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Journée internationale

Jenssy Sabapathee : Survivre, se relever, agir

8 mars 2025, 17:30

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Jenssy Sabapathee : Survivre, se relever, agir

En ce 8 mars, parole aux femmes. Une dizaine d’entre elles nous ont conté leur vécu, leurs difficultés et leurs espoirs. Une façon d’encourager les petites filles à croire en l’égalité des genres et de remercier les grands-mères pour leurs luttes pour les droits des femmes, luttes qui ne sont pas terminées.

Jenssy Sabapathee incarne une femme d’une résilience impressionnante, forgée par des épreuves difficiles et un parcours semé d’embûches. Mariée et mère de deux enfants, un garçon de 18 ans et une fille de 17 ans, elle a connu la violence domestique durant son premier mariage. Victime dès sa grossesse, elle a enduré des coups répétés, des humiliations et des promesses non tenues. Les blessures physiques, comme un nez cassé, l’ont souvent empêchée de se rendre au travail, où elle devait trouver des excuses pour dissimuler la violence qu’elle subissait. À son arrivée au bureau, le regard des autres la faisait se sentir comme une étrangère dans sa propre vie. Certaines de ses collègues se moquaient d’elle, et les invités aux événements familiaux se faisaient rares, de peur de représailles de la part de son ex-conjoint.

Cependant, ces difficultés n’ont pas eu raison de son esprit. Après sa séparation, Jenssy a dû faire face à de nouveaux défis sociaux et professionnels. En tant que femme divorcée avec des enfants, elle a dû naviguer dans un océan de jugements. Les questions acerbes de ceux qui ne comprenaient pas sa situation se sont multipliées: «Pourquoi tu n’as pas supporté plus longtemps ?» Malgré ces obstacles, elle a su puiser dans ses forces intérieures et dans le soutien de ses parents pour avancer. «Il faut être forte dans sa tête», disait-elle souvent.

C ’est ainsi qu’elle a trouvé un exutoire et un moyen de contribuer activement à la cause des femmes victimes de violences. Avec l’aide de son mari, Ken Sabapathee, et de Sendy Nagalingum, elle a lancé la page Facebook Respecter Nous, un espace de soutien pour les femmes victimes de violences domestiques, de viols, de maltraitance infantile et de harcèlement. Grâce à cette initiative, Jenssy a créé un réseau de solidarité et a permis à d’autres femmes de se sentir entendues et comprises. Elle dénonce également le manque de ressources spécifiques à Maurice pour les femmes en difficulté et souligne que, souvent, les services publics sont insuffisants pour apporter un soutien réel et immédiat.

Jenssy ne cache pas les réalités difficiles qu’elle a dû affronter. Le manque de ressources adaptées, le jugement de la société et la difficulté de trouver un emploi ou un logement en tant que mère célibataire font partie de son quotidien. Pourtant, elle refuse de se laisser abattre. Elle prône l’autonomisation des femmes et estime que l’on doit changer la perception de la femme divorcée ou séparée, lui permettant de s’épanouir sans être stigmatisée. En effet, selon elle, une femme peut se débrouiller seule, subvenir à ses besoins et à ceux de ses enfants sans être jugée.

Aujourd’hui, Jenssy incarne l’espoir et la résilience. Son combat est celui de nombreuses femmes qui, comme elle, cherchent à se libérer du cycle infernal de la violence. Son message est clair : une femme victime de violences peut se relever, se reconstruire et offrir un avenir meilleur à ses enfants. «Nou bizin konn eswiy nou larm real lager kouma enn vre gueryer.»

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