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Cherté de la vie
Les dépenses de consommation franchissent la barre des Rs 500 milliards en 2025
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Cherté de la vie
Les dépenses de consommation franchissent la barre des Rs 500 milliards en 2025

■ Le pays importe plus de 75 % de ses produits (alimentaires et autres), ce qui accentue la pression sur le dollar, devise principale pour les échanges commerciaux.
La cherté de la viedomine toujours l’actualité et s’impose come l’un des principaux arguments mis en avant ces jours-ci par les forces syndicales et une large frange de la population pour contester le relèvement de l’âge d’éligibilité à la pension universelle à 65 ans, mesure annoncée lors du dernier exercice budgétaire. Cela, alors que les ménages s’interrogent sur leur pouvoir d’achat, qu’ils estiment ne pas avoir été amélioré, et attendent toujours de voir leurs caddies pleinement remplis, conformément à la promesse électorale de l’Alliance du changement aux dernières élections générales.
Les dernières statistiques officielles des comptes courants, publiées le 30 juin, viennent par ailleurs confirmer une constante : les dépenses de consommation (gouvernementales et des ménages) continuent d’augmenter. Elles s’élèvent cette année à Rs 618,7 milliards en 2025 contre Rs 580 milliards l’année dernière, soit une hausse de 6,7 %. Elles étaient de Rs 493,7 milliards en 2022 et de Rs 537 milliards en 2023. En trois ans, elles auront augmenté de Rs 125 milliards. Sans nul doute, une dépréciation de la roupie de 30 % vis-à-vis du dollar depuis le début de 2020, couplée à une inflation cumulée du même ordre pour la même période jusqu’à la fin de novembre 2024, ont contribué à faire exploser les dépenses des ménages. Les statistiques officielles indiquent qu’elles étaient de Rs 402,6 milliards en 2022, Rs 445,7 milliards en 2023, Rs 476,3 milliards en 2024 et Rs 509,3 milliards en 2025, soit une hausse moyenne de plus de Rs 100 milliards entre 2022 et 2025.
Perte du pouvoir d’achat
Selon les économistes, il faut factor in durant cette période l’impact de l’inflation sur ces chiffres de consommation, vu que les ménages déboursent plus pour leurs achats en raison de la hausse des prix. Ils rappellent que «la perte du pouvoir d’achat résulte majoritairement de la dépréciation accélérée de la roupie face au billet vert enregistrée ces cinq dernières années». Ce qui pousse les spécialistes à conclure qu’à la base, Maurice a subi durant cette période les effets d’une économie inflationniste, aggravée par les Rs 60 milliards transférés en juin 2020 de la Banque de Maurice au Trésor public, par le biais de la planche à billets, et injectés dans le circuit économique avec les conséquences que l’on connaît.
Certes, le recours à la consommation a été privilégié par le gouvernement sortant comme levier de croissance. Était-ce la bonne stratégie ? Les avis sont partagés. Pour certains, avec un PIB tiré à plus de 80 % par les dépenses de consommation, cela reste une stratégie peu soutenable à long terme. Ils plaident pour un PIB à base élargie, dopé par les exportations, les investissements et une consommation mieux équilibrée.
D’autres économistes avancent que cette stratégie favorise l’endettement des ménages, soulignant que ce modèle repose sur des fondations fragiles. «Une analyse approfondie des composantes de la croissance montre que la consommation des ménages représente 68 à 70 % du PIB, ce qui entraîne une augmentation de l’endettement. On consomme plus que ce que l’on produit», soutiennent-ils.
Or, qui dit consommation, dit forcément importation. Le pays importe plus de 75 % de ses produits (alimentaires et autres), ce qui accentue la pression sur le dollar, devise principale pour les échanges commerciaux. D’ailleurs, les experts ne cessent de tirer la sonnette d’alarme sur la proportion inquiétante du déficit du compte courant d’une année à l’autre. Le Budget 2025-26 fait état d’un déficit commercial élevé de Rs 203,7 milliards, représentant 29,4 % du PIB. Cette situation déficitaire de la balance commerciale résulte d’une augmentation constante des importations, alors que les exportations restent à la traîne.
Nouvelle stratégie
Lutter contre la cherté de la vie passe nécessairement par une roupie stable et une maîtrise de l’inflation. Certes, avec un taux de change du dollar à Rs 44/45 aujourd’hui, contre Rs 47 en janvier, la roupie s’est quelque peu stabilisée face au billet vert, grâce aux mesures fortes prises par la nouvelle administration de la Banque de Maurice (BoM) pour enrayer sa dépréciation et redonner confiance à l’institution régulatrice.
Les économistes reconnaissent que la nouvelle stratégie monétaire de la BoM a pu s’appuyer sur la baisse du dollar observée sur les marchés internationaux depuis le début de l’année, soit près de 10 % face aux principales devises mondiales. En cause : l’instabilité de la politique commerciale de Donald Trump, couplée aux pressions qu’il exerce sur la Réserve fédérale (Fed), pourtant considérée comme un pilier de la stabilité économique aux États-Unis et ailleurs.
En revanche, les dernières données sur l’inflation demeurent préoccupantes pour les consommateurs. Elles révèlent une accélération notable de l’inflation à Maurice au mois de juin 2025, avec l’indice des prix à la consommation passant de 107,2 points en mai à 108,2 points en juin, soit une hausse de 0,9 %. Cette augmentation, bien supérieure à celles des mois précédents, est largement attribuée aux mesures budgétaires récemment entrées en vigueur.
Sans surprise, parmi les produits ayant le plus contribué à cette hausse figurent les cigarettes (+0,4 point), la bière (+0,3 point), les boissons gazeuses (+0,2 point), ainsi que le rhum et le whisky (+0,1 point chacun). Ces ajustements sont directement liés à l’augmentation des taxes sur les produits dits sensibles dans la dernière loi de finances et ne concernent pas nécessairement les produits de consommation courante.
À 5,4 % en juin dernier, l’inflation suit une tendance haussière, avec des risques que les membres du Monetary Policy Committee (MPC) devront prendre en compte lors de leur prochaine réunion trimestrielle pour décider du taux directeur de la BoM.
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