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Pension à 60 ans

La plateforme syndicale intensifie sa mobilisation

9 juillet 2025, 06:45

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La plateforme syndicale intensifie sa mobilisation

La plateforme syndicale propose d’ouvrir le débat à d’autres régions et continue sa quête dans la signature de sa pétition. © Dev Ramkhelawon

Après deux premières mobilisations à Port-Louis et à Rose-Hill, la plateforme syndicale ne relâche pas la pression. Bien au contraire, ses membres comptent maintenir la dynamique enclenchée pour contraindre le gouvernement à revenir sur sa décision de repousser l’âge d’éligibilité à la pension de vieillesse de 60 à 65 ans. Demain, une réunion stratégique est prévue pour définir la suite de la mobilisation.

Lancé à Port-Louis puis poursuivi à Rose-Hill, le mouvement a également permis le lancement d’une pétition citoyenne contre cette réforme qui suscite de vives inquiétudes dans la population. «Nous sommes satisfaits des deux premières mobilisations où nous avons distribué près de 2 000 formulaires», confie Ashvin Gudday, négociateur de la General Workers Federation (GWF). Pour lui, cette démarche permet au peuple de faire entendre sa voix, et de rejeter une réforme qu’il juge injuste, brutale et non concertée. La plateforme syndicale maintient fermement sa position : la pension de vieillesse est un droit fondamental, un pilier de l’État-providence qu’il est hors de question de démanteler. «Le ciblage, tout comme l’Income Support qui vient d’être introduit, nous fait reculer de 70 ans, à l’époque de la Poor Law. Ce n’est pas une avancée, mais une régression sociale», martèle le syndicaliste de la GWF, rappelant que cette mesure ne figurait dans aucun manifeste électoral du gouvernement.

La mobilisation syndicale ne fait que commencer. La plateforme envisage désormais de la décentraliser pour aller à la rencontre des citoyens dans différentes régions du pays. «On réfléchit à tenir des réunions de proximité, dans les agglomérations, les marchés, comme celui de Quatre-Bornes ou du bazar de Port-Louis, afin de récolter un maximum de signatures. La pétition sera aussi mise en ligne», précise Deepak Benydin, président de la Federation of Parastatal Bodies and Other Unions. La réunion de demain sera décisive pour affiner cette stratégie. Selon lui, les discussions porteront aussi sur l’organisation d’une grande rencontre dans le Nord ou dans le Sud, à Mahébourg par exemple, pour marquer un nouveau tournant. L’objectif est clair : faire monter la pression populaire et maintenir l’unité syndicale. «C’est comme un rêve devenu réalité de voir tous les syndicats unis sur une même plateforme», confie-t-il. Une unité qu’il appelle à protéger face aux éventuelles tentatives de récupération politique ou de division.

🔴 Vers une action à l’international ?

La contestation pourrait aussi prendre une dimension internationale. Reeaz Chuttoo, président de la Confédération des travailleurs des secteurs public et privé, n’exclut pas d’alerter le Bureau international du travail (BIT) sur les possibles violations de conventions ratifiées par Maurice. «Ce ne sera pas fait par la plateforme elle-même, mais par des syndicats individuellement. Nous allons y réfléchir ce samedi», annonce-t-il. Pour lui, la mobilisation du week-end dernier a montré que la population est plus engagée que jamais.

«Nous avons vu des gens de Flacq venir à RoseHill pour prendre des formulaires. Cela montre l’ampleur du rejet de cette réforme. Beaucoup nous demandent même : À quand la grève ?» Un signe, selon lui, que la population veut se battre pour ses droits, mais aussi qu’il y a un besoin d’information. «Il y a une confusion créée par certains au sein du gouvernement. Nous envisageons donc un forum-débat pour faire un peu d’éducation populaire sur cette réforme.»

Au-delà de la question des pensions, c’est tout le modèle social mauricien que les syndicats estiment menacé. Pour Deepak Benydin, la réforme actuelle s’inscrit dans la continuité d’un projet de démantèlement des acquis sociaux : «Nous avons déjà été confrontés à des velléités de privatisation de la Central Water Authority ou du secteur de la santé. Aujourd’hui, on enlève les allocations pour les parents d’enfants à charge, ou on oblige les étudiants à payer leurs cours à mi-temps. Il faut dire stop.» Les syndicats rappellent que l’éducation et la santé gratuites font partie des piliers de la société mauricienne. Les toucher, c’est affaiblir la solidarité nationale et fragiliser les plus vulnérables. «Il faut que nous nous serrons les coudes. Ce combat dépasse les partis politiques. C’est un combat pour la justice sociale, pour nos droits fondamentaux, pour notre dignité», insiste Deepak Benydin.

🔴 Appel à la population

À l’approche des prochaines étapes de la mobilisation, les syndicats appellent chaque citoyen à signer la pétition, à relayer le message et à rester mobilisé. «Cette réforme va impacter tout le monde : la femme au foyer, le petit travailleur, le retraité de demain. Il faut que chacun se sente concerné», soutient Ashvin Gudday. Demain, la plateforme syndicale décidera de la suite à donner au mouvement. Mais une chose est certaine : la mobilisation ne faiblira pas tant que la pension à 60 ans ne sera pas rétablie. «Nous espérons faire reculer le gouvernement. Nous avons commencé un travail et nous irons jusqu’au bout», conclut-il.

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