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En temps et lieu

31 mai 2012, 04:13

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Le lieu : l’université de Maurice. C’était en 1975/76. La Students’ Union portait bien son nom. Ces étudiants étaient entiers quand ils formulaient, parfois brutalement, leurs critiques contre l’ordre établi : politique locale, rupture avec l’ex-puissance coloniale, impérialisme, racisme, communalisme, tout était passé à la moulinette.

Helen Suzman, alors députée au Parlement sud-africain à l’époque de l’apartheid, ou encore Jean-Pierre Lenoir, alors rédacteur en chef du Cernéen, en firent la cuisante expérience quand ils furent invités à des forums sur des sujets hautement politiques à l’université.

Rajiv Servansingh et Rama Poonoosamy, qui furent, par la suite, l’un et l’autre, députés du MMM, constituaient un duo de choc au sein de cette Students’ Union.

L’île Maurice se cherchait alors.

Autre temps. Même lieu. Trente-cinq ans plus tard, est-ce que ce pays s’est finalement trouvé ?

Si l’on en juge par l’impéritie caractérisée autour d’une affaire judiciaire, qui hopefully parviendra à sa conclusion dix ans après les faits, on peut en douter.

Les faits : les parents de Shabana Patel, lourdement handicapée après un accident, poursuivent la famille de la conductrice et une compagnie d’assurance Après un jugement favorable à la famille Patel, les défendeurs firent appel et deux juges décidèrent que la somme devrait être réduite. Les Patel en appelèrent finalement au Privy Council qui leur restitua la somme initiale. Au-delà de ces péripéties judiciaires, il faut noter que l’on doit encore compter sur l’ancienne puissance coloniale pour remettre de l’ordre dans nos litiges.

Le pire, c’est que le Privy Council doive faire la leçon à nos éminents juges de la Cour d’appel pour leur reprocher d’avoir pris 20 mois pour rendre un jugement, les Law Lords précisant que c’est seulement dans des cas très difficiles et complexes qu’un jugement d’appel puisse requérir trois mois d’attente.

Autre temps. Même lieu. Trente-cinq ans plus tard, est-ce que ce pays s’est trouvé ?

Malheureusement, même pas sur le plan de la distraction. Si ceux qui se voulaient iconoclastes dans les années 1970 finissent par se plier devant les éléments les plus réactionnaires de notre société, on peut décemment dire que nous nous sommes irrémédiablement égarés.

Non Immedia, c’est tout de suite les explications à propos de l’interdiction faite à Susheela Raman. Pas « en temps et lieu ».

Il est d’ailleurs déjà trop tard…

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