer (2024), la drogue est perçue comme le deuxième problème le plus urgent du pays après le coût de la vie. Il a alerté sur la montée du trafic de drogue, devenu une économie parallèle où des gangs organisés exploitent même des mineurs.

Les saisies de drogue par la police entre 2023 et 2024 s’élèvent à plus de Rs 1,4 milliard, mais la quantité réelle en circulation serait bien plus élevée. Franco Quirin a dénoncé le manque d’efficacité des forces de l’ordre et a appelé à une répression accrue, incluant le renforcement des unités antidrogues et des patrouilles armées si nécessaire. Il a salué la création prochaine d’une agence nationale contre la drogue et a appelé à écouter les travailleurs sociaux. Enfin, il a proposé un débat national et un éventuel référendum sur la dépénalisation du cannabis comme solution alternative.

Le ministre des Affaires étrangères, Ritish Ramful, a dénoncé une mauvaise gestion des fonds publics sous le précédent gouvernement. Il a révélé plusieurs cas de gaspillage, notamment le logement d’un hautcommissaire dans un hôtel pendant 11 mois au lieu d’un appartement sécurisé, entraînant un coût de Rs 2,7 millions. De plus, un bien immobilier gouvernemental à Washington, destiné à la vente pour financer un nouveau local, est resté inoccupé, coûtant Rs 18 millions en loyers alternatifs et subissant une perte de valeur de 30 %. À Paris et à Londres, des résidences diplomatiques ont été abandonnées pour des rénovations jamais effectuées, entraînant des loyers excessifs (Rs 8,9 millions et Rs 24,2 millions respectivement). À Addis Abeba en Éthiopie, un nouveau bâtiment diplomatique de Rs 238 millions reste inutilisé, le gouvernement ayant dû payer Rs 8,4 millions pour loger l’ambassadeur ailleurs.

Nominations abusives

Le ministre a également dénoncé des nominations abusives sous le précédent gouvernement, avec des postes d’ambassadeurs créés uniquement pour des proches, parfois en doublon dans des missions diplomatiques. Il a critiqué des irrégularités telles que l’utilisation non autorisée de véhicules diplomatiques et des abus sur les congés. Enfin, il a présenté la vision du nouveau gouvernement pour renforcer l’intégration régionale et les investissements à travers la Southern African Development Community (SADC) et la Zone de libre-échange africaine.

Dhaneshwar Damry, junior minister aux Finances, a exprimé des préoccupations concernant la stabilité macroéconomique et la croissance économique, tout en critiquant sévèrement le précédent gouvernement pour avoir mis en péril les finances publiques. Il a accusé l’administration précédente de dilapider l’espace fiscal et d’avoir manipulé les données économiques. Il a expliqué que le gouvernement actuel prenait des mesures correctives dans quatre domaines clés : la consolidation fiscale, la réduction de la dette publique, la maîtrise de l’inflation alimentaire et la gestion des entreprises publiques. Il a souligné les défaillances des entreprises d’État qui ont accentué la pression sur la dette publique. Il a également évoqué l’importance de revenir à une gestion basée sur la performance avec des indicateurs de performance clés (KPI) pour les secteurs publics, comme l’EDB et la Mauritius Revenue Authority. Il a rappelé que le pays avait perdu sa position de leader en Afrique en termes de facilité de faire des affaires et qu’il fallait redresser cette situation. Enfin, Dhaneshwar Damry a abordé les défis en matière de politique internationale, notamment la suspension de Maurice de la SADC et la dégradation de la position de Maurice par rapport à l’Inde.

Le député Farhad Aumeer a parlé des mesures immédiates du nouveau gouvernement pour éviter une dégradation des notations économiques de Maurice, insistant sur la nécessité de renforcer la bonne gouvernance, et de restaurer la confiance dans les institutions financières et judiciaires. Le député a également plaidé pour une lutte incessante contre la corruption, citant plusieurs scandales, et a souligné la création de comités de sélection pour renforcer la transparence.

En matière de santé, il a dénoncé la gestion des soins dans les hôpitaux, notamment à Rodrigues, et a appelé à des réformes pour améliorer les conditions de traitement, en particulier pour les femmes enceintes et les mères. Il a également plaidé pour des régulations strictes concernant les entités médicales, promettant des traitements à l’étranger.

Le Parlement a été ajourné au vendredi 21 février à 15 heures.

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