Publicité
Toute honte bue…

Cette expression désigne quelqu’un devenu insensible à la honte, après avoir subi toutes les humiliations ou commis tous les méfaits.
C’est ce dernier cas qui nous intéresse ici.
Il n’est pas question d’être wise after the event, mais cela nous aurait, sans jeu de mots facile, fait chaud au cœur si, mardi dernier, au Parlement, lors de la Private Notice Question sur l’affaire MedPoint, l’opposition n’avait été sinon amorphe, du moins impuissante.
Si seulement elle avait fait preuve de mordant comme… Comme quand déjà ?
Se souvient-on de la dernière fois où un Paul Bérenger combatif a acculé dans les cordes un Navin Ramgoolam sonné ? Cela doit, en tout cas, remonter à plus de dix ans. Car, entre-temps, le leader du MMM a, lui-même, été aux affaires avant de redevenir un leader de l’opposition qui n’a de cesse de faire la cour aux travaillistes.
On aura eu beau s’y attendre, on n’en revient quand même pas que cette manne tombée du ciel, qu’est le jackpot de Rs 144 millions, ait été gaspillée en une séance de questions/réponses qui n’aura abouti à rien.
Ne soyons pas dupes de la séance indécente de mardi dernier. Bérenger est un homme trop intelligent, aguerri, qui a su faire trembler un SSR ou, surtout, un Anerood Jugnauth, pour ne pas deviner que Ramgoolam se réfugierait derrière le fait qu’une enquête de l’ICAC était en cours.
Ne nous laissons surtout pas leurrer par la consigne donnée aux autres députés MMM pour que ce soit seulement Bérenger qui pose des questions sur «le scandale du siècle».
Il ne faut pas se faire d’illusions.
Dans quelque temps, sa PNQ sera axée sur un sujet qui favorisera le consensus. Et on évoquera, encore une fois, l’Intérêt Supérieur de la Nation, le Patriotisme… pour nous endormir.
Le plus grave pour le MMM, c’est que ses jeunes députés vont finir par être coulés dans un moule anesthésiant qui leur enlèvera tout désir de défendre leurs idées. Tout aussi grave, c’est le risque que des élus aussi solides que Kee Cheong Li Kwong Wing ou Satish Boolell soient contraints à faire comme leurs collègues-caciques : attendre les prochaines échéances électorales en espérant que Ramgoolam les choisissent pour remplacer le MSM.
Nous avons honte pour notre démocratie, pour notre notion de l’éthique.
Et nos élus devraient avoir honte pour s’être livrés à ce simulacre d’exercice démocratique. Ils n’ont pu que nous démontrer que nous, simples citoyens, aurons beau les applaudir durant les campagnes électorales, nos voix, notre indignation ne comptent finalement que pour du beurre.
Mais celui qui devrait avoir le plus honte, s’il lui reste encore un peu de conscience, c’est bien le Premier ministre pour s’être montré cynique et, pire encore, pour avoir instillé des doutes sur l’incendie chez Harish Boodhoo, alors qu’une enquête policière est justement en cours…
Et cette dernière remarque ne relève pas d’un quelconque souci d’objectivité.
Publicité
Publicité
Les plus récents




