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Questions à... Jasmine Toulouse
«Je dois être présente à Maurice pour me préparer pour les prochaines élections»
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Questions à... Jasmine Toulouse
«Je dois être présente à Maurice pour me préparer pour les prochaines élections»

Jasmine Toulouse, déléguée permanente de Maurice auprès de l’Unesco et conseillère auprès du ministère des Arts et de la culture
Deux nominations qui changent la vie. Le mercredi 12 janvier, Jasmine Toulouse a reçu ses lettres de créance en tant que déléguée permanente-désignée de la République de Maurice auprès de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco), basée au pays. Fin janvier, elle a été désignée conseillère auprès du ministère des Arts et de la culture. «Kan mo al laboutik dan landrwa ar mo ti savat, bann dimounn kontan kan nou zwenn, la ankor plis. Je reçois des félicitations. Les gens connaissent déjà l’artiste, la travailleuse sociale, la zot pe dekouver mwa dan enn lot manier, mo ena enn post diferan ek zot fier.»
Quand on vous a annoncé que vous seriez basée à Maurice alors que vos prédécesseurs étaient en poste à Paris, avez-vous ressenti un pincement au cœur?
Non, pas de pincement. En plus de 20 ans de carrière, je ne suis pas sortie de l’océan Indien. Je suis allée à La Réunion, aux Seychelles, à Rodrigues.
Les organisateurs de soirées mauriciennes de la diaspora en Europe ou en Australie ne vous ont pas invitée ?
J’ai déjà été invitée, mais cela n’a pas abouti. Quelqu’un m’a rapporté un t-shirt I love Toulouse. Blakkayo kontan pran bann ti-plezir. Il m’appelle Jasmine Paris. Certains m’ont posé des questions.
Pensant que c’est un pseudonyme ?
C’est mon vrai nom. Je suis fière de le porter. J’ai tellement entendu parler de la ville que j’en suis fière aussi. Bondie beni enn zour mo pou al Toulouse. Pour revenir à la question, les deux leaders ont choisi un poste à la hauteur de mes capacités, dans l’éducation et la culture. Mo pa konn tou. Mais tout le monde apprend. Il suffit d’avoir la flamme, l’amour du pays, l’envie d’accomplir des choses qui sortent de l’ordinaire. Mo koumsa.
Et être basée à Maurice ?
Mo pa sa dimounn ki anvi fer anbasader deor. J’aime mon pays. Je mène aussi un projet de formation qui aide des femmes en difficulté à trouver un emploi. Je n’aurais pas pu m’en occuper de l’étranger. Je dois être là pour assurer la relève. Il ne faut pas que des femmes soient pénalisées parce qu’une femme passe un cap. Quand le délégué qui est à Paris a besoin de renseignements, il communique avec Maurice. Je veux être celle qui est impliquée dans les prises de décisions à Maurice, qui sait concrètement ce qui s’y passe. J’aimerais faire une coordination entre le volet éducation, celui de la culture mais aussi celui du tourisme, pour que les projets Unesco à Maurice soient davantage visibles. À chaque fois qu’il faudra se déplacer, je le ferai. Avec Paul (NdlR,Paul Bérenger, leader du MMM et Premier ministre adjoint), on a dit qu’il fallait penser au pays avant tout. C’est aussi l’une des raisons pour lesquelles il faut que je sois présente ici, que ce soit dans le social ou en tant que politicienne. Pour me préparer pour les prochaines élections.
Vous espérez un ticket en 2029 ?
C’est ça la conversation avec le leader des Mauves. Il voit vraiment un potentiel en moi. Mo kontan ki linn dir mwa sa. Que nous réfléchissions à l’après pour le MMM. w Quand votre parti a repris le ticket au no 1 Grande-Rivière-NordOuest–Port-Louis-Ouest, vous n’avez ni boudé ni exprimé publiquement un mécontentement. Votre définition de militante, c’est d’encaisser ? Nou tou imin. J’étais déçue.
En colère aussi ?
Je ne prône pas la colère mais le dialogue. C’est pour cela que le lendemain, il y a eu la photo avec le leader.
Tout sourire...
Me lizie enn ti pe gonfle. Ce qui m’a vraiment touchée, ce sont les messages que j’ai reçus. C’est un élan d’amour des Mauriciens que j’ai ressenti. Comme la fois où Pravind Jugnauth avait brandi ma photo au Parlement (NdlR, en mars 2023, le PM d’alors avait brandi la photo de Jasmine Toulouse, aux côtés de Jean-Hubert Celerine, alias Franklin). C’est à cause de cet élan d’amour de ceux qui me voyaient en tant que candidate et future élue que j’ai eu le cœur gros. Le lendemain, quand j’ai parlé avec le leader, li ousi linn bien pans mwa. La nomination à l’Unesco n’est pas arrivée tout de suite. Ce jour-là, il voulait entendre ce que j’avais à dire.
Vous lui avez dit votre déception?
Oui. Li konpran. Li kone. Nous nous sommes revus après deux jours. Il m’a dit que pour la continuité du MMM, il fallait penser aux jeunes. Et qu’il me voyait comme candidate pour les prochaines élections. On ne sait pas ce qui peut arriver, mais d’entendre ça, et pas de n’importe qui, mais de Paul Bérenger, cela fait quelque chose. W
Le 26 mars, Paul Bérenger aura 80 ans.
Même si ce n’est pas lui, il y a la continuité du MMM. Je suis une militante et je suis dans l’aile jeune. Je suis le MMM depuis l’âge de 16 ans. Ma famille votait déjà MMM. Mo ti swiv zot dan bann baz kan ti ena eleksion. J’ai grandi à cité EDC, Rivière-Noire. J’ai toujours eu envie non pas de changer les choses, mais d’inspirer les autres pour agir ensemble et améliorer notre situation. Ado, je me suis aperçue qu’il n’y avait aucun étudiant à l’université dans ma cité.
Vous avez déclaré que les deux nominations ne sont pas des compensations. Qu’est-ce qui sera la compensation pour la déception vécue ?
En politique, il n’y a pas de compensation mais du mérite. Enn lot dimounn ti kapav fer enn skandal.
Votre ancien camarade de parti, Franco Quirin, mécontent de n’avoir pas été nommé ministre des Sports siège désormais en indépendant. Je ne dis pas qu’il a tort. On ne peut pas contester son ressenti. Mais dans mon cas, j’en ai parlé avec le leader. J’ai agi dans le respect. w Au ministère des Arts et de la culture, le ministre est travailliste, la «junior minister» est des Nouveaux Démocrates, vous êtes du MMM. C’est marcher sur des œufs ? Pa santi li. Nous avons un objectif commun: l’avancement des arts et de la culture.
Avant vous, d’autres artistes ont conseillé des ministres des Arts et de la culture. Certains n’ont pas caché leur frustration que leurs conseils n’aient pas été écoutés. Vous y êtes-vous préparée ?
Monn koz koze avek mo bann kamarad. Linzy Bacbotte et Jean-Jacques Arjoon qui étaient conseillers ont parlé de baraz. La manière d’aborder les choses joue un rôle capital. Quand je suis arrivée au ministère en tant qu’artiste, j’ai été bien accueillie par le ministre et la junior minister. Je souhaite qu’avec cette équipe, nous ferons la différence.
Faire la différence à la Mauritius Society of Authors (MASA) qui est affligée de problèmes chroniques ? Des artistes ont proposé le nom du futur président à la demande du ministre et de la «junior minister». Prochaine étape ?
L’Association des auteurs compositeurs de l’île Maurice (AACM) a proposé le nom d’une personne susceptible d’amener la MASA à bon port. Quand on demande l’opinion d’un groupe, il faut la respecter.
C’est le nom d’un éditeur de musique qui a déjà siégé au «board» de la MASA qui a été proposé ?
Laissons les choses se mettre en place. Il ne fait pas partie de l’AACM et n’a pas de filiation politique. Il a été proposé sur la base de ses capacités.
Quand sera-t-il nommé ?
Incessamment.
Vendredi dernier, les «Professional Events Organisers» ont soumis des propositions concernant le «one stop shop» pour les permis de concerts. What next ?
Qui sait, le one stop shop pourrait être à la maison des artistes, la MASA.
Le stade Anjalay Coopen figure parmi les lieux de concerts souhaités. Mais des travaux sont nécessaires avant.
C’est pour que le stade obtienne le fire certificate. Cela relève du Mauritius Sports Council.
Concrètement, cela veut dire qu’il faudra encore du temps avant que le stade Anjalay Coopen accueille des concerts ?
Je pense que le ministre de la Jeunesse et des sports Deven Nagalingum travaille dessus.
La première annonce du ministre des Arts et de la culture, c’était l’organisation des Assises nationales des artistes. C’est prévu pour cette année. Pas trop tard.
Parmi les attentes il y a les amendements à la «Status of the Artist Act».
Je pense que cela viendra après les Assises. Un plan stratégique jusqu’à 2029 est prévu.
Un point non négociable du plan stratégique serait ?
Que l’on reconnaisse l’artiste comme un travailleur. Moi, j’ai la chance d’avoir un travail à côté.
C’est une chance ?
Vous n’avez pas eu envie de vivre de votre art ? Financièrement, c’est impossible.
Vous occupez deux postes. Votre carrière d’artiste est au placard?
Ki sannla kinn dir sa? Pendant les cinq prochaines années, mo pa pou al rod bann zwe. Mais je pourrais à l’occasion me produire sans cachet, par exemple pour une levée de fonds, un concert caritatif. Aster si enn kamarad artis pe invit mwa lor lasenn, mo pou vini. En veillant aux messages que je véhicule.
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