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Private Notice Question – violence alléguée à Melrose

Navin Ramgoolam : «Les images des caméras seront disponibles pour l’enquête»

23 juillet 2025, 05:00

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Navin Ramgoolam : «Les images des caméras seront disponibles pour l’enquête»

La Private Notice Question (PNQ) a été adressée par le leader de l’opposition, Joe Lesjongard, au Premier ministre, Navin Ramgoolam, hier au Parlement. Elle portait sur les incidents survenus le 17 juillet à la prison de haute sécurité de Melrose, où une opération de fouille a dégénéré, suscitant de vives inquiétudes quant au traitement des détenus, à la sécurité de l’établissement et au respect des droits humains.

Dès le début de sa réponse, le chef du gouvernement a tenu à poser un principe fondamental : aucun écart aux droits humains ne sera toléré sous son administration. Il a rappelé que les abus du passé ne sauraient se reproduire et a réaffirmé l’engagement de son gouvernement à défendre la dignité des citoyens, y compris celle des détenus. Navin Ramgoolam a dressé un tableau des difficultés que connaît le système carcéral, confronté à une recrudescence d’activités violentes, au trafic d’objets interdits et même à l’utilisation de drones pour introduire des objets illégaux. Selon lui, malgré les dispositifs en place, ces problèmes perdurent, justifiant la multiplication des fouilles surprises dans les différents établissements pénitentiaires.

Codétenus en otage

Le Premier ministre a ainsi détaillé les interventions récentes menées à la prison de Melrose. Le 17 juillet, des fouilles spéciales ont été organisées dans cinq unités résidentielles. À 8 h 55, alors que l’opération commençait à l’unité Ebony, la tension est montée parmi les détenus. Certains ont coopéré, mais d’autres ont empêché la fouille, prenant même leurs codétenus en otage. Craignant une mutinerie, le commissaire des prisons a sollicité une intervention rapide de la police. Des renforts du Groupe d’intervention de la police mauricienne et de la Special Mobile Force ont été immédiatement dépêché sur les lieux. Lors de cette opération, plusieurs objets prohibés, dont des téléphones portables, une clé USB et des cartes SIM, ont été saisis.

Interrogé sur d’éventuelles brutalités policières, le chef du gouvernement a indiqué que sept familles de détenus avaient officiellement formulé des plaintes. Il a aussi précisé que neuf détenus qui s’étaient plaint de douleurs avaient été examinés par le service médical de la prison et traités en conséquence. Un détenu présentant une blessure au cou a refusé son transfert à l’unité hospitalière de l’établissement après avoir reçu les premiers soins.

Concernant l’enquête indépendante, Navin Ramgoolam a souligné que la National Preventive Mechanism Division (NPMD), relevant de la National Human Rights Commission (NHRC), a été saisi dès le 18 juillet, à la suite d’une plainte déposée par le père d’un détenu. La commission a ordonné une enquête immédiate. Il a assuré qu’aucun rapport préliminaire n’avait encore été soumis, mais que le rapport final sera rendu public une fois reçu et analysé. Il a également rappelé que c’était sous son gouvernement, en 2012, que la division NPMD avait été créée, conformément aux engagements internationaux de Maurice.

S’agissant de la transparence, le Premier ministre a insisté sur le fait que toutes les images des 550 caméras de surveillance installées à la prison ont été sécurisées. «Contrairement à l’époque de l’ancien gouvernement, je ne veux pas qu’on vienne me dire que les caméras ne fonctionnaient pas», a-til lancé. Interrogé sur la nature exacte des saisies, il a confirmé que des téléphones portables, des chargeurs, des batteries externes ainsi que 47 paquets de cannabis avaient été retrouvés dans les cellules lors des récentes fouilles à Beau-Bassin et à Melrose.

Il a aussi reconnu que les autorités sont confrontées à des récits contradictoires, notamment après les déclarations divergentes du commissaire des prisons à la presse. Cela fera partie intégrante de l’enquête. Interpellé sur la nécessité de réformer la loi afin de permettre des visites spontanées de la société civile, le Premier ministre a émis des réserves, indiquant que cela pourrait mener à une forme de chaos. Il a toutefois salué l’indépendance de la NHRC et a dit faire confiance à son président, Me Satyajit Boolell, ancien Directeur des poursuites publiques, pour mener l’enquête avec rigueur.

Enfin, Navin Ramgoolam a confirmé que les familles des détenus avaient pu rencontrer la commission et que leurs plaintes avaient été prises en compte. Le gouvernement, a-t-il assuré, prendra toutes les mesures nécessaires à l’issue de l’enquête pour renforcer la sécurité carcérale, tout en assurant le respect absolu des droits humains.


Touria Prayag à Melrose. Une visite controversée mais jugée de bonne foi

La présence de Touria Prayag, ancienne journaliste et aujourd’hui membre de la Human Rights Division de la National Human Rights Commission (NHRC), à la prison de Melrose, peu après les incidents du 17 juillet, n’a pas manqué de faire réagir. Selon les précisions apportées par le Premier ministre, elle s’y serait rendue de sa propre initiative, sans autorisation formelle de la commission, animée par son instinct journalistique et le désir de constater par elle-même les conditions sur place.

Navin Ramgoolam a toutefois indiqué que le président de la NHRC, Satyajit Boolell, avait par la suite invité Touria Prayag à fournir des explications officielles, ce qu’elle avait fait en soumettant un rapport sur ses observations. Le député de l’opposition Adrien Duval, du Parti mauricien social-démocrate, a salué cette initiative et a suggéré, dans un souci de transparence, de réviser la loi afin de permettre des visites spontanées dans les établissements pénitentiaires. Cela permettrait, selon lui, de garantir un équilibre entre différentes versions des faits. «Nous avons entendu celle de Touria Prayag et celle du commissaire des prisons», a-t-il fait remarquer.

Le chef du gouvernement s’est montré prudent face à cette proposition. Il a jugé «peu judicieux» de modifier la loi à ce stade, rappelant que la NHRC dispose déjà du plein pouvoir d’accès aux centres pénitentiaires. Tout en reconnaissant que l’accès aux prisons est strictement encadré par le cadre légal, il a souligné que la démarche de Touria Prayag avait été entreprise «de bonne foi». Cette visite, bien qu’appréciée par certains, soulève néanmoins des questions sur le respect des procédures établies.

Sur son compte Facebook, à l’issue de la Private Notice Question, Touria Prayag a réagi en ces termes : «Lorsque le Premier ministre, la speaker indépendante et le député de l’opposition, Adrien Duval, défendent tous mon action et que ce dernier la ‘salue’, je me dis que nous vivons dans un pays juste et humain.»

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