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National Risk Assessment

Maurice affine sa stratégie contre le blanchiment et le financement du terrorisme

9 mai 2025, 12:00

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Maurice affine sa stratégie contre le blanchiment et le financement du terrorisme

Photo d’illustration.

Maurice a franchi une étape décisive dans sa lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (LBC/ FT) avec la finalisation de sa deuxième Évaluation nationale des risques (National Risk Assessment – NRA). Cet exercice d’envergure, mené avec le soutien technique de la Banque mondiale, a été présenté lors d’un atelier organisé ce mercredi par le ministère des Services financiers et de la Planification économique à FSC House, Ébène. L’événement a réuni des institutions clés du pays, des représentants du secteur privé, des partenaires internationaux tels que la Banque mondiale, la British High Commission et l’Union européenne, témoignant d’une mobilisation commune face à un enjeu national.

L’évaluation couvre la période de janvier 2018 à juin 2022, en incluant les évolutions jusqu’en décembre 2024. Elle s’inscrit dans une démarche stratégique de renforcement de l’intégrité du système financier mauricien, tout en préparant le pays à l’évaluation de l’Eastern and Southern Africa Anti-Money Laundering Group prévue pour 2027. Ce processus a impliqué un large éventail d’acteurs publics et privés, dont l’Unité de renseignement financier, les autorités de régulation, la Financial Crimes Commission, la Mauritius Revenue Authority, la police et plusieurs opérateurs multisectoriels.

Menaces internes

Les résultats de cette seconde NRA révèlent que le risque global de blanchiment de capitaux à Maurice est jugé «moyenhaut». Ce niveau de risque est attribué à des menaces internes comme le trafic de drogue, la fraude ou encore les paris illégaux, ainsi qu’à des menaces externes telles que la corruption ou l’évasion fiscale. Les secteurs les plus vulnérables sont la banque, les services aux trusts et sociétés, le créditbail, les jeux d’argent, l’immobilier, les études notariales et le secteur de la bijouterie. En ce qui concerne le financement du terrorisme, le risque est considéré comme «moyen-faible», imposant néanmoins une vigilance constante.

La ministre des Services financiers et de la Planification économique, Jyoti Jeetun, a souligné dans son allocution d’ouverture que la confiance dans le marché financier est une ressource essentielle qu’il faut préserver avec rigueur. Elle a rappelé que le secteur financier contribue à hauteur de 13,4 % au produit intérieur brut (PIB), génère plus de 17 000 emplois et rapporte environ 15 milliards de roupies en recettes fiscales. Malgré ce potentiel, elle estime que le secteur reste entravé par l’inertie, le manque d’efficacité et l’insuffisance d’innovation. La finalisation de l’Évaluation nationale des risques, retardée depuis 2022, marque ainsi un tournant crucial dans les efforts de réforme. La ministre a insisté sur l’importance du NRA comme levier pour mettre en œuvre des réformes ciblées, identifier les vulnérabilités et améliorer l’efficacité des dispositifs existants. Elle a également mentionné que l’exercice s’inscrit dans un plan plus large de transformation du centre financier mauricien, soutenu par un plan stratégique ambitieux finalisé après de vastes consultations avec les parties prenantes. Ce plan, qui sera prochainement présenté, vise à réduire les obstacles, simplifier les processus, diversifier les produits, renforcer la cohérence du système, améliorer l’image de marque du secteur et retenir les talents.

Le représentant résident de la Banque mondiale, Sjamsu Rahardja, a salué la publication du rapport public du NRA, estimant qu’il renforcera l’environnement réglementaire mauricien, consolidera la réputation du pays en tant que hub financier international de confiance, attirera les investissements et stimulera la croissance économique. Il a aussi alerté sur la montée des flux financiers illicites à travers le monde, rappelant que l’Afrique perd chaque année environ 90 milliards de dollars en raison de ces pratiques. Il a réitéré l’engagement de la Banque mondiale à accompagner Maurice dans ses efforts pour renforcer la transparence, la résilience et la compétitivité de son secteur financier.

Dans cette optique, Jyoti Jeetun poursuit la consolidation du dispositif LBC/ FT à travers plusieurs actions concrètes : le renforcement du cadre légal, la mise en place d’un comité ministériel de suivi, la réalisation d’évaluations sectorielles spécifiques, une revue stratégique à mi-parcours et des formations continues destinées aux parties prenantes. La ministre a également lancé un appel à la collaboration étroite entre les secteurs public et privé, ainsi qu’avec les partenaires internationaux, pour maintenir et valoriser la réputation de Maurice comme une juridiction financière fiable, transparente et performante.

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