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Réformer pour protéger
La croisade de Reza Uteem pour les droits des travailleurs
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Réformer pour protéger
La croisade de Reza Uteem pour les droits des travailleurs

Le ministre du Travail et des Relations industrielles, Reza Uteem, a levé le voile hier sur une série de réformes destinées à moderniser le cadre du travail à Maurice. Lors d’un atelier organisé par son ministère, il a présenté des mesures ambitieuses : une réforme du système de permis de travail pour garantir un recrutement éthique des travailleurs étrangers, la mise en place d’un mécanisme centralisé de traitement des plaintes, et une législation sur la santé mentale au travail. Autant d’initiatives qui confirment l’intention claire du ministre de rompre avec les pratiques du passé et de repositionner Maurice comme modèle en matière de gouvernance du travail.
Un recrutement éthique des travailleurs étrangers au cœur de la réforme
Point central de ces annonces : une transformation en profondeur du système de recrutement des travailleurs étrangers. Longtemps critiqué pour sa lourdeur administrative et les abus qu’il permettait, le processus de délivrance de permis de travail pour les travailleurs étrangers est en train d’être renforcé.
«Trop de travailleurs étrangers sont arrivés à Maurice pendant les années précédentes pour se retrouver exploités : salaires impayés, conditions de logement déplorables, dettes écrasantes dues au recrutement», a déploré le ministre. Il a souligné que les failles du système sous l’ancien gouvernement avaient conduit à l’inscription de Maurice sur la liste de surveillance du rapport américain sur la traite des personnes (TIP Watch List).
Le ministre Reza Uteem a indiqué que son ministère travaille actuellement en étroite collaboration avec le State Law Office pour finaliser une nouvelle législation encadrant le recrutement des travailleurs migrants. «Une fois cette législation adoptée, nous délivrerons des licences officielles aux agences de recrutement. L’objectif est de garantir un processus plus éthique et de renforcer les droits des travailleurs. Nous veillerons également à ce qu’une fois sur le sol mauricien, chaque travailleur bénéficie pleinement de la protection prévue par la loi», a-t-il déclaré.
Depuis son entrée en fonction, le ministre Uteem a profondément rationalisé le processus de délivrance des permis de travail en améliorant la rapidité et la transparence. Il a expliqué qu’une fois la loi sera promulguée, les agences de recrutement devront opérer sous un régime de licences strictes et se conformer à des normes éthiques rigoureuses. Par ailleurs, tous les travailleurs étrangers recrutés devront avoir reçu une formation adéquate pour les postes auxquels ils sont affectés, avant même leur arrivée à Maurice - une exigence visant à garantir à la fois compétence et sécurité.
Surtout, chaque travailleur devra être informé de ses droits légaux dans une langue qu’il comprend parfaitement. Par cette réforme, le ministre Uteem affirme sa volonté claire de promouvoir un emploi à la fois informé, digne et respectueux des droits humains.
Une Hotline pour les plaintes
Autre mesure annoncée : le lancement dans les jours à venir d’un service centralisé pour le traitement des plaintes, accessible via une ligne téléphonique gratuite et une adresse email dédiée. Ce dispositif vise à offrir aux travailleurs et employeurs un accès simplifié aux mécanismes de recours. «Qu’il s’agisse de retards dans les permis, de traitements injustes ou de conditions de travail dangereuses, chacun pourra saisir le ministère directement», a expliqué le ministre. Ce système vise à renforcer la transparence, accélérer la résolution des litiges, et favoriser une réponse rapide et équitable. Ces réformes traduisent une volonté claire du ministre de passer d’une régulation passive à une gouvernance proactive, fondée sur la dignité, l’équité et la coopération.
Aucun succès ne vaut une vie humaine
La santé mentale au travail n’est plus une question secondaire. C’est le message fort et sans équivoque lancé par le ministre Reza Uteem pendant l’atelier. S’appuyant sur des cas dramatiques comme celui d’Ana Sebastian Perayil, une jeune expert-comptable indienne de 26 ans qui s’est donné la mort après seulement quatre mois dans l’une des plus grandes firmes internationales, Reza Uteem a rappelé avec force : «aucun succès ne vaut le coût d’une vie humaine. Le burnout est réel. Il est silencieux, dangereux, et peut, s’il n’est pas pris au sérieux, engendrer des tragédies que nous ne pouvons plus nous permettre d’ignorer - dépression, ruptures familiales, suicides.»
Le ministre s’est engagé à travailler avec les employeurs, les syndicats et les professionnels de la santé mentale pour instaurer une «culture du soin» dans chaque entreprise mauricienne. «Il ne s’agit pas simplement de cocher des cases, mais de bâtir un environnement de travail réellement respectueux, inclusif, équilibré et humain», a-t-il affirmé. Des propositions législatives seront bientôt soumises pour obliger les entreprises à garantir non seulement des conditions de travail sûres sur le plan physique, mais aussi favorables à la santé mentale.
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