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Zone de libre-échange en Afrique
La vision des pères fondateurs prend aujourd’hui forme sur un marché de USD 3400 Mds
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Zone de libre-échange en Afrique
La vision des pères fondateurs prend aujourd’hui forme sur un marché de USD 3400 Mds

■ Wamkele Mene, secrétaire général de la ZLECAf.
À Abuja, Nigeria, le 25 juin, à l’occasion de la 32ᵉ Assemblée générale annuelle d’Afreximbank, Wamkele Mene, secrétaire général de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), a évoqué avec force et conviction la vision historique des fondateurs de l’Afrique postcoloniale. Selon lui, l’intégration économique et commerciale n’était pas un objectif secondaire pour ces leaders, mais bien le socle d’un panafricanisme pratique et durable. Pour Kwame Nkrumah, Julius Nyerere, Haile Sélassié et d’autres visionnaires africains, l’unité politique ne pouvait aboutir sans une souveraineté économique réelle, adossée à un marché intégré, une industrialisation et des flux commerciaux intra-africains solides. Wamkele Mene a ainsi salué leur clairvoyance en soulignant que, plus de 60 ans après les premières tentatives d’unification, l’Afrique se trouve à l’aube d’une transformation majeure portée par la mise en œuvre progressive de la ZLECAf.
Lancée en 2018 et entrée en vigueur en 2021, la ZLECAf constitue aujourd’hui, de l’aveu même de son secrétaire général, l’initiative de réforme économique la plus ambitieuse qu’ait connue le continent depuis la décolonisation. Elle regroupe 54 pays africains, dont 49 ont déjà ratifié l’accord, et couvre un marché potentiel de 1,4 milliard d’habitants, pour un PIB combiné dépassant les USD 3 400 milliards. Ce socle juridique, politique et institutionnel offre aux pays africains une plateforme commune pour intensifier leurs échanges, développer des chaînes de valeur régionales et réduire leur dépendance aux marchés extra-continentaux.
Wamkele Mene a mis en lumière plusieurs avancées concrètes dans la mise en œuvre de cet espace commun. À ce jour, plus de 3 000 certificats d’origine ont été délivrés dans le cadre des échanges intra-africains sous l’égide de la ZLECAf. Des protocoles importants ont été adoptés dans des domaines clés tels que l’investissement, la propriété intellectuelle, la politique de concurrence ou encore le commerce numérique. Ces instruments visent à créer un environnement harmonisé et prévisible pour les opérateurs économiques africains. De plus, des efforts ciblés sont menés dans des secteurs stratégiques comme l’automobile, l’agro-industrie ou encore les produits pharmaceutiques dans l’optique de structurer des filières intégrées à l’échelle du continent.
L’un des aspects majeurs du discours de Wamkele Mene a porté sur les dispositifs de facilitation du commerce. Il a insisté sur l’importance d’instruments tels que le PAPSS, système panafricain de paiement et de règlement, qui permet désormais d’effectuer des transactions en monnaies locales entre pays africains, réduisant considérablement les coûts et les délais. Le mécanisme de compensation et d’ajustement de la ZLECAf, doté d’un milliard de dollars grâce à l’appui d’Afreximbank, vise à accompagner les pays dans la transition tarifaire. Par ailleurs, le Transit Guarantee Scheme devrait permettre de lever les obstacles logistiques à la circulation des marchandises à travers les frontières, facilitant ainsi l’établissement d’un véritable marché commun.
Malgré ces progrès, Wamkele Mene a tenu à rappeler que l’intégration économique africaine reste confrontée à plusieurs défis majeurs. La lenteur dans la ratification du protocole sur la libre circulation des personnes freine encore l’essor des services et la mobilité de la main-d’œuvre qualifiée. Les coûts élevés du financement du commerce, les lourdeurs administratives ainsi que l’instabilité politique dans certaines régions constituent autant d’obstacles à surmonter pour réaliser pleinement le potentiel de la ZLECAf.
Mais pour Wamkele Mene, il ne fait aucun doute que ces défis peuvent être relevés collectivement si les États membres font preuve de volonté politique, de coordination institutionnelle et d’engagement budgétaire. Et d’ajouter que l’intégration africaine ne saurait réussir sans une inclusion active des femmes, des jeunes et des entrepreneurs du continent. L’industrialisation africaine, a-t il affirmé, ne pourra être durable que si elle s’appuie sur les forces vives de la société et sur une vision partagée du développement. Il a plaidé pour des investissements massifs dans les infrastructures productives, les technologies numériques et l’économie verte, tout en appelant à une meilleure mobilisation des ressources internes et à une réforme des systèmes éducatifs pour répondre aux exigences de la nouvelle économie continentale.
Le secrétaire général de la ZLECAf a lancé un vibrant appel à l’action. Il a insisté que l’Afrique est aujourd’hui en mesure de concrétiser un projet longtemps considéré comme utopique. «La ZLECAf n’est pas seulement un accord commercial mais représente un levier historique de souveraineté économique, de solidarité régionale et de transformation structurelle.» En consolidant cette dynamique, le continent peut enfin donner corps à la vision fondatrice de ses leaders : une Afrique unie, prospère et capable de prendre en main son destin dans l’économie mondiale.
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