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Cynisme social

Ainsi, ils n’ont même pas eu la décence d’attendre que les salariés reçoivent leur petite augmentation pour entériner les diverses hausses de prix.
Pravind Jugnauth a très bien imaginé son coup. A tel point que l’on se demande où il a été chercher tant de cynisme.
Car, quel est le meilleur moment de l’année que le mois de décembre pour faire avaler le pire à ses compatriotes, quand ils veulent penser à autre chose qu’à leurs problèmes de factures, de résultats scolaires des enfants, de la pluie qui ne veut pas tomber etc etc ?
Notons que dans son discours du budget, Pravind Jugnauth renoue avec une vieille tradition que Rama Sithanen avait négligée : les grandes citations de grandes personnalités. Parfois vides de sens ou inappropriées, il faut bien le dire.
En 2005/2006, juste avant que lui et grand frère se fassent ramasser par le Parti travailliste, il avait, dans son discours budgétaire, cité de Gaulle : «La politique, quand elle est un art et un service, non point une exploitation, c’est une action pour un idéal à travers des réalités.»
Dieu seul sait ce qu’il avait voulu dire…
Cette année, c’est – excusez du peu – Martin Luther King : «…the ultimate measure is not where you stand in moments of comfort but where you stand in times of challenge».
Et à bien chercher, on peut trouver une pertinence à cela : et s’il voulait éprouver la capacité du peuple à faire face aux défis plutôt que de se complaire dans le confort ?
Ce qui confirmerait l’impression de cynisme dont fait preuve le Grand Argentier. Cela d’autant plus qu’il sait très bien que les agitations sociales vont reprendre. La Confédération des syndicats du secteur privé l’ont annoncé hier : février risque d’être chaud et les syndicats et diverses organisations sociales ont deux mois pour peaufiner leur travail d’agitation, le temps de laisser le peuple se remettre de la gueule de bois de décembre et de sentir les effets des augmentations de prix.
Mais il a vraiment pensé à tout Pravind Jugnauth : la vie devient plus dure ? La paupérisation s’accélère ? La misère met à mal l’ordre et la loi ? Il a la solution notre ministre des Finances, puisqu’il s’agit, comme il l’indique dans son discours, de faire de sorte que Maurice reste «a safe country to live and do business».
Bientôt, il y aura 770 nouvelles recrues dans la force policière, un nouveau centre de détention à Piton et une nouvelle prison de haute sécurité pour 775 détenus à Melrose.
Suggérons-lui d’utiliser cet appel d’un petit bonhomme très nerveux quand les choses s’empireront : «The streets of our country are in turmoil. […] We need law and order. Without law and order our nation cannot survive.»
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