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Inglourious Basterds, et si ?

17 septembre 2010, 03:55

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Dans le film Inglourious Basterds, une belle brochette d’affreux nazis – dont Hitler, Gœbbels, Göring – se fait joyeusement mitrailler et exploser dans une salle de cinéma à Paris. Ce qui changea, selon la logique du film, le cours de la Seconde guerre mondiale.

C’est le principe du “Et si…” De l’uchronie. En l’occurrence, ce qui aurait pu se passer si Hitler avait vraiment été tué en 1943. Ce qui aurait sauvé pas mal de vies humaines.

Et si… Napoléon avait gagné à Waterloo ; et si, plus près de nous, les Français avaient réussi à empêcher les Anglais de prendre possession de l’Isle de France…

Autant de choses hasardeuses qui auraient changé sinon la face du monde, du moins le cours de l’histoire…

Encore plus proche de nos préoccupations : et si, avant les élections de 1948, les bissoondoyalistes s’étaient associés au Parti travailliste de Guy Rozemont ? On peut échafauder moult hypothèses à partir de là. L’œuvre d’alphabétisation de Basdeo et de Sookdeo Bissoondoyal et le militantisme du pandit Sahadeo et de Guy Rozemont au sein du Parti travailliste auraient, d’une part, empêché un groupe d’intellectuels opportunistes de s’accaparer de ce parti, et, d’autre part, rendu caduque la campagne raciste de NMU… De même que la création éventuelle de formations politiques censées défendre les droits de ce qu’on désigne comme les “minorités”.

Et si, par la suite, Renganaden Seeneevassen avait vécu plus longtemps ? Imaginons la scène politique : les années soixante, tout un peuple uni derrière le Parti travailliste et l’IFB. L’indépendance acquise en 1968 sans qu’il eût été nécessaire de céder Diego dans un chantage insupportable, ni même d’accepter une aberration appelée Best Loser System. Seeneevassen, par son seul mérite et non par une quelconque appartenance ethnique, ou un de ses camarades de la même trempe, au poste de Premier ministre. Avec un conseil de ministres ne comprenant aucun des intellectuels opportunistes qui avaient tenté de contrôler le PTr à la fin des années quarante.

Bien sûr, tout n’aurait pas été rose. Il aurait fallu trouver un modèle de développement postcolonial, créer des emplois, attirer des investissements étrangers, notamment…

Bien sûr, d’autres intellectuels, barbus et chevelus ceux-là, rentrés au pays à la fin des années soixante, auraient créé quelques remous. Par ailleurs insignifiants, puisqu’ils se seraient contentés de réclamer du gouvernement un ancrage plus à gauche. Cependant, ils n’auraient pas eu comme mot d’ordre de remplacer une hypothétique “lutte des races” par la lutte des classes… Ils se seraient finalement joints au Parti travailliste pour le renouveler, empêchant ainsi le développement d’une bourgeoisie avide de pouvoir.
Le plus beau, c’est que quarante-deux ans après l’indépendance, on n’aurait pas gaspillé notre énergie à combattre le poison communal.

On peut aussi, cependant, imaginer que quelque part, un quelconque oisif aurait songé à quel point il aurait pu profiter de la situation si l’ethno-politics avait pu entrer dans nos mœurs 60 ans plus tôt…

Mais il se serait senti tellement, tellement passéiste, anachronique…

 

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