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Mesures budgétaires 2025-26
Le syndicat de la construction tire la sonnette d’alarme
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Mesures budgétaires 2025-26
Le syndicat de la construction tire la sonnette d’alarme

Un pilier stratégique de l’économie se retrouve à la croisée des chemins. La Building & Civil Engineering Contractors’ Association (BACECA) exprime sa pleine compréhension des circonstances fiscales et économiques difficiles auxquelles le pays est confronté et reconnaît l’importance de prendre des mesures audacieuses et responsables pour garantir la pérennité à long terme et la stabilité macroéconomique.
Cependant, elle considère ce secteur comme un moteur essentiel de la croissance économique et de l’emploi, en rappelant l’adage : «Quand le bâtiment va, tout va». Les changements introduits dans le Budget 2025–26, bien que compréhensibles dans leur intention, risquent de compromettre gravement la viabilité de cette industrie, à moins qu’une mise en œuvre progressive et équilibrée ne soit adoptée.
D’un côté, la forte réduction des dépenses publiques en matière d’infrastructures jusqu’en 2027, indiquée dans le Public Sector Investment Programme ; de l’autre, la disparition soudaine des incitations fiscales pour les projets immobiliers (Smart Cities) et les acquisitions immobilières par des étrangers. Ce double choc – public et privé –, s’inquiète la BACECA, risque de provoquer une contraction brutale des activités de l’industrie. «En l’absence du maintien d’un certain niveau d’activité et de mesures transitoires, de nombreuses entreprises feront face à une baisse dramatique de leur carnet de commandes, menaçant directement l’emploi de milliers de Mauriciens.»
La BACECA met en lumière trois domaines de préoccupation, aux répercussions potentiellement graves :
Un effondrement anticipé de la commande publique
Le Budget 2025-26 ne prévoit presque aucun nouveau projet public qui démarre en 2025 et même jusqu’en 2026. Une situation inédite qui intervient alors que les entreprises du secteur ont déjà absorbé des hausses salariales importantes en 2024, à la suite du Wage Relativity et du paiement du 14e mois sans compensation des coûts supplémentaires dus aux Fixed Priced Contracts (public et privé) dans la majorité des cas.
Sans renouvellement de projets, le secteur risque une vague de licenciements allant même jusqu’à la fermeture d’entreprises locales. Parmi les rares projets budgétisés en 2025-26, le projet de barrage de Rivière-des-Anguilles sera réalisé par des entrepreneurs étrangers, car aucune entreprise locale n’a l’expérience requise. Quant aux projets de drains, leur implémentation risque d’être retardée en raison de la lenteur des étapes de conception et d’acquisition de terrains. La construction des Archives nationales et de l’Académie de police est budgétisée mais ce sont des projets de typeGtoG réservés aux entreprises indiennes.
Une instabilité réglementaire qui va dissuader l’investissement privé
Concernant les projets du secteur privé, les modifications soudaines du cadre fiscal fragilisent la confiance des investisseurs étrangers. De nombreux projets avancés risquent de devenir non viables. Un ralentissement massif s’annonce en raison de l’augmentation des taxes sur les transferts de terrain et les droits d’enregistrement des propriétés ; de la suppression de l’exonération de TVA pour les projets Smart Cities ; du renforcement des restrictions sur l’acquisition de biens immobiliers par les étrangers ; et l’alourdissement de la fiscalité sur les très hauts revenus.
Les conséquences, si aucune mesure d’atténuation n’est prise, pourraient avoir de graves répercussions sur les entrepreneurs locaux, les professionnels, les investisseurs et sur l’ensemble de l’écosystème économique qui soutient et dépend du développement privé. De plus, les restrictions imposées sur l’achat de propriétés immobilières par des étrangers entraîneront une baisse des flux FDI (investissements directs étrangers), une éventuelle dépréciation de la roupie et une diminution du Produit intérieur brut (PIB) du secteur de la construction. Le pays dispose d’une petite population, en déclin et vieillissante, ce qui ne constitue pas un marché suffisamment viable pour le développement de l’immobilier.
Une réforme de la pension de retraite inadaptée au secteur
Le travail physique intense rend difficile le maintien en emploi au-delà de 60 ans dans ce secteur. Sans mesure différenciée, les travailleurs les plus âgés seront fragilisés. Un réexamen de la politique de pension de retraite spécifique aux secteurs à forte pénibilité physique comme la construction est donc primordial. Propositions concrètes Face à ces défis, la BACECA a soumis au ministère des Finances une série de recommandations équilibrées pour :
Le secteur public :
Maintenir un minimum de projets publics structurants et d’intérêt national en 2025 et 2026, tels les infrastructures publiques, la décongestion routière, les logements sociaux, entre autres.
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Augmenter la «marge de préférence» existante pour les entrepreneurs locaux par au moins 10 % sur les projets publics et étendre cette même marge aux projets parapublics.
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Revoir certaines conditions dans les contrats publics sans modifications arbitraires autorisées.
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Respecter strictement les délais de paiement aux entrepreneurs.
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Accélérer les projets en PPP avec implication obligatoire d’entreprises locales tout en revoyant le cadre du régime PPP afin d’offrir davantage d’incitations à la participation et à l’investissement du secteur privé.
** Le secteur privé** :
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Mettre en place un moratoire de deux ans pour les incitations fiscales des projets Smart Cities.
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Maintenir les incitations fiscales pour les projets certifiés écologiques.
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Un mécanisme transitoire pour les projets Smart Cities déjà à un stade avancé au 5 juin 2025, dont ceux ayant obtenu un certificat Environmental Impact Assessment (EIA) ou ayant signé des promesses de vente.
La réforme du BRP : - Retraite progressive pour les métiers pénibles. - Accès partiel à la pension en cas de travail à temps partiel.
- Incitations fiscales aux entreprises maintenant des ouvriers âgés dans des rôles adaptés.
La BACECA réitère sa volonté de collaborer avec les autorités afin d’assurer un développement harmonieux, durable et socialement responsable. «Nous comprenons les impératifs budgétaires. Mais la transition doit être mieux calibrée, sinon c’est toute une filière qui risque de s’effondrer avec des conséquences sociales majeures.» L’organisation invite les décideurs à un dialogue technique structuré, dans l’intérêt commun de la résilience nationale, de l’investissement local et de la cohésion sociale.
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