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Système de retraite
Fin du NPF : une trahison électorale déguisée en réforme ?
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Système de retraite
Fin du NPF : une trahison électorale déguisée en réforme ?

Le ministre de la Sécurité sociale, Ashok Subron, dresse un réquisitoire complet contre la décision de l’ancien gouvernement dirigé par le MSM de mettre un terme aux cotisations au National Pension Fund (NPF) en septembre 2020. Cette mesure, soutient-il, ne repose ni sur une logique économique, ni sur une réforme sociale sérieuse, mais sur des considérations électoralistes et des intérêts particuliers. Il affirme qu’elle a causé un tort irréparable à la classe laborieuse du pays. Selon Ashok Subron, la réforme du système de retraite décidée par le régime sortant date de la campagne électorale de 2019.
Le gouvernement avait alors promis une augmentation de la Basic Retirement Pension (BRP) de Rs 4 500. Or, une fois au pouvoir, il aurait été dans l’incapacité de financer cette promesse avec les ressources disponibles. «Incapable de respecter cet engagement, le ministre des Finances de l’époque, Renganaden Padayachy, a tenté d’utiliser les fonds du NPF pour financer cette hausse de la BRP. Il a même donné des instructions à des fonctionnaires de mon ministère en ce sens. Mais cette tentative a été fermement rejetée par les cadres du ministère de la Sécurité sociale, car le NPF est un fonds contributif destiné exclusivement aux employés ayant cotisé», explique Ashok Subron.
Abandon sous de faux prétextes
Face à ce refus légitime, l’ancien gouvernement a alors opté pour la création de la Contribution sociale généralisée (CSG), un système de prélèvement non contributif, qui, selon Subron, a détourné le sens même du contrat social entre travailleurs et État. Le ministre s’est également attaqué frontalement aux justifications avancées à l’époque par Renganaden Padayachy, qui avait déclaré que le NPF était un système «insoutenable, injuste et régressif».
Des affirmations qu’Ashok Subron juge aujourd’hui erronées, voire manipulatrices. «En 2020, la valeur du fonds s’élevait à Rs 139 milliards. Durant les cinq dernières années, le NPF a versé environ Rs 23 milliards en prestations ; pourtant, le fonds s’élève aujourd’hui à Rs 160,5 milliards. Mathématiquement, il aurait dû chuter à Rs 116 milliards, mais au contraire, il a progressé. Cela prouve qu’il n’y avait aucune menace sur la viabilité du NPF.» Le ministre ajoute que si les cotisations n’avaient pas été suspendues, le fonds atteindrait actuellement près de Rs 200 milliards, en tenant compte d’un rendement annualisé de 7,5 %, le taux moyen enregistré sur les cinq dernières années et d’un apport annuel de Rs 5 milliards en cotisations.
Sacrifier plutôt que réformer
Ashok Subron reconnaît que le NPF présentait certaines injustices, notamment liées à la base de calcul des cotisations, limitée à une portion du salaire de base. Mais il dénonce le fait que le gouvernement MSM ait préféré abolir le système plutôt que de le réformer de manière équitable et progressiste. «Les syndicats ont longtemps réclamé que les cotisations soient calculées sur l’ensemble de la rémunération, et non uniquement sur le salaire de base plafonné. Si cela avait été fait, avec une contribution basée sur un salaire moyen de Rs 35 000 pour 325 000 salariés du secteur privé, les rentrées pour le NPF auraient pu atteindre Rs 12 milliards par an», a-t-il fait ressortir.
Il regrette que le gouvernement d’alors ait délibérément ignoré ces pistes de réforme et ait préféré introduire la CSG, qui, selon lui, a surtout servi les intérêts d’une élite économique et non ceux des travailleurs. «En stoppant les cotisations au NPF, le précédent régime a sciemment provoqué la mort programmée d’un pilier fondamental du système de protection sociale mauricien», a affirmé Ashok Subron. Il la qualifie de «crime social» commis au détriment des générations présentes et futures de travailleurs.
Le ministre accuse également certains groupes d’intérêt d’avoir profité des largesses de l’État à travers des concessions démesurées, tout en laissant les travailleurs porter le poids des décisions injustes. «La CSG n’a pas été une solution équitable. C’était un détournement de fonds publics déguisé en réforme», a-t-il soutenu. Il appelle ainsi la population à se mobiliser pour défendre les droits des travailleurs et à participer activement au débat sur l’avenir du système de pension.
Ashok Subron met en garde contre les tentatives de manipulation par ceux qu’il qualifie de «pension mongers», des acteurs intéressés davantage par les profits que par la justice sociale. «Je lance un appel à tous les Mauriciens : débattons de la question des retraites avec passion, mais aussi avec rigueur. Restons vigilants. Le pays ne peut plus se permettre d’autres erreurs de cette ampleur», a-t-il conclu.
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