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190e anniversaire de l’abolition de l’esclavage
Navin Ramgoolam : «Le site du Morne est un témoin vivant de l’histoire de l’esclavage»
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190e anniversaire de l’abolition de l’esclavage
Navin Ramgoolam : «Le site du Morne est un témoin vivant de l’histoire de l’esclavage»
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CarouselLa nation mauricienne a commémoré samedi le 190e anniversaire de l’abolition de l’esclavage lors d’une cérémonie solennelle au monument de la Route Internationale des Esclaves, au Morne, site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO.
L’événement, qui a débuté à 10 h 30, a réuni plusieurs personnalités politiques et institutionnelles, dont le Premier ministre Navin Ramgoolam, le vice-président de la République Jean Yvan Robert Hungley, le Premier ministre adjoint Paul Bérenger, ainsi que le leader de l’opposition Joe Lesjongard. Une cérémonie de dépôt de gerbes a été suivie par des prestations de séga et de tambours, rendant hommage aux ancêtres et célébrant leur lutte pour la liberté.
La mémoire au cœur des célébrations
Dans son allocution, Navin Ramgoolam a souligné l’importance de la mémoire collective. «Le site du Morne est un témoin vivant des souffrances endurées par nos ancêtres. L’esclavage a touché toute la nation, pas une seule communauté. Nous devons préserver cette mémoire pour que les générations futures comprennent l’ampleur de cette tragédie.»
Il a également mis en avant l’intégration du créole mauricien dans le programme du Higher School Certificate (HSC), une mesure introduite sous son administration. «La langue maternelle est un facteur unificateur qui facilite l’apprentissage et permet une meilleure assimilation des connaissances», a-t-il affirmé.
Le Premier ministre a par ailleurs profité de l’occasion pour répondre aux critiques liées aux dépenses électorales, accusant ses adversaires d’avoir investi des sommes colossales lors des dernières élections.
Paul Bérenger, pour sa part, a insisté sur la distinction entre l’esclavage et la traite négrière, tout en rappelant qu’«un peuple qui ne connaît pas son histoire est comme un bateau sans gouvernail». Il a exhorté les Mauriciens à approfondir leur compréhension du passé pour mieux se projeter vers l’avenir.
La culture et l’histoire au centre des commémorations
Le ministre des Arts et de la Culture, Mahen Gondeea, a annoncé l’organisation d’une conférence internationale sur la traite négrière, en partenariat avec l’UNESCO, à l’Université de Maurice du 3 au 5 février. Plus de cinquante chercheurs internationaux y participeront pour partager leurs connaissances sur l’impact de l’esclavage.
Véronique Leu-Govind, ministre junior des Arts et de la Culture, a rappelé que le «mauricianisme», cimenté par les sacrifices du passé, doit continuer de guider la nation vers un avenir plus solidaire.
Hommages artistiques et performances émouvantes
La cérémonie a été ponctuée de prestations artistiques. Maxs Juguilio Pierre Louis et Christelle Spéville, lauréats du concours «Konkour Slam Abolision Lesklavaz», ont livré des performances poignantes qui ont marqué l’assemblée. Ces slams ont souligné la place essentielle de l’art dans la préservation de la mémoire.
Un spectacle musical intitulé Spektak Mizikal, interprété par des enfants, a clôturé l’événement. Par des chants et des jeux traditionnels, les artistes ont célébré la résistance, la liberté et l’héritage culturel, captivant l’audience et transmettant un message de persévérance et de dignité.
Les Verts Fraternels plaident pour des réparations
À l’occasion du 190e anniversaire de l’abolition de l’esclavage, les Verts Fraternels ont organisé un rassemblement au jardin de la Compagnie à Port-Louis, malgré des difficultés administratives.
Didier Michel (photo), secrétaire de l’organisation, a rappelé l’importance de cet événement pour la mémoire collective. «Cela fait 49 ans que nous commémorons cet événement. Nous avons été la première organisation à l’initier», a-t-il déclaré.
Les Verts Fraternels avaient envisagé d’organiser une fête culturelle rue Brown-Séquard pour marquer cette date historique. Toutefois, selon Didier Michel, seules les autorisations pour un rassemblement ont été obtenues après des démarches auprès des autorités. «Je me suis rendu aux Casernes centrales afin d’obtenir un retour sur notre demande», a-t-il précisé.
L’organisation a une nouvelle fois mis l’accent sur la nécessité de réparations pour les descendants d’esclaves. «La réparation est le seul moyen de sortir de cette exclusion sociale, que ce soit sur les plans économique, culturel ou social», a affirmé Didier Michel.
Il a évoqué les avancées réalisées à Maurice, notamment la reconnaissance de l’esclavage comme crime contre l’humanité et les recommandations de la Commission Justice et Vérité. Cependant, selon lui, des obstacles subsistent, notamment en ce qui concerne l’amélioration des conditions de vie des descendants d’esclaves.
Didier Michel, candidat dans la circonscription n°1 lors des dernières élections, a constaté que l’exclusion sociale reste profonde dans certaines localités telles que Richelieu ou la cité Débarcadère à Pointe-aux-Sables. «Plusieurs familles vivent dans une même maison. Elles font également face au manque d’accès aux services de base comme l’électricité et l’eau», a-t-il souligné.
Il a également dénoncé les conditions difficiles qui poussent de nombreux jeunes vers des fléaux tels que la drogue, la prostitution ou l’alcool. Pour les Verts Fraternels, la lutte pour la mémoire et la justice sociale reste plus que jamais d’actualité.
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