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Préservation de l’Île aux Bénitiers

Fin de l’occupation illégale, place à une gestion encadrée

20 février 2025, 05:03

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Fin de l’occupation illégale, place à une gestion encadrée

Le ministère du Logement a émis un ordre d’expulsion envers ceux qui occupent illégalement des terrains sur l’île aux Bénitiers

Le ministère du Logement a pris une décision ferme pour régulariser la situation à l’Île aux Bénitiers. Suite à une inspection menée par les autorités, un ordre d’expulsion a été émis contre les occupants illégaux le mardi 18 février. Cette mesure, initiée par le ministre du Logement, Shakeel Mohamed, vise à préserver l’écosystème fragile de ce site naturel emblématique.

Lors d’une première visite le 10 janvier 2025, les autorités ont constaté la prolifération de structures illégales, soulevant des inquiétudes quant à la protection de la faune et de la flore locales. Une seconde inspection, menée le 28 janvier, a révélé la présence de 171 installations non autorisées. Face à cette situation alarmante, un comité interministériel, composé de représentants des ministères du Logement, de l’Agro-industrie, de l’Économie bleue, du Tourisme et de l’Environnement, a décidé d’expulser les occupants illégaux. Parmi les problèmes identifiés figurent une infestation de rats, la présence accrue de chiens errants, une mauvaise gestion des déchets et des activités affectant l’environnement..

Conformément à la State Lands Act, toutes les structures érigées sans autorisation, y compris les tentes et charpentes en bois, doivent être démontées dans un délai de sept jours. Au-delà de cette période, des actions légales seront engagées contre les contrevenants. Cependant, le ministère assure que l’accès à l’île restera libre au public, à condition que les visiteurs respectent l’environnement et s’abstiennent d’installer des infrastructures permanentes.

Jessica Toussaint, présente sur l’île depuis plus de 16 ans et vendeuse de vêtements et d’artisanat, exprime son exaspération face à cette décision soudaine : «Ce n’est pas possible de tout détruire en sept jours sans alternative ! Nous avons des familles à nourrir. Nous demandons à être régularisés. Aujourd’hui, c’est devenu un vrai marché à l’île aux Bénitiers, mais nous respectons la nature et l’écosystème.»

Le ministère du Logement et des Terres assure qu’un plan de développement structurant sera bientôt soumis au Cabinet pour approbation. Ce projet prévoit des échoppes réglementées, un système de gardiennage et des mesures écologiques afin de concilier activités économiques et préservation de la nature.

Installations temporaires

Shakeel Mohamed a indiqué que les opérateurs économiques présents sur l’île pourront continuer à travailler en utilisant des installations temporaires, telles que des tables et des tentes amovibles, à condition qu’ils les enlèvent à la fin de leurs activités quotidiennes. Il invite les opérateurs à prendre contact avec son ministère au 401 38 55 pour plus d’informations.

Murali Krishna Appandi, président de #Savetheblu, met en garde contre les conséquences sociales et économiques de ces expulsions : «Environ 250 personnes dépendent de ce secteur pour subvenir aux besoins de leurs familles. L’expulsion pourrait entraîner une augmentation de la criminalité, de la pauvreté chez les femmes et les jeunes, ainsi qu›une recrudescence des activités illicites. Cela nuirait également à l’image touristique du sud-ouest de Maurice.»

L’organisation propose une approche structurée et durable divisant l’île en trois zones distinctes :

Zone commerciale réglementée : Maintien des activités artisanales et commerciales sous un modèle encadré avec des infrastructures écologiques (zéro plastique, gestion stricte des déchets, installations sanitaires).

Zone de conservation : Accès réglementé pour permettre aux visiteurs de participer à des activités environnementales (plantation d’arbres, restauration de coraux et de mangroves).

Zone protégée : Espace entièrement préservé, interdit au public sauf pour des études scientifiques. Certaines structures illégales pourraient être transformées en laboratoires de conservation gérés par des ONG environnementales qualifiées.

Christopher Morne, moniteur de voile, soutient la décision du gouvernement mais insiste sur la nécessité d’accorder la priorité aux habitants de la région pour l’octroi des permis d’exploitation : «Il faut que tout soit transparent. Les jeunes de la région doivent avoir la priorité pour obtenir des licences d’exploitation. Il faut aussi consulter les opérateurs avant la mise en place du projet.»

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