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Sur le pont de l’histoire

Quand la jeunesse d’hier inspire celle d’aujourd’hui

22 mai 2025, 18:00

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Quand la jeunesse d’hier inspire celle d’aujourd’hui

■ Passage du flambeau d’une génération à l’autre, mardi, sur le pont de GRNO. © Beekash Roopun

Le pont de Grande-Rivière-Nord-Ouest a vibré, mardi après-midi, au rythme des souvenirs, des convictions et de l’espoir. Sur cette structure centenaire, témoin d’affrontements majeurs lors de la grève estudiantine de mai 1975, un vibrant hommage a été rendu à cette jeunesse militante qui a marqué l’histoire postindépendance de Maurice. L’événement, organisé par Rezistans ek Alternativ et la General Workers Federation (GWF), a rassemblé anciens militants, figures politiques et une nouvelle génération prête à faire entendre sa voix.

Parmi les prises de parole fortes, celle de Babita Thannoo, députée de Rezistans ek Alternativ, a marqué les esprits : «C’est un grand jour. Un intellectuel organique ne sort pas seulement de l’université, il peut émerger de toutes les couches sociales. Il est conscient des injustices.» En évoquant la lutte pour le droit de vote à 18 ans ou encore la décolonisation du système éducatif, elle a salué l’engagement des militants et des étudiants d’hier qui ont ouvert la voie à tant de droits aujourd’hui considérés comme acquis. Elle a tenu à rappeler que le terme «décolonisation» n’est pas une tendance apparue récemment : «Ce sont nos parents, ces militants-là, qui l’ont portée bien avant que ce ne soit à la mode.» Un hommage appuyé a été rendu à ceux qui ont osé risquer leur vie en 1975 pour défendre leurs idéaux, et à ceux qui ne sont plus là pour raconter cette page d’histoire.

Ashok Subron, figure de proue de Rezistans ek Alternativ, a quant à lui situé cette grève comme un tournant majeur dans la construction du pays après l’indépendance: «Ce mouvement a été un élément déclencheur, donnant naissance à des forces politiques comme le MMM et le MMSP.» Il a aussi remercié «les jeunes d’hier et d’aujourd’hui» pour leur implication : «C’est cette jeunesse de 1975 qui m’a inspiré et qui fait de moi ce que je suis.» En retraçant la portée historique de cette mobilisation, il a insisté sur l’héritage à transmettre : «Le mauricianisme profond est né de ce mouvement. Il ne faut pas l’oublier.» Il a établi des parallèles avec des mobilisations plus récentes, comme celles contre la privatisation de la plage de Pomponette ou encore la mobilisation citoyenne après la marée noire du MV Wakashio : autant d’exemples où la jeunesse a su dire non.

La mémoire collective s’est également enrichie des témoignages de Rama Poonoosamy et de l’historien Jocelyn Chan Low, présents pour partager leurs expériences de l’époque. La rencontre s’est déroulée dans une ambiance chaleureuse, ponctuée par la voix envoûtante de Stephan Gua, venu chanter la mémoire et les combats passés. Également présent, le député Eshan Juman qui a soutenu qu’il a aidé afin que le pont de GRNO puisse être reconnu à son juste titre. «On parle de patrimoine, et je vais m’entretenir avec le Lord-maire de même que le ministre de la Culture pour rendre ses lettres de noblesse à ce lieu. J’espère que l’on pourra lui rendre sa vraie valeur.»

Sur ce pont chargé d’histoire, c’est une passerelle entre générations qui s’est construite. Et le passage de flambeau a été un moment fort entre l’ancienne génération et la nouvelle. Une invitation à ne pas oublier, à comprendre et à continuer de mili- ter pour une société plus juste.

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