Saturés. Noyés par les scandales financiers mis au jour par la Financial Crimes Commission (FCC). N’a-t-on jamais atteint de tels chiffres dans nos annales ? Pays de rumeurs et de ragots, avonsnous été bernés à ce point ? À quelques semaines, voire quelques jours, de l’échéance électorale, l’ex-GM croyait encore à la victoire. Les doigts dans le nez alors que les carottes étaient cuites.Lerla mem loder-la monte!

🔵Sésame pour se bafrer

Impossible de citer tous les cas soulevés par les enquêtes de la FCC. Des enquêtes préliminaires. La présomption d’innocence est de mise. Lepep trop pressé de régler des comptes s’impatiente jusqu’à accuser le nouveau GM de retards… volontaires. Faut faire le ménage ou ménager. La justice, surtout la nôtre, est lente. Il faudra peut-être des mois, voire des années, dans certains cas, pour éplucher les dossiers issus de ces multiples enquêtes. Débordée, la FCC recrute 80 personnes pour l’aider à les décortiquer. Ensuite, des cas seront soumis au Directeur des poursuites publiques qui prendra son temps pour les affiner et décider s’il y a matière ou pas à des accusations formelles en cour.

Les citoyens lambda sont hébétés, ahuris, choqués par le défilé incessant à la FCC. Un pèlerinage ? Comment résister à ne pas se pincer au hasard de quelques-unes de ces enquêtes mirobolantes. Non, ce n’est pas une hyperbole, c’est-à-dire de l’exagération frôlant la caricature. Comme au Festival de Cannes, la palme d’or revient au contrat de Rs 30 milliards que la STC a signé pour notre approvisionnement en carburant. Et ce, sans appel d’offres ! Chacun se renvoie la balle. Vous connaissez l’histoire de l’arroseur arrosé. La MRA qui doit détecter la fraude s’est fait piéger par un spécialiste en informatique via huit entreprises «bidon» n’ayant donc jamais existé. Cette fraude s’élève à Rs 31,9 millions. Pourtant, on était en pleine sécheresse…

Certains corps étatiques ou paraétatiques sont en première ligne. Gouffre financier à la Mauritius Tourism Promotion Authority de Rs 4,9 millions dépensées par le directeur à des fins (ou faim) personnelles. Quel pavé que le cas de cet auditeur expert qui a touché Rs 287,2 millions pour services rendus… à un copain ? Rs 74 millions pour l’achat du fameux Molnupiravir au moment de la pandémie. Pan, pan, pan ! La Mauritius Post est une autre belle illustration des abysses financières : contrats sans appel d’offres (autre épidémie), malversations, dépenses injustifiées, vols non élucidés... La Mauritius Investment Corporation a versé Rs 10 milliards a des entreprises pour des acquisitions très controversées. Le CEB s’est vu attribuer Rs 3,86 milliards (pour nous tenir au... courant ?). L’Economic Development Board (le mot board fait penser à l’abord…age) a versé à une compagnie Rs 104,9 millions suite à un appel d’offres pour la construction de maisons avant même la moindre construction d’une habitation. Ça s’appelle faire de la... prospective ! La compagnie Verdier Frontier a reçu pour dix ans de contrats à hauteur de Rs 50 millions.

🔵Copine... coquine?

À Air Mauritius, la FCC veut enquêter sur les ventes ou commandes d’avions. Un moteur endommagé aura coûté 8,45 millions de dollars. Cerise sur le gâteau. En trois mois, la dette publique a augmenté de Rs 20 milliards. Le montant total atteint maintenant Rs 621 milliards. Même une nouvelle maison de l’ex-ministre des Finances fait l’objet d’un ordre de saisie. Une question alorss’impose : et si l’ex-GM était revenu au pouvoir... toujours ni vu, ni connu.

🔵Corollaires

Stop. Arete mo fami! Ajoutons quand même du menu fretin, tels que les centaines d’embauches juste avant les élections, les cas de blanchiment d’argent à ne pas confondre avec le blanchissement de nos coraux (pourris à 80 %), la dilapidation de fonds publics, des centaines de promotions juste avant la tenue des élections, des recrutements de dernière minute de proches de l’ancien régime... Vous en avez assez ? Nous aussi.

Pourquoi revenir sur ces fraudes ? La raison est simple. Tous ces exemples donnent parfois envie de vomir.«La honte», a écrit l’un des éditorialistes de l’express. Jusqu’à ces derniers temps, les habitants jouissaient d’une bonne réputation dans le monde. Ceux de la diaspora ne cessent de faire les éloges du pays tout en occultant certains défauts. Les étrangers mordent à l’hameçon de l’accueil, du sourire, de la tolérance malgré la diversité unique, la liberté de pensée. Rideau. Bas les masques!

La corruption ne dépasserait-elle pas les montants de la drogue ? Un corps... rompu. Si la plupart de ces affaires à coups de millions et de milliards sont avérées, notre renommée légendaire va fondre aussi vite qu’un iceberg détaché de l’Antarctique. Par ici le fric, malgré toutes nos croyances religieuses ou morales. Cette digue a sauté et le serpent est dans le fruit. Une certaine île Maurice a disparu. Que le nouveau régime en tire des leçons et vite. Et dire que, hier encore, cette île était considérée comme un petit paradis. Maintenant comme à l’île-aux-Bénitiers, nettoyez le merdier. Est-ce que nous en prenons le chemin ou certains sont inamovibles ?

Nous reste une illusion :«Miroir, oh mon beau miroir, dis-moi que je suis toujours la plus... belle.»