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Juger n’est pas jouer

27 août 2009, 06:01

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Les mentalités sont ce qu’elles sont. Nous ne pouvons empêcher les gens de juger, de préjuger et de présumer de détenir seuls la vérité.

C’est l’histoire vraie de Caster Semenya. Cette athlète sud-africaine a remporté la médaille d’or du 800 mètres à Berlin, aux derniers Championnats du Monde d’athlétisme. Sauf qu’elle est suspectée d’être un hermaphrodite. Subitement sa victoire prend un goût amer. La polémique enfle à travers le monde. Caster Semenya devra donc passer des tests médicaux pour valider sa médaille d’or. Pour l’instant, celle qui est sujette aux indiscrétions, voit sa féminité remise en question.

Injustement humiliée, c’est avec beaucoup de courage qu’elle affronte tous ses détracteurs.  Au-delà de son talent et de ses performances, ce n’est plus qu’une personne physique dont la seule corporéité retient l’attention.

S’il y a quatre ans de cela, la fédération sud-africaine avait pris les choses en main et avait averti la fédération internationale, tous les tests auraient déjà été faits et Caster Semenya aurait évité cet opprobre pour deux raisons.

D’une part, si les tests avaient démontré qu’il s’agissait d’une femme, elle aurait pu participer aux Championnats du Monde sans que personne ne puisse dire quoi que ce soit

D’autre part, si les tests avaient prouvé qu’il s’agissait d’un homme, elle n’aurait pas participé à ces Championnats et, par conséquent, elle serait restée dans une douce herméticité qui l’aurait préservé des jugements de valeur, voire de médisance.

Si le huitième commandement dit: «Les médisances, tu banniras et le mensonge également», les gens ne cessent pourtant de tenir des propos diffamatoires à son égard, en attendant les rumeurs vont bon train et les langues se délient.

Il suffit seulement à une femme d’imaginer que l’on vienne remettre en cause son identité sexuelle, comment se sentirait-elle? Ne serait-elle pas blessée, humiliée? Il en est de même pour un homme. Ne trouvez-vous pas choquants d’entendre encore des propos comme: «On ne devrait pas laisser ce genre de personnes courir avec nous»? Certains oublient de prendre en compte la frontière entre l’humain et une chose abjecte.

Le plus révoltant c’est que personne n’a essayé de se mettre à la place de cette brillante athlète ne serait-ce que deux minutes pour savoir ce qu’elle a pu ressentir. Mais, par contre, tout le monde s’est précipité pour porter un jugement bancal. Arrêtons de voir le mal partout. Elle a un physique d’homme, et alors! Elle a une voix d’homme, et alors! En tant qu’individu, essayons de mettre nos à priori de côté, cela aurait pu être n’importe qui…

Un être humain reste un être humain, n’oublions pas que, comme nous, Caster Semenya a des sentiments et des émotions. Et même si les tests venaient à confirmer qu’il s’agit d’un homme, qui sommes-nous pour la juger?

Il nous est si facile de juger les gens qui ne font pas partie de notre «normalité.» Que ce soit une personne souffrant d’handicap mental ou physique. On ne choisit pas l’enveloppe corporelle de son être lorsqu’on naît. Certains ont tendance à l’oublier.

Je crois qu’on ne se rend pas bien compte de la portée que peuvent avoir nos actes ou nos paroles. Nous sommes là à faire de beaux discours lorsqu’il s’agit de défendre les droits des homosexuels, transformistes ou autres, à prêcher la bonne parole, à vouloir faire de ce monde un monde plus tolérant, à crier haut et fort qu’il s’agit d’êtres humains avant tout…

Pourtant dans le cas Semenya, il s’agit exactement du même cas de figure. Où est donc passé la tolérance alors?

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