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Entente onéreuse

Hier, 9 décembre, était célébrée la journée mondiale du combat contre la corruption. Depuis quelques jours, les médias diffusent un sketch radiophonique mettant en scène un conducteur susceptible d’être pris en contravention et une autre personne qu’on pourrait imaginer être en situation d’autorité (suivez mon regard…)
Le document sonore se termine sur cette phrase : «Rs 100 ou Rs 100 000, koripsion se koripsion.»
Ce qui nous rappelle un événement survenu en juillet 2002. On apprenait alors dans la presse que la Cour suprême avait confirmé en appel une condamnation de la Cour intermédiaire qui avait infligé six mois de prison à un receveur. Celui-ci était intervenu auprès d’un policier pour une contravention qu’avait reçue son collègue chauffeur.
Les juges estimaient que la peine de six mois de prison était largement justifiée, vu que «it is not the small sum given which is the real issue, but the fact of corrupting a public officer in the execution of his duty which had to be checked».
Et qu’il fallait éviter de donner l’impression au public «that giving a small amount is acceptable and would be tolerated».
C’est vrai qu’aux yeux de la loi, la somme impliquée dans un acte de corruption est accessoire.
Rs 100.
Ou Rs 85 millions.
Comme la somme qu’Air Mauritius réclame à Harry Tirvengadum et que la compagnie d’aviation risque de ne pas recouvrer, vu l’état de santé ultra-gravissime de son ex-PDG.
La seule lueur d’espoir avait un nom : Raj Bungsraz. Il était l’unique personne à pouvoir témoigner de l’état de santé de Tirvengadum. Mais il s’était refusé à toute déclaration au Central CID qui avait ouvert une enquête sur cette affaire à la demande du Directeur des poursuites publiques.
Mais Bungsraz doit déjà avoir fait ses valises pour les déposer en Australie. Pour le dérangement que lui ont valu ses trois mois à la tête d’Air Mauritius, on peut imaginer qu’il n’est pas parti les mains vides.
Et encore une enquête classée.
Dans un mauvais film de série B, il aurait été question d’hommes de pouvoir se sentant menacés par le risque que représente un témoin gênant.
Nous ne sommes pas au cinéma ; ici, il n’est question que d’une entente délicieuse entre hommes du monde.
Il est bien écrit “délicieuse”, pas délictueuse…
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