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Taux directeur maintenu à 4,5 %

La BoM privilégie la prudence face aux incertitudes mondiales

8 mai 2025, 05:00

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La BoM privilégie la prudence face aux incertitudes mondiales

Dans un contexte mondial marqué par une montée des tensions commerciales, notamment avec la nouvelle politique tarifaire des États-Unis, la Banque de Maurice (BoM) a choisi de jouer la carte de la prudence. Réuni hier matin, le Monetary Policy Committee (MPC) a décidé, à l’unanimité, de maintenir le taux directeur à 4,5 % par an, confirmant une posture attentiste face aux incertitudes conjoncturelles.

Face à la presse, le gouverneur de la BoM, Rama Sithanen, qui avait à ses côtés, le First Deputy Governor, Rajeev Hasnah, a souligné que cette décision repose sur une analyse équilibrée des risques pesant sur la croissance et l’inflation globale. «Nous traversons une phase où la vigilance est primordiale. Les risques baissiers sur la croissance l’emportent actuellement sur les risques haussiers sur l’inflation», soutient Rama Sithanen. Et d’ajouter que dans ce climat d’incertitude, toute modification hâtive de la politique monétaire pourrait compromettre la stabilité interne.

Croissance entre 3 % et 3,5 %

Le gouverneur Sithanen projette, sur la base des différentes hypothèses établies par ses techniciens, que la croissance du Produit intérieur brut (PIB) se situera entre 3 % et 3,5 % pour 2025 contre 3,5 à 4,0 % précédemment. Cette révision s’explique notamment par un recul de 5,8 % des arrivées touristiques en début d’année, dû à une baisse des visiteurs européens. Si les chiffres d’avril sont plus positifs, l’évolution reste fragile (voir p.13).

La BoM prévoit, par ailleurs, que l’inflation (Headline Inflation) atteindra 3,5 % d’ici la fin de l’année. Toutefois, la Core Inflation, qui exclut des éléments volatils comme l’énergie et les produits alimentaires, reste élevée, reflétant une hausse des prix des services et des salaires. Il note, dans la foulée, que le marché du travail reste solide avec un taux de chômage bas de 5,8 % au dernier trimestre de 2024 mais tire la sonnette d’alarme sur le déficit du compte courant, qui s’est creusé pour atteindre 6,4 % du PIB, et ce, en raison d’un large déficit commercial.

Par ailleurs, la BoM continue d’intervenir sur le marché des changes pour gérer la volatilité de la roupie, tout en laissant la monnaie refléter les fondamentaux économiques. La roupie s’est appréciée de 5,1 % face au dollar américain, tout en se dépréciant face à l’euro et à la livre sterling. Les entrées (Forex Sales to Commercial Banks) au premier trimestre, explique Rama Sithanen, étaient plus élevées par 101,3 millions de dollars américains que durant la même période en 2024 et pour le mois d’avril dernier, elles ont dépassé celles d’avril 2024 par 159,1 millions de dollars américains. «Il y a une amélioration du Forex, avec un flux conséquent de dollars, ce qui ne peut que réduire la pression sur cette devise. Évidemment, on ne pourra régler totalement la situation, qui a perduré pendant cinq ans en cinq mois», explique le gouverneur.

Analysant la situation économique mondiale, le gouverneur de la BoM s’est longuement appesanti sur l’incertitude entourant une guerre commerciale, susceptible, selon lui, d’affecter la croissance mondiale, poussant ainsi des organisations comme le Fonds Monétaire International (FMI) et l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) à réviser à la baisse leurs prévisions de croissance pour 2025. À cet effet, il rappelle que le FMI a abaissé ses prévisions de croissance mondiale de 0,5 point de pourcentage tandis que l’OCDE prévoit que la croissance ralentira à 3,1 % en 2025. Il trouve que les risques pour la croissance mondiale sont principalement négatifs alors que le protectionnisme et l’instabilité financière sont des préoccupations supplémentaires.

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