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Mai 75

Grève estudiantine l héritage, fractures et avenir de l’éducation mauricienne

19 mai 2025, 10:00

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Grève estudiantine l héritage, fractures et avenir de l’éducation mauricienne

En mai 1975, ils avaient quitté les classes pour réclamer un avenir. Cinquante ans plus tard, l’éducation est gratuite, les écoles ont fleuri, mais les frustrations demeurent. Faut-il craindre un nouveau soulèvement – ou espérer un vrai dialogue ?

Il y a 50 ans, des collégiens et de jeunes adultes descendaient dans les rues pour réclamer une éducation juste et accessible à tous. Ils n’étaient pas armés de hashtags ni de vidéos virales, mais de leur détermination, de leur colère face aux injustices et de leur foi dans le pouvoir du collectif. C’était en mai 1975, une époque où les inégalités scolaires étaient criantes, et où manifester signifiait sortir de l’école et des sentiers battus, braver l’autorité et prendre sa place dans l’histoire.

Un demi-siècle plus tard, la question se pose : cet esprit de lutte sommeille-t-il toujours dans les couloirs des collèges ? Les élèves d’aujourd’hui, englués dans la réalité virtuelle des réseaux sociaux, seraient-ils capables d’une telle mobilisation ? Et surtout, où en est réellement le système éducatif mauricien ?

Pour Yugeshwar Kisto (photo), président de la Government Secondary School Teachers’ Union, la grève de 1975 a été un catalyseur majeur :«Ce mouvement a été un tournant pour notre système éducatif. Il a réveillé une prise de conscience nationale. Dans les années qui ont suivi, on a assisté à une véritable démocratisation de l’accès à l’éducation.»

En effet, cette contestation historique a mené à une décision majeure : l’introduction de l’éducation gratuite au niveau secondaire dès 1976. Des collèges ont vu le jour, les programmes ont évolué et des efforts ont été entrepris pour inclure davantage d’élèves issus de milieux défavorisés. Mais malgré les avancées, certaines revendications fondamentales de l’époque résonnent encore : égalité des chances, qualité pour tous, éducation comme levier de transformation sociale.

«Aujourd’hui, le droit de grève reste un outil légitime», souligne Yugeshwar Kisto. «Mais nous privilégions une approche plus structurée : participation aux consultations, collaboration avec les parents, communication via les médias… L’unité reste essentielle pour un système au service de tous.»


Le regard du militant d’hier

Vinod Seegum (photo), ancien président de la Government Teachers’ Union, porte un regard personnel sur cette époque charnière. Il en parle avec émotion, lui qui a vécu ces journées de tension et d’espoir :«En 1975, il y avait une grande injustice. Les parents devaient faire un choix déchirant : envoyer un seul enfant au collège, pendant que les autres allaient dans les champs. Les familles étaient nombreuses et l’éducation payante excluait les plus pauvres.»

La grève fut donc un cri collectif pour un avenir meilleur. Et elle porta ses fruits. L’annonce, dès 1976, de l’éducation gratuite au secondaire par le Premier ministre d’alors marqua un tournant historique.«C’était un changement immense», dit-il.

Mais 50 ans plus tard, Vinod Seegum ne cache pas sa déception. Il évoque les promesses non tenues, les lacunes dans l’implémentation, notamment dans les collèges privés sous la Private Secondary Schools Authority, devenue aujourd’hui la Private Secondary Education Authority. Il critique aussi l’essor des leçons particulières, qu’il considère comme un facteur d’individualisme et d’égoïsme.

«L’élève qui suit des cours payants ne partage plus ce qu’il apprend. La solidarité se perd.» Et surtout, il déplore la fragmentation syndicale actuelle : «Aujourd’hui, l’unité syndicale n’existe plus. Tout le monde veut diriger. Qui va prendre la tête d’un mouvement national ? Personne n’ose.» Il lance néanmoins un appel aux autorités :

«Il faut renouer avec le dialogue. Recréer un espace de discussion régulier, comme il y en avait avant. Trop d’officiers sont allergiques aux syndicats. On a besoin de partenaires pour éviter que la situation ne pourrisse.»


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■ La photo parle d’elle-même : les jeunes n’ont pas hésité à descendre dans les rues pour faire entendre leur voix, le 20 mai 1975. Ici, la foule est sur les berges de Grande-Rivière-Nord-Ouest.

Une transformation structurelle… et ses limites

Harrish Reedoy(photo), pédagogue, analyse avec recul l’évolution du système éducatif depuis 1975. Selon lui, les progrès sont indéniables : «L’introduction de l’éducation gratuite, l’élargissement de l’accès au secondaire et au supérieur, les réformes des examens, l’intégration du numérique… Tout cela a contribué à transformer le paysage éducatif.»

Mais il alerte sur une série de défis persistants : précarité contractuelle, surcharge administrative, manque de reconnaissance, lenteur bureaucratique.«Le combat n’est pas terminé», affirme-t-il. Et surtout, il souligne l’importance d’un dialogue sincère. «Les grèves sont encadrées, les voix peuvent encore se faire entendre. Mais pour éviter les confrontations, il faut impliquer davantage les praticiens, écouter, agir avec une volonté politique.» Il insiste :«L’éducation est un droit. La défendre doit rester un devoir collectif.»

Peut-on imaginer aujourd’hui une mobilisation étudiante d’ampleur nationale comme celle de 1975 ? Difficile à dire. Le contexte a profondément changé. Les jeunes sont aujourd’hui hyperconnectés, mais parfois déconnectés de la réalité sociopolitique. Le numérique crée des bulles d’indignation éphémères, vite remplacées par d’autres vagues.

Et pourtant… les frustrations existent. Les inégalités n’ont pas disparu. Les collégiens d’aujourd’hui voient leurs parents peiner à payer des cours particuliers, constatent des disparités entre écoles, s’interrogent sr la qualité des infrastructures ou des repas servis à la cantine. Ils dénoncent parfois sur TikTok ou Instagram, mais passent rarement à l’action dans la rue.

Alors, cette génération serait-elle incapable de se mobiliser ? Ou attend-elle un déclic, un événement déclencheur, une cause rassembleuse ? Les syndicats, eux, continuent d’y croire. À condition qu’on leur tende la main. Qu’on crée les espaces de dialogue. Qu’on respecte leur voix. Et surtout, qu’on ne trahisse pas l’héritage de 1975, ce moment où les jeunes ont montré qu’ils pouvaient faire bouger tout un système.


L’heure du Bilan

5.jpg ■ Ils étaient nombreux à GrandeRivière-Nord-Ouest, hier, pour se remémorer cette grève historique.

«Nous pourrons achever ce qu’on nous avait empêchés de faire à coups de matraques, de bottes, de gaz lacrymogène.» Cinquante ans après le soulèvement historique du 20 mai 1975, l’Observatoire de la Démocratie (ODD) a appelé à un devoir de mémoire, mais aussi à une réflexion collective sur l’évolution du système éducatif et des valeurs qui ont animé cette jeunesse en lutte.

Hier, une traversée symbolique du vieux pont de la Grande-Rivière-Nord-Ouest a marqué ce 50e anniversaire. Un moment fort destiné à rappeler le courage de ces jeunes collégiens et collégiennes, dont certains n’avaient que 11 ou 12 ans, et qui, malgré leur âge, furent confrontés à une violence policière disproportionnée. Leur seule revendication ? Une éducation juste, égalitaire, mauricianisée, décolonisée.

Plusieurs discours ont été prononcés lors de cette demi-journée de rencontre et de réflexion au GRNW Municipal Hall à Batterie Road, autour du thème «50 ans après – Quel bilan ?». Cela a été l’occasion de revisiter les acquis (comme l’éducation gratuite), mais aussi de questionner les dérives actuelles : élitisme croissant, perte des idéaux d’égalité et de justice sociale.

L’ODD a lancé un appel à la population : celui de se mobiliser pour ne pas laisser s’éteindre la mémoire de cette lutte fondatrice.«Ce n’est qu’en assumant pleinement notre histoire que nous pourrons construire une société plus juste», souligne l’observatoire.


Témoignages d’une révolte estudiantine, 50 ans après

Le 20 mai 1975, sept ans après son accession à l’Indépendance, Maurice a connu une révolte estudiantine majeure. Des milliers de collégiens et d’étudiants sont descendus dans la rue, affrontant matraques et gaz lacrymogène. Cette mobilisation a abouti à l’éducation gratuite et au droit de vote à 18 ans. Cinquante ans plus tard, les témoins de l’époque livrent souvenirs et réflexions.

Bernard Li Kwong Ken, freelance consultant in strategic management and business development as well as CSR projects

«Si seulement jeunesse savait et que vieillesse pouvait !!!»

«I was a student of Collège du St-Esprit – Lower 6, and on that day, I did not attend classes. I had heard on the radio about the different protests happening within different colleges and the rising tensions. I was then in Port Louis city centre and decided to catch the bus to go to Quatre-Bornes and hopefully meet my friends and fellow students.

I have to point out that I was not in school uniform for obvious reasons… and when my bus reached Cité Vallijee, the traffic had completely stopped and I got down from the bus to see what was happening. By the time I reached Canal Dayot, I could see that there was a big crowd by the GRNW bridge, consisting exclusively of students from different colleges of Port-Louis, and they were being prevented from going any further by the Riot Unit, all dressed in full battle gear.

On approaching the said bridge, I could see that on the other side of the river, by the T-road junction leading to Pointe-aux-Sables and Coromandel, an even bigger crowd of students in uniforms of colleges of the Plaine-Wilhems had gathered, and they also were stopped by the Riot Unit in full battle gear… I quickly figured out that my friends were on the other side and nothing could stop me from joining them, so I decided to try my luck to cross the bridge.

I proceeded to the bridge and kindly asked permission from a policeman who looked like he was the most senior and in command – lying that I lived in Pointe-aux-Sables and was on my way home… IT WORKED and he accompanied me to the police cordon and asked them to let me through!!! The fact that I was not dressed in any college uniform worked wonders!!!

Once on the other side, I looked for my friends, and by that time, it was already around 2.00 p.m., and everyone was starting to discuss what’s next as the protest march had been stopped and it had been hours since… and the school day was coming to an end.

When I crossed over the bridge, I did notice that there was a car that was caught in the middle of the crowd, approximately ten metres from the police cordon, and for some reason, the owner had left it there. Soon after, I saw the same car being pushed by the students towards the police cordon and suddenly, all hell broke loose… as the Riot Unit, under the unexpected threat of the oncoming car, started to charge with their batons, and pandemonium it was amongst the students, and not before long, I heard the sound of tear gas guns being fired on both sides of the bridge…

I too had to run away towards Coromandel and, on reaching Montée S. at the junction to Petite-Rivière, I saw some of the students crossing to the other side of the river by way of the old train track bridge… and I did the same. And from there, it was a long walk home to Port-Louis city centre, but those were the days when time was no time…

Si seulement jeunesse savait et que vieillesse pouvait !!!»


Flavia doherty-bigara, auteure et membre de bazekri20

«Je pleurais, j’étouffais, il fallait sortir de là»

«En Mai 75, j’ai décroché mon premier job. Il ne durerait que quelques semaines, mais j’étais tout excitée d’être interprète au bureau des visas d’Australie. L’Australie n’avait pas encore de Haute-Commission résidente à Maurice ; une délégation de trois personnes effectuait périodiquement le filtrage des Mauriciens ayant soumis une demande d’émigration.

La majorité des candidats étaient des artisans et presque toujours, la communication nécessitait l’intervention d’un interprète. Je n’ai jamais autant consulté le dictionnaire que pendant cette période. Les mots plombier, monteur n’étaient pas familiers. Le soir, je cherchais la traduction des noms de métiers pour les dossiers du lendemain ! Le bureau était situé à l’étage de la banque Baroda, dans la rue des Banques ou la rue des Affaires – sir W. Newton –, à proximité de la Banque de Maurice.

À l’heure du déjeuner, je découvrais Port-Louis, arpentant quelques rues en prenant bien soin de ne pas me perdre. Un jour, il y a eu comme un grondement qui se rapprochait et une galopade dans une rue latérale proche, Léoville l’Homme. Un groupe de jeunes fuyait. La police, en tenue de combat équipée de masques et de matraques, les poursuivait. Évidemment, j’ai eu envie de m’approcher pour bien voir et la police a lâché du gaz lacrymogène. Dans la rue, les gens couraient, s’abritaient dans les magasins.

Pour ma part, je pleurais, j’étouffais, il fallait sortir de là. Grosse panique pour la curieuse. Fuir en aveugle, c’était une horrible sensation. Dans l’ascenseur de l’immeuble, je me souviens que mes yeux coulaient toujours et j’avais du mal à respirer. Je n’ai pas eu envie de savoir pourquoi les étudiants étaient à Port-Louis ce jour-là. Pour que la réaction de la police – la Riot Unit – soit aussi musclée pour les disperser, peut-être avaient-ils l’intention de manifester devant l’Hôtel du gouvernement.»

**Luc Olivier, ancien dactylographe, correcteur, secrétaire général à la rédaction de «l’express»

«Il est plus que temps aujourd’hui de revoir le système de fond en comble»

«Qu’allait nous apporter cette manifestation de collégiens et autres étudiants en colère soit l’expression de leur mécontentement par rapport à la disparité dans le traitement de leurs institutions respectives ? Ils ont réussi au final à amener le gouvernement au pouvoir chancelant à introduire dans son programme la gratuité du secteur éducatif. Cette mesure devait leur être concédée par le ministre titulaire du dossier, le Dr Régis Chaperon. Ce dernier s’était déplacé pour aller à la rencontre des nombreux garçons et filles manifestant, dont les cortèges, arrivant des Plaines-Wilhems et partant de Port-Louis respectivement, se rejoignirent au milieu du lit de la Grande-Rivière-Nord-Ouest, du fait que les forces de l’ordre leur avaient interdit de traverser le pont.

Cette mesure visait à mettre sur un pied d’égalité relatif les institutions huppées de l’État, d’autres sous contrôle privé, avec la majorité des établissements scolaires du pays – donc ceux disposant de moyens leur permettant de fournir à leurs élèves des équipements et plusieurs aménités indisponibles chez les autres, situés particulièrement en milieu rural.

Ainsi devait être battu en brèche, à travers une démarche d’une jeunesse enthousiasmante, l’élitisme prédominant de l’époque. La chance était de ce fait donnée à des familles moins fortunées d’inscrire leurs rejetons (particulièrement celles qui en avaient deux ou trois en même temps au niveau secondaire) sans avoir rien à débourser, leur permettant ainsi d’améliorer tant soit peu leur quotidien.

Comment et qui a coordonné cette manifestation ? D’où lui/ leur est venue l’idée ? Les réponses allaient être fournies dans les jours suivants et les noms des planificateurs cités. Certains parmi eux allaient connaître la notoriété plus tard, tandis que d’autres sont tombés dans l’anonymat.

En ce qui concerne le résultat de la gratuité de l’éducation, le sentiment général est mitigé. Il semblerait que tout n’ait pas été parfait. Il est plus que temps aujourd’hui de revoir le système de fond en comble et de repartir sur de nouvelles bases.»


Un retraité, qui avait 15 ans à l’époque

«C’était un moment fort»

«J’étais un élève en Form 3 dans un collège de la capitale. Ce jour-là, nous avons suivi les grands sans savoir pourquoi. Ti enn fun. Tous les collèges de Port-Louis se sont rejoints et partaient en direction de RoseHill où les autres collèges de Rose-Hill venaient à notre rencontre. Arrivés au pont de Grande-Rivière, la police nous a empêchés de passer pour éviter que les étudiants des deux villes se rencontrent. Un militant a commencé à hurler et à provoquer les policiers que l’on appelait les gard baton. Effectivement, ils ont utilisé leur bâton et du gaz. C’était un moment fort. Même si, étant jeune, je ne comprenais pas grand-chose, j’ai vu la solidarité entre tous les collèges ce jour-là.»

Alain Ah-Vee, manb lalit e lpt (sa lartik la baze anparti lor enn text ki finn pibliye lor web lalit)

«Li ti anmemtan enn kontestasyon kont enn sosyete inegal e represif»

«An 1975 mo ti etidyan Kolez New Eton, Rozil. Mo ti dan Form 4. Alepok kolez ti peyan. Bann paran ti bizin pey ant Rs 35 (pu Form 1) ziska Rs 50 (pu Form 6) kuma fiz kolez par mwa. Sa fiz mansyel la ti reprezant buku dan bidze bann fami travayer. Zelev ti amenn sa kas la sak mwa, peye ar zot prop lame. Ena buku paran ti pe gayn difikilte pey kolez. Dan plizir kolez ladireksyon ti exize ki tu fiz bizin peye anavans sak mwa oplitar le 10.Anfet buku etidyan pa ti kapav amenn zot kas ziska sa dat la, me ti reysi zis kan lafin dimwa koste. Alor etidyan kolez prive ti konsyan sa problem ekonomik la. Zot ti pe realize kimanyer zot paran pe peye pu zot ledikasyon e osi kimanyer zot pena mem fasilite ki kolez deta.

Anfet depi kumansman lane ’75 ti ena konfli ti pe kumans leve dan buku kolez inpe partu dan pei. Etidyan kolez diferan rezyon ti pe ankoler, ti pe proteste, ti pe mem fer sit-inn kont mank lantretyin infrastritir, mank lekipman dan laboratwar, mank profeser, ogmantasyon fiz mansyel. Mo rapel enn grup etidyan New Eton ti fer konplint ar ladministrasyon kolez depi Fevriye akoz zot lasal klas ti kule kan lapli tonbe. Me ti ena osi protestasyon kont konteni ledikasyon akoz kerikilem ki nye listwar Moris, akoz politik langaz ki reprim langaz Kreol, akoz enn form lorganizasyon lekolaz e size ki anseyne ki propaz sexism e ki anmemtan nuri divizyon kominal-relizye. An gro kapav dir ti deza ena enn klima kontestasyon parmi etidyan tu kolez, ki li prive uswa deta, kont lotorite akoz disparite onivo infrastriktir ant diferan kolez, me osi akoz kontenimem ledikasyon.

Depi plizir semenn avan le 20 Me nu ti tann dir pu ena lagrev dan kolez. Kuma nu ti pe gayn linformasyon? Dan mo klas nu ti ena enn grup kamarad ki ti pe swiv tu seki bann pli gran, dan Form 5-6 fer. Mwa, mo ti ena enn kuzin dan Form 6 dan mem kolez ki ti aktif dan buku aktivite sportif ek kiltirel onivo New Eton me osi ar etidyan lezot kolez. Li ti konn inpe plis lor seki pe koze ek devlope ant etidyan. Atraver li nu ti pe gayn linformasyon lor lamars.

Alor kumsa ki nu kone depi avan ki pu ena enn lamars le 20 Me ver Port Louis. Dan nu klas enn grup zelev nu ti fini deside ant nu ki nu pu zwenn sa lamars la. Sa zur le 20 Me 1975 gramatin dan lakur lekol ti ena grup-grup etidyan inpe partu. Lerla enn sertin moman tu etidyan prezan finn kumans rasanble akote lantre Kolez e kumans marse ver larut Royal. Kan ariv kot Plaza ti ena par santenn etidyan lezot kolez Rozil, depi Queen Elisabeth, Eden, Patten finn zwenn lamars. Lari ti ranpli ar plizir milye etidyan diferan kolez, garson-tifi, depi Form 1 ziska Form 5 pe marse e manifeste. Kan ariv Coignet mwa ek enn kamarad klas, nu ti aret kot enn latelye kordonye pu gard nu sak lekol laba. Kumsa nu lame ti lib, nu ti krwar, si zame lapolis rod malmenn nu. Mem nu ti dan Form 4, nu ti fini prevwar sa posibilite la. Li ti fasil sa lepok la pu dimunn ede, pu gayn sutyin. Travayer, kuma kot sa latelye kordonye, anzeneral ti sutenir revandikasyon etidyan.

Dan lamars ti ena enn latmosfer ranpli ar determinasyon. Ti ena buku lantuzyast, e nu ti santi enn espes solidarite kuma zame nu’nn viv. Parmi bann revandikasyon lamas etidyan ti ena: dekoloniz sistem ledikasyon, ki pena disparite ant kolez, itiliz langaz Kreol dan lekol, pu plis egalite ek liberte dan ledikasyon. Amezir sa lamare zenn ti pe diriz ver Port Louis laful ti pe grandi avek etidyan lezot rezyon. Mo ti zwenn etidyan kolez depi Lesid, ena depi Mahebourg. Buku profeser ti solider ek ena ti zwenn dan lamars.

Kan ariv pon Gran Rivyer, enn kantite Riot ti forme laba. Zot ti kareman blok lamars, reprim etidyan kut gaz, kut matrak. Laful ti disperse anba pon, lor kolinn Latour Koenig. Plizir etidyan ti arete. E landime, swit a sa represyon lavey kot Pon GRNW, telman ti ena enn gran lakoler ki ti ena manifestasyon ek barikad dan Rozil ki mo finn temwayne. Sa mem zur la RIOT ti rant dan kolez New Eton, matrak zelev dan klas e dan lasal laboratwar. Alor, li ti enn konfrontasyon byin dir. Li ti anmemtan enn kontestasyon kont enn sosyete inegal e represif. E sa gran mobilizasyon ek kontestasyon kolektif etidyan la finn kit so tras e amenn bann aki kuma drwa devot apartir laz 18 an, kuma ledikasyon gratis. Me osi finn ena dan lelan muvman Me 75 kreasyon plizir grup kuma LALIT, LPT, MLF ki zordi 50 an apre, pe kontiyn gard vivan lespri muvman Me 75 e amenn lalit kont tu kalite represyon Leta, lalit pu aret reprim langaz Kreol, pu dekoloniz sistem ledikasyon, pu ferm baz Diego, pu aret zenosid lepep Palestinn, kont inegalite e pu plis liberte.»

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