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Nos joueurs d’échecs

3 mai 2012, 04:22

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Dans l’œuvre colossale de Satyajit Ray, figure une pure merveille, parmi d’autres : Shatranj Ke Khilari. La trame tient en peu de chose : en parallèle, la mainmise graduelle des Anglais sur le royaume d’ et la complicité de deux nobles, Mirza Sajjad Ali et Mir Roshan Ali, obnubilés par le jeu d’échecs. Au point qu’ils négligent leurs épouses.

Une des scènes marquantes de ce film, tout en symboles, c’est quand la caméra fait cadrer la tête de Mir Roshan Ali avec, à l’arrière-plan, deux sabres qui lui font des cornes…

Ceux pourront y une métaphore filée de notre dernier 1er mai. Ils n’ont pas tort.

On peut très bien imaginer en Mir Roshan Ali, Paul Bérenger, qui s’est laissé tromper par la dot MSM, qui, en fin de compte, ne lui a rien rapporté en termes de dahej, de soutien populaire. Le parti Jugnauth a tout eu en cadeau dans ces épousailles, trente tickets, trois ans d’un éventuel primeministership, avec, en plus, un lavage à grande eau pour évacuer tout soupçon de conflits d’intérêt concernant les finances de l’Etat.

En face, ce n’est guère mieux.

Avec les éructations anti-Bérenger de Bappoo, qui a conveniently oublié son association avec son ex-leader durant précisément les années 1970 qu’elle critiquait, ou encore la voix morne et lassante de Xavier Duval qui essayait de nous convaincre à quel point il est l’homme de la situation aux Finances…

Passons sur l’événement surréaliste qu’a été l’apparition d’Ashock Jugnauth qui croyait s’adresser à une foule de partisans MMM. (Lire aussi la tribune de Queen Pious)

Et Navin Ramgoolam ? Que dire du Premier ministre ? On a l’impression que de 1er mai en 1er mai, cela tombe de plus en plus bas. De la Fête du travail 2011, on retient, entre peu de chose, l’annonce de la parution d’Advance. Qu’en est-il de la version 2012 ? Des propos de concierge attribués à Dinesh Ranjuttun mais quand même proférés à Vacoas, tout en jurant que cela n’appartient pas à la culture travailliste…

Tout pour faire honte aux citoyens soucieux d’améliorer notre vivre-ensemble.

Les seules notes positives de ce 1er mai, ce sont la messe en l’église du Saint-Sacrement à Cassis et la réunion syndicale à Beau-Bassin, où les préoccupations des travailleurs ont été vraiment abordées.

Ailleurs, cela n’a été que de la poudre aux yeux, les orateurs de deux blocs se contentant de titiller les plus bas instincts de leurs partisans politiques.
A bien voir, ce sont les politiques qui devraient avoir honte s’il leur reste encore un peu de considération pour ce peuple.

Dans la dernière scène de Shatranj Ke Khilari, l’un de deux joueurs d’échecs, après un moment de tension, dit à l’autre : « Ce soir, nous rentrerons chez nous. Nous avons tous deux besoin de l’obscurité pour cacher nos visages. »


 

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